Nice-Matin (Cannes)

AUTO Dalmas a testé le mode hybride

Afin de mieux remplir sa mission de conseiller FIA auprès des pilotes du WEC, le Varois s’est glissé aux commandes des Porsche 919 et Toyota TS050 pour quelques tours d’essais. Il raconte

- GIL LÉON

On le croyait rangé des bolides de course surpuissan­ts. Fermement. Définitive­ment. Fausse piste! À 55 ans, Yannick Dalmas a sorti du placard son habit de lumière. Pas pour entamer une seconde carrière. Ni pour défier les jeunes loups marquant de leur empreinte aujourd’hui, comme lui jadis, les tablettes des plus prestigieu­ses épreuves longue distance de la planète auto. Si le Varois, quadruple vainqueur des 24 Heures du Mans avec quatre constructe­urs différents durant les années 90, s’est dégourdi les semelles, fin novembre, sur le circuit de Bahreïn, c’est pour tester le mode hybride.

« Un autre job »

« Il s’agissait de la traditionn­elle séance d’essais organisée au lendemain de l’ultime manche du championna­t du monde d’endurance afin de permettre à trois espoirs prometteur­s de découvrir des prototypes de la catégorie reine », explique le Beaussetan nommé ‘‘driver advisor’’ du WEC en 2012. « Dans le cadre de mon action en tant que conseiller FIA auprès des pilotes, j’ai pu boucler deux runs d’une dizaine de tours, d’abord aux commandes de la Porsche 919 Hybrid numéro 1 (celle de l’équipage Webber-HartleyBer­nhard, ndlr), puis dans le baquet de la Toyota TS050 Hybrid numéro 5 (Buemi-Davidson-Nakajima). Un privilège rare savouré à sa juste valeur, même si l’expérience fut trop brève pour mesurer véritablem­ent le niveau de performanc­e des LMP1 hybrides actuelles. En fait, l’objectif se situait ailleurs. Il consistait à décrypter le fonctionne­ment de ces autos de manière globale. En se mettant à leur place, on comprend mieux les remarques et requêtes formulées par les pilotes. Je pense notamment au paramètre très important de la visibilité dans l’habitacle. » Depuis sa douzième et dernière chevauchée à haute vitesse sur le circuit XXL du double tour d’horloge manceau, en 2002, avec l’Audi R8 de l’écurie japonaise Goh (7e, en compagnie de Seiji Ara et Hiroki Katoh), la technologi­e a fait un drôle de bond en avant. « Compte tenu des quatre roues motrices et des assistance­s au pilotage en vigueur maintenant, de l’extérieur, certains peuvent penser qu’il est plus facile d’exploiter les machines actuelles », poursuit-il quand on lui demande d’établir la comparaiso­n entre hier et aujourd’hui. «Envérité, c’est différent, mais pas plus simple. Outre sa progressio­n et ses trajectoir­es dans le trafic, le pilote doit désormais gérer de nombreuses procédures. Contrôler la consommati­on, le système hybride... Concentrat­ion maximale de rigueur parce qu’il y a toujours des ajustement­s à faire. Et le dialogue radio avec le stand est permanent. Bref, on ne pilote plus comme il y a quinze ans. C’est un autre job. Le changement saute d’ailleurs aux yeux dès que vous vous installez à bord. Il suffit de compter le nombre de boutons sur le volant et vous prenez tout de suite conscience de l’évolution. »

« C’est vite revenu »

Au passage, celui-ci n’a pas manqué de remarquer que la LM P1 allemande et sa rivale nippone possédaien­t chacune son propre mode d’emploi. « Elles ont été construite­s en fonction de choix techniques très différents, alors elles ne réagissent pas de la même façon. Voilà pourquoi il s’avère impératif d’adapter son style de pilotage à leurs caractéris­tiques. » Il est passé à deux doigts de décrocher sa troisième victoire d’étape. Au lendemain de la panne moteur provoquée par une essence de mauvaise qualité qui l’a fait dégringole­r de la e à la e place du classement auto, Thierry Magnaldi est reparti pied au plancher, hier. De quoi clore la boucle de Tiwilit (Mauritanie) longue de  km en e position, à  secondes de Vladimir Vasilyev (Mini). Même si son rêve de remporter l’Africa Eco Race s’est envolé, le pilote varois du Buggy WD, désormais Malgré ce grand écart, Yannick Dalmas a retrouvé ses automatism­es naturellem­ent. « C’est vite revenu », sourit-il. « Sans tutoyer la limite, loin de là, j’ai pu constater à quel point ces protos développan­t près de 1000 chevaux sont efficaces. Accélérati­ons fabuleuses, bluffantes. Pareil pour les freinages. Les deux constructe­urs ont joué le jeu et je leur en suis très reconnaiss­ant car j’ai tiré de ce test de nombreux enseigneme­nts très utiles pour la mission qui est la mienne. » continue de rivaliser avec l’indéboulon­nable leader russe. La saison  de Maxime Jousse débute dès cette semaine puisque le Varois sera au départ des  Heures de Dubaï, samedi. Pour cette découverte, celui-ci retrouve l’équipe rouennaise IMSA Performanc­e avec laquelle il avait brillammen­t remporté la catégorie Pro-Am des  Heures de SpaFrancor­champs . Comme dans les Ardennes belges, l’ambassadeu­r de l’ASA Saint-Raphaël partagera le volant la Porsche  GT-R numéro  avec Raymond Narac et Thierry Cornac, mais aussi avec le jeune Lorrain Mathieu Jaminet, son successeur au palmarès de la Carrera Cup France l’an dernier.

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