« Les salariés variables d’ajustement des palaces »
Créé en 1936 après le Front populaire, le syndicat HCR fête ses 80 ans aujourd’hui. S’il ne rallie que 150 salariés, le syndicat continue de dénoncer la détérioration des conditions de travail
Huit décennies de combats syndicaux sur la Croisette seront fêtées aujourd’hui au restaurant L’Entrecôte en présence de 90 convives. De sa naissance en 1936 à l’aune du Front populaire jusqu’à aujourd’hui, le syndicat des Hotels Cafés Restaurants, le fameux HCR, (CGT.FO.CFDT) a revendiqué, manifesté, pesté, négocié. Une histoire militante qui colle à l’émergence économique de l’hôtellerie cannoise. Une conquête sociale qui se poursuit. Même si le nombre de syndiqués a plongé à 150 aujourd’hui. Dans ses bureaux au soussol du palace, rencontre avec Ange Romiti, secrétaire général depuis 2015.
En ans, quelle évolution pour les salariés de l’hôtellerie ?
Leur statut a évolué avec des périodes dures après guerre, puis meilleures avec les trente glorieuses. Aujourd’hui, on retombe dans une période difficile.
Pourquoi ?
Globalement, les hôteliers n’ont pas à se plaindre. Cette année, juillet a été moyen, août assez bon. Mais ils jouent sur les effectifs pour garder la même rentabilité que l’an dernier, soit %. Les palaces ont de bons chiffres d’affaires (, M€ au Carlton, , M€ au Majestic, , M€ au Martinez). Ce sont les salariés qui jouent la variable d’ajustement pour maintenir cette rentabilité. C’est la stratégie du kill cost. Exemple au Carlton où, en dix ans, on est passé de CDI à . Conséquences : des employés malades, fatigués, tendus, et des démissions plus nombreuses.
Le recours aux saisonniers est toujours dénoncé. Estil abusif ?
La saison s’est rétrécie. Au point que les hôtels recrutent pour la journée, voire la demi-journée. Des abus dénoncés durant le dernier Festival. Les conséquences portent sur le salarié qui a du mal à vivre de son métier, sur la qualité du travail avec un turn over excessif, mais aussi sur l’attractivité de la ville de Cannes dont les palaces sont les locomotives.
Des conséquences sur la qualité du service selon vous ?
Oui, par exemple, depuis un an, au Carlton, pour des clients à long séjour, les draps sont changés tous les deux jours. Sauf pour les suites du e étage bien sûr. De même que le restaurant fermera le dimanche et le lundi en hiver. Autre exemple, la suppression de la restauration au Gray d’Albion en hiver.
Qu’attendez-vous des hôteliers ?
Nous avons un rôle de guetteurs pour que les propriétaires d’hôtels, en majorité Qatari, redonnent ce qu’ils ont reçu de la ville. Il faut renouveler la clientèle. Cannes est en concurrence avec des villes étrangères. Il est de plus en plus difficile de remplir l’hiver. Exemple au Carlton, où le taux d’occupation à l’année est de %.
Où les salariés peuvent-ils vous solliciter ?
L’Union locale CGT fait des permanences les lundis de h à h à l’antenne de République.