L’âge des capitaines
Même lorsqu’ils ne tiennent que la barre d’un pédalo, l’âge des capitaines est une donnée de plus en plus importante. Qu’il s’agisse de la France éternelle ou des plus récents États-Unis, la magistrature suprême requiert de l’expérience et une maturation du caractère assurant une parfaite maîtrise de soi. Aussi doiton se méfier autant d’un jeunisme à la mode que du recours systématique aux troisième et quatrième âges. Or, on a l’impression en scrutant l’état civil des principaux grands favoris que d’être chef d’État est un emploi pour retraité. Et notamment pour septuagénaire. Si Victor Hugo pouvait dire que soixantedix années d’ancienneté terrestre constituaient la jeunesse de la vieillesse et si statistiquement les octogénaires ont échappé à la mortalité infantile, ils sont quand même plus proches de la fin de vie que du berceau. Il conviendrait donc que, des deux côtés de l’Atlantique, la constitution ajoute aux obligations des candidats celle de pouvoir exciper d’une date de naissance convenant à toutes les générations. Bien sûr, Alain Juppé n’est pas un gamin mais c’est sans doute pour cette raison qu’il suscite le plus de confiance. Quant à Hillary Clinton, c’est parce qu’elle n’entre pas dans la catégorie des perdreaux de l’année qu’elle est réputée capable de succéder à Obama. Et avec cette différence par rapport à Alain Juppé que son ambition est née en partageant la couche de l’homme
le plus puissant de la planète.