Six ans de prison pour le vol d’un coffre-fort
Les victimes, un couple de Néerlandais, étaient, paraît-il, « blindées », comprenez richissimes. Le matin du 3 mars 2015, chemin des Collines à Cannes, Moez Zoghlami, 39 ans, sorti de la prison de Tarascon un an plus tôt, surgit dans la propriété, visage masqué, arme à la main. « Un jouet, affirme-t-il. À la base, c’était un cambriolage. J’avais un pistolet à billes et j’ai improvisé avec .» L’attaque de la villa apparaît comme un jeu d’enfant pour cet homme aux treize condamnations. Une femme de ménage est ligotée, tout comme deux artisans, réquisitionnés ensuite par Zoghlami comme déménageurs. Le braqueur manque de bras. Ses complices se seraient débinés. Dans l’une des voitures du couple batave, il faut charger un coffrefort de 300 kg avec, à l’intérieur, un butin de 1,5 million d’euros. Qui a informé Zoghlami de la présence du coffre ? L’enquête ne l’a pas déterminé même si Marc Joando, le président du tribunal correctionnel de Grasse, suggère que l’entourage de la femme de ménage méritait des investigations plus poussées. Le tribunal a condamné Zoghlami, hier soir, à six ans d’emprisonnement. Abdeslem Fatih, 29 ans, dont l’ADN a été trouvé sur le coffre-fort et des écrins à bijoux, écope de trois ans malgré ses dénégations. Il est relaxé pour le recel de la voiture. Des peines conformes aux réquisitions du procureur Parvine Derivery : « M. Zoghlami n’est pas le genre à donner ses complices. Il a agi seul mais n’a rien retiré du vol. Voilà la version qu’il nous sert. Pourquoi assume-t-il tout seul ? Parce qu’il a l’espoir de récupérer sa part à sa sortie de prison. »
« Je suis une crapule »
Zoghlami dit qu’il a été « réglo » avec ses victimes, tente de disculper Fatih en résumant ainsi la situation : « Fatih n’est pas un voleur, je suis une crapule. Je voulais l’incriminer. » À l’époque, Fatih avait été blessé par balle. Zoghlami aurait mis un pansement de Fatih dans le coffre-fort. « M. Zoghlami m’a dit de le rejoindre au sous-sol. Je me suis appuyé sur le coffre, Il m’a montré une sacoche avec des bijoux. Il cherchait un receleur », explique le prévenu. En avril 2015, une photo le montre tout sourire dans une voiture de standing avec des petites coupures, notamment un billet de 500 euros. « Sauf erreur de ma part, on n’a strictement rien sur le contenu du coffre, pas une facture », constate Me Audrey Vazzana, avocat de Fatih. Or on nous dit que la sévérité des réquisitions est au prorata du butin. » Le jour des faits, Fatih était convoqué au commissariat en raison de sa blessure par balle. « Dans la Citroën, quatre ADN sont retrouvés mais pas le sien. Pourquoi lui reprocher le recel de la voiture ? » Me Julien Brosson, défenseur de Zoghlami, ironise sur l’amateurisme d’un homme présenté comme « un malfaiteur chevronné ».« Il a tout perdu, y compris le droit de visite de sa fille. »