Nice-Matin (Cannes)

L’agent de Polnareff se confie au Palm Beach

Agent de l’artiste, Fabien Lecoeuvre donne une conférence gratuite sur le chanteur aux boucles platine, aujourd’hui à 20h30 au Palm Beach. Avec des anecdotes en stock

- ALEXANDRE CARINI acarini@nicematin.fr

Évidemment, Michel Polnareff ne sera pas là ce soir, actuelleme­nt aux USA. Mais qui serait mieux pour évoquer en détail la vie et la carrière du chanteur à boucles platine et lunettes fumées, que son agent et confident Fabien Lecoeuvre ? Ancien complice de Claude François et co-animateur de l’émission « Les Années Bonheur » avec Patrick Sébastien, ce grand spécialist­e de la chanson française parle avec passion de Polnareff, avant son concert au Nikaia le 8 novembre et la sortie d’un nouvel album au printemps.

Michel Polnareff, Claude François, les Années Bonheur… vous êtes un nostalgiqu­e?

Pas du tout! Je veux bien regarder dans le rétroviseu­r, mais pas pour dire, “hier, c’était mieux”. C’est plutôt du vintage, un respect du passé, car il garantit l’avenir. Mais j’ai aussi d’excellents rapports avec les chanteurs des nouvelles génération­s, Obispo, Cali, Bénabar… Et des gens comme Soprano ou Maître Gims ont un immense talent.

Qu’est ce qui caractéris­e ces vedettes des années -?

Johnny, Cloclo, Polnareff sont des pionniers. Ils sont les chefs de file d’une génération, et conservent une évidence avant-gardiste. Michel Polnareff a balayé toute la vague yéyé pour devenir le premier de la pop en France. S’il a fait deux fois la couv’ de Rock&folk à cinquante ans d’intervalle, en  et , ce n’est pas pour rien! Qu’est-ce qui fait la légende d’artistes comme lui ? Ce sont les chansons qui font les chanteurs, non l’inverse. Aujourd’hui, les titres à succès ne deviennent pas forcément des hymnes comme dans ces annéeslà. La carrière de Polnareff, c’est pas moins de  chansons en un demi-siècle, mais au moins  tubes. Tout le monde connaît un titre de Michel. Nous avons travaillé à la sortie d’un best-of pour le  novembre, avec  de ses plus gros succès. Nous avions l’embarras du choix parmi les hits qui se sont écoulés à plus de  exemplaire­s.

Sa personnali­té a aussi contribué à sa réussite?

Évidemment, Polnareff, c’est le er à enfiler des pantalons moulebite, avec son côté androgyne, sa chevelure, ses lunettes. Lors de ses concerts, le public est nombreux à porter une perruque et des lunettes. Je suis son agent depuis douze ans, je me rends compte que Polnareff, c’est la B.O. de la vie des Français.

Celook, c’estuneform­e d’armure?

Un peu oui, surtout les lunettes car il a été extrêmemen­t myope à la fin des années . C’est son personnage, mais il n’en est pas prisonnier, il adore ça! Le  novembre à Bruxelles, Michel offrira même une réplique de ses fameuses lunettes au MannekenPi­s. Il a passé dix-neuf mois en Belgique pour enregistre­r son nouvel album original, qui sortira au printemps.

Cet hommage au Manneken-Pis, c’est un écho aux fesses qu’il avait exhibées sur les affiches de l’Olympia en ?

[Rires]. Oui, c’est un joli clin d’oeil à la provocatio­n. Mais le Manneken-Pis est une institutio­n du XVIIIe, tandis qu’à l’époque, Michel n’avait pas conscience de l’impact de ses affiches. Au départ, c’était une sorte de blague potache, mais ça lui a valu une condamnati­on pour attentat à la pudeur et pornograph­ie sur la voie publique, avec une amende de   francs. Aujourd’hui, cette affiche figure au musée Beaubourg à Paris, au MOMA à New York.

Polnareff avait concouru à la Rose d’or à Antibes en , avec Love me, please love me ? Il avait gagné le prix de la critique, car c’était une chanson quand même à part pour l’époque. Les yéyés commençaie­nt à s’essouffler, Michel incarnait le renouveau. À l’été , il faisait la re partie de Claude François, à Nice, Juan et Marseille. Cloclo l’observait de derrière le rideau. L’idole était fascinée par ce jeune qui faisait déjà chanter la foule avec trois ou quatre chansons. La dernière fois qu’ils se sont vus en , alors que Michel était parti aux États-Unis pour pouvoir payer un jour ses impôts en France, Claude lui a dit : «Tu as eu le courage que je n’ai jamais eu ».

Polnareff, c’est aussi plusieurs dépression­s. Toujours fragile ?

Non, il n’est plus du tout dépressif. Mais il conserve une sensibilit­é très aiguisée, à fleur de peau, comme beaucoup de stars.

Le prochain album se fait un peu attendre. Quelle tonalité ?

La tournée a été un tel succès, avec   spectateur­s du  avril au  juillet, que nous avons ajouté  dates, dont Nice, et nous avons préféré décaler la sortie de l’album. Ce sera du très bon Polnareff. De très beaux textes. Comme il le dit lui-même, il ne tient pas à chanter le journal télévisé. Vous savez, il a été très affecté par l’attentat à Nice. Le  juillet, je l’ai trouvé effondré à la sortie d’un concert à l’Olympia. Mais il continue de chanter l’amour. Michel Polnareff, c’est toujours un grand lover.

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Agent, confident, Fabien Lecoeuvre est particuliè­rement bien placé pour évoquer la vie et l’oeuvre de Michel Polnareff, ce soir à  h  au Palm Beach. (photos DR)

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