Nice-Matin (Cannes)

Bye bye Obama

- Par CLAUDE WEILL

« Obama portait tant d’espoirs qu’il ne pouvait que provoquer impatience­s et déceptions. »

Il s’en va. Aujourd’hui même, Barack Obama fera ses adieux à la nation américaine. Le  janvier, Donald Trump emménagera à la Maison-Blanche. Il s’en va la tête haute, avec une cote à faire des jaloux ( % d’opinions positives dans le dernier Gallup). Et au coeur, une indicible douleur : n’avoir pas réussi à conjurer l’élection de celui qu’il tenait pour «inapte» à la fonction, et dont l’objectif assumé est de défaire à peu près tout ce qui a été fait sous Obama. S’il y arrive… Ce qui restera d’Obama ? Un style, d’abord. Appelez ça la classe. Un mélange de naturel et de self-control permanent, un talent oratoire hors pair, un sens de l’humour inné, une élégance physique et morale rarement prise en défaut. Son bilan politique est plus contrasté. Obama portait tant d’espoirs qu’il ne pouvait que provoquer des impatience­s et des déceptions. A gauche, on lui a reproché de ne pas être allé plus vite, plus loin, plus fort dans la lutte contre les inégalités ; d’avoir échoué à dompter les loups de Wall Street. Dans la communauté noire, on déplore les discrimina­tions

qui perdurent, les

bavures policières qui se multiplien­t. Comme si la seule

présence d’une famille noire à la Maison-Blanche avait suffi à réactiver les virus d’une certaine Amérique. L’histoire retiendra surtout que sous Obama, les États-Unis sont sortis de la crise, que le taux de chômage a été divisé par deux (de  % à  %), que l’Obamacare a donné une couverture santé à plus de  millions d’Américains qui en étaient privés. Que cette présidence a été un modèle de décence : pas un scandale en huit ans. Sur la scène internatio­nale, Obama a rompu avec l’interventi­onnisme débridé de Bush. Il a négocié avec l’Iran, normalisé les relations avec Cuba et arrêté deux guerres, justifiant a posteriori le Nobel de la paix qu’il n’avait pas encore mérité en lâchantdan­sOn qu’ont .ne une engendrésr­efait HollandeOn opérationp­asl’a accusé l’histoire.les en militaireg­uerresrase de campagne,faiblesseM­ais d’Irak conjointeà enet et de jugeril d’aveuglemen­tcontrea Libye, refusépar j’inclineBac­harles de désastress­e al-Assad.à quand,lancer penser du queAuunde dénouercôt­é pacificate­ur.fond,la clairvoyan­ce,d’Obama…en tousles conflits,« domaines,Obamace jourde no réduirede Barackdram­a , les ». Obamaétait Toujours antagonism­es.peut-êtreaura soucieuxét­é bien Un Pourenet d’écouter politiqueh­omme d’autres, de toutet un prudencequ­i, le piètreà monde,force leader,et de de finit peser raison,un par intellectu­elle ne pour pour plus leset savoirle égaréuns. contre trancher. C’estLa le fédéral,plus première,oublier puissantle poids deuxc’estdu des monde»que choses. lobbies,celui est qu’unla un séparation­Gullivercl­iché qualifie enchaîné:des pouvoirs d’«hommele système– en particulie­rfont Voyez que l’obstinatio­nle lorsqu’il Président a, et est comme l’énergie condamné Obama,dont au il le a compromis.fallu Congrès faire contre preuve lui – pourLa seconde,faire aboutirc’est qu’Obama l’Obamacare,est un fût-ce pragmatiqu­e.dans une versionPar son light. histoireet faite d’avancéeset son expérience­et de reculs. personnell­es,Que l’Amériqueil sait que est l’Histoireun pays profondéme­ntintact. D’où son divisé, approche conflictue­l, gradualist­e avec un des potentiel dossiers. deIl croit violenceau­x petitsles étapes,pas, pason s’expose,aux grands demain,soirs. Età de sait terriblesq­u’à vouloir chocs brûleren retour. Lui succède un homme qui est son exact contraire. Vantard, péremptoir­e et querelleur. Un homme qui clive, simplifie, assène, ment, provoque, bouscule, rudoie, vitupère, méprise, stigmatise, transgress­e. Si j’étais américain, je dirais : « God Bless America ! »

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France