Nice-Matin (Cannes)

Six ans de prison pour le vol d’un coffre-fort

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

Les victimes, un couple de Néerlandai­s, étaient, paraît-il, « blindées », comprenez richissime­s. Le matin du 3 mars 2015, chemin des Collines à Cannes, Moez Zoghlami, 39 ans, sorti de la prison de Tarascon un an plus tôt, surgit dans la propriété, visage masqué, arme à la main. « Un jouet, affirme-t-il. À la base, c’était un cambriolag­e. J’avais un pistolet à billes et j’ai improvisé avec .» L’attaque de la villa apparaît comme un jeu d’enfant pour cet homme aux treize condamnati­ons. Une femme de ménage est ligotée, tout comme deux artisans, réquisitio­nnés ensuite par Zoghlami comme déménageur­s. Le braqueur manque de bras. Ses complices se seraient débinés. Dans l’une des voitures du couple batave, il faut charger un coffrefort de 300 kg avec, à l’intérieur, un butin de 1,5 million d’euros. Qui a informé Zoghlami de la présence du coffre ? L’enquête ne l’a pas déterminé même si Marc Joando, le président du tribunal correction­nel de Grasse, suggère que l’entourage de la femme de ménage méritait des investigat­ions plus poussées. Le tribunal a condamné Zoghlami, hier soir, à six ans d’emprisonne­ment. Abdeslem Fatih, 29 ans, dont l’ADN a été trouvé sur le coffre-fort et des écrins à bijoux, écope de trois ans malgré ses dénégation­s. Il est relaxé pour le recel de la voiture. Des peines conformes aux réquisitio­ns du procureur Parvine Derivery : « M. Zoghlami n’est pas le genre à donner ses complices. Il a agi seul mais n’a rien retiré du vol. Voilà la version qu’il nous sert. Pourquoi assume-t-il tout seul ? Parce qu’il a l’espoir de récupérer sa part à sa sortie de prison. »

« Je suis une crapule »

Zoghlami dit qu’il a été « réglo » avec ses victimes, tente de disculper Fatih en résumant ainsi la situation : « Fatih n’est pas un voleur, je suis une crapule. Je voulais l’incriminer. » À l’époque, Fatih avait été blessé par balle. Zoghlami aurait mis un pansement de Fatih dans le coffre-fort. « M. Zoghlami m’a dit de le rejoindre au sous-sol. Je me suis appuyé sur le coffre, Il m’a montré une sacoche avec des bijoux. Il cherchait un receleur », explique le prévenu. En avril 2015, une photo le montre tout sourire dans une voiture de standing avec des petites coupures, notamment un billet de 500 euros. « Sauf erreur de ma part, on n’a strictemen­t rien sur le contenu du coffre, pas une facture », constate Me Audrey Vazzana, avocat de Fatih. Or on nous dit que la sévérité des réquisitio­ns est au prorata du butin. » Le jour des faits, Fatih était convoqué au commissari­at en raison de sa blessure par balle. « Dans la Citroën, quatre ADN sont retrouvés mais pas le sien. Pourquoi lui reprocher le recel de la voiture ? » Me Julien Brosson, défenseur de Zoghlami, ironise sur l’amateurism­e d’un homme présenté comme « un malfaiteur chevronné ».« Il a tout perdu, y compris le droit de visite de sa fille. »

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