Des négociations décisives pour l’avenir de Chypre
Les dirigeants chypriotes grec et turc ont entamé, hier à Genève, des discussions cruciales pour l’avenir de l’île méditerranéenne divisée depuis plus de 40 ans. « Nous sommes actuellement au moment final, à un moment de vérité » ,adéclaré le médiateur de l’ONU, le diplomate norvégien Espen Barth Eide, qui a estimé qu’il n’y avait «pas de problème qui ne puisse être résolu dans ces négociations ». Tout en reconnaissant que les « questions les plus compliquées, les plus émotionnelles » restent à discuter.
Optimisme prudent
Les deux délégations doivent négocier jusqu’à demain, puis une Conférence sur Chypre doit se tenir jeudi, élargie aux trois « garants » de la sécurité de l’île : la Grèce, la Turquie et le Royaume-Uni, ancienne puissance coloniale qui y dispose de bases militaires. A son arrivée à Genève, Nicos Anastasiades s’est déclaré « confiant », tandis que Mustafa Akinci a assuré être venu « dans un esprit positif ». Toutefois, les deux camps affichent toujours de profondes divergences sur les questions cruciales : arrangements territoriaux et de sécurité, restitution des propriétés spoliées... Chypre, qui compte environ un million d’habitants, est divisée depuis 1974, lorsque l’armée turque a envahi la partie nord de l’île en réaction à un coup d’Etat de Chypriotes grecs qui visait à rattacher le pays à la Grèce. La partition a provoqué le déplacement d’environ 162000 Chypriotes grecs et de 48 000 Chypriotes turcs.
Vers un Etat fédéral ?
Aujourd’hui, la République de Chypre, membre de l’Union européenne depuis 2004, n’exerce son autorité que sur la partie sud, où vivent les Chypriotes grecs. Les Chypriotes turcs habitent dans le nord, où une République turque de Chypre du Nord (RTCN) autoproclamée n’est reconnue que par Ankara. Une future solution de paix prévoit la création d’un Etat fédéral composé de deux entités, l’une chypriote grecque et l’autre chypriote turque. Une partie des territoires contrôlés par la RTCN serait rétrocédée aux Chypriotes grecs. Mais un désaccord persiste sur l’ampleur de la rétrocession. D’autres divergences de taille demeurent. Les Chypriotes grecs réclament par exemple le départ des milliers de soldats turcs stationnés au Nord, tandis que les dirigeants chypriotes turcs souhaitent le maintien d’une présence militaire turque, même réduite.