Les bonnes feuilles
Introduction
Tout cela pour en arriver là. Une France divisée, des partis en miettes, une représentation nationale contestée, une classe politique vilipendée, des rapports sociaux dégradés. Sans oublier une Europe au destin incertain, éclatée, ébranlée par l’incessant mouvement migratoire de ces derniers mois.
novembre
François Bayrou, avec lequel je passe une heure aujourd’hui, rentre d’un long voyage en Chine. Il n’est ni amer ni désabusé envers Hollande. Il voudrait bien l’aider, mais pour cela, me dit-il: « Il aurait fallu qu’il ait le cran de me faire élire. Il ne l’a pas fait, je ne peux pas lui rendre de vrais services en dehors du Parlement. »
novembre
Je rencontre Éric Ciotti à Nice, à l’Esplanade, au milieu de l’après-midi. Ce qui m’intéresse chez lui [...] c’est son parcours entre Sarkozy et Fillon, au sein d’une UMP déboussolée. [...] Après les élections législatives de 2012 perdues par l’UMP, Nicolas Sarkozy a demandé ce qu’il comptait faire : « Je m’engagerai derrière François Fillon, lui a répondu Ciotti. Sauf si vous
me dites de ne pas le faire.» «Ça me va, a répondu Sarkozy. J’ai besoin d’amis dans les deux camps.»
novembre
Hier, conversation avec Philippe Martel [directeur de cabinet de Marine Le Pen, Ndlr]. Je lui pose quelques questions sur le FN, et, sans que je lui en demande davantage, il me parle des clivages très profonds qui traversent, aujourd’hui, le mouvement de Marine Le Pen. D’un côté, la ligne qu’il faut bien appeler sociale et nationale (national-socialiste?) de Florian Philippot, le premier de ces énarques à avoir rejoint le parti frontiste. Plus d’État, plus de centralisation, des réformes sociales et sociétales, etc. De l’autre, le clan Marion Maréchal-Le Pen, plus libéral, moins social, moins réformateur en matière de moeurs, comme en témoigne son opposition au mariage pour tous, ce qui laisse entendre une proximité plus grande avec les mouvements catholiques. Entre les deux clans, la guerre est ouverte.
janvier
Sarkozy, interrogé hier soir, lors d’un dîner, après avoir été reçu par Hollande à l’Élysée dans l’après-midi : – Alors, comment l’avez-vous trouvé? – De près, immonde, a-t-il répondu. Ses cheveux sont mal teints, il a l’air d’un ministre chinois. La graisse dégouline sous sa chemise, et, en dessous, il a des petites jambes d’enfant…» J’écrivais hier que la présence de Sarkozy auprès de Hollande avait quelque chose de grand ! Bien naïf de ma part.
juillet
Je pleure en entendant ce soir égrener le nombre de morts à Nice. À Nice, «ma» ville, sur «ma» promenade desAnglais, l’horreur [...]. Quelques coups de téléphone à Nice. Bernard? Heureusement, il était resté chez lui. Lola? Elle avait emmené le fils d’une amie voir le feu d’artifice. Celui-ci à peine terminé, elle a décidé de rentrer. Le camion est passé à quelques centimètres du petit garçon.