À Cannes David Lisnard : « Il faut ressortir plus forts »
Danielle Peters. Jean-Louis Quinto. Jacques Leaument, Jeannine Batoul. DianaOlena Khemenes Sapata. Cinq noms égrenés au micro dans un silence de plomb. Tandis que sonnait le glas. Il est 18 h devant l’hôtel de ville. Le jour se termine dans le bleu. Mais chacun, dans la petite foule qui s’est massé, a en mémoire cette noire nuit de cauchemar. Pluies diluviennes. Rues torrentielles. Le chaos. Il y a un an. « On pense aux familles endeuillées et à toutes ceux qui ont perdu une partie d’eux-mêmes dans la coulée de boue» a déclaré le maire David Lisnard, non sans émotion. Soulignant le caractère exceptionnel du phénomène, «200 litres d’eau au m2 en deux heures concentrés sur République et la Frayère », il a rappelé la nécessité de « ressortir plus forts. On a donné l’image d’un territoire digne, solidaire, humain». Puis, c’est avec Nobuhiro Tanabé, maire de Shizuoka – ville jumelle de Cannes, qui a apporté son aide aux sinistrés – que David Lisnard déposait une gerbe de fleurs au monument aux morts. Parmi les anonymes, des rescapés, les yeux brillants. Comme Lejb Pozmentier, 73 ans. Cette nuit-là, le septuagénaire a cru voir son dernier jour advenir. « C’était place Gambetta. Ma voiture a été projetée d’un seul coup contre le pont du souterrain ». Il sera extirpé de son tombeau de tôle flottant grâce à une chaîne humaine formée par Laura Merisier 21 ans, Laura Tripodi, 19 ans et Romain. Les deux jeunes femmes ont même été embauchées par la mairie comme sauveteurs sur la plage tout l’été ! Pour se relever du choc, leur miraculé a pris la plume. Un poème humaniste lu hier devant l’assistance, voix chevrotante. Comment les remercier? « Le courage ne s’achète pas» a-t-il glissé.
« On est fiers d’eux» Deux autres héros très discrets étaient là aussi hier. Jamel Bennar, 32 ans, luimême sinistré du Carimaï, et Mohamed Khalil, 53 ans sont venus secourir Fabienne Municchi et son compagnon Patrice Peccini, accrochés à leur portail de la Bocca. « On s’est dit au revoir toute la nuit » souffle-telle. Deux heures de sauvetage jusqu’à l’issue heureuse. Et la reconnaissance éternelle. «On est fiers d’eux. On ne s’est pas vu beaucoup cette année mais on s’est battu pour que leur situation soit régularisée» . Ce qui fut fait...