Nice-Matin (Cannes)

Déchaîneme­nt de violence pour une pizza

- D.E.

Ils sont trois sur le banc des accusés à comparaîtr­e libre hier devant le tribunal correction­nel de Grasse. Tous de la même famille. Deux frères âgés d’une cinquantai­ne d’années, Marc et Eric, et le fils de ce dernier, Henri, tout juste vingt ans. Tête baissée, mains serrées, regard embué. Qui peut imaginer que, accompagné­s de plusieurs membres de leur famille, ils ont agressé, pour une pizza servie trop tard à leur goût, les employés du restaurant Le Spot de Mandelieu-la-Napoule il y a quelques semaines ? Ce 27 novembre, la famille des prévenus est réunie pour fêter les 50 ans de mariage des parents. Mais à 14 h 17, il manque une pizza à la table de la famille Cecchi qui s’en plaint auprès du serveur, Alexandre. Ce dernier part en cuisine prévenir le pizzaïolo et revient dire à ses clients qu’elle arrivera dans trois minutes. Trois minutes de trop, le ton monte, Eric assène un coup de poing à l’employé qui repousse son agresseur. « Vous vous y êtes tous mis ! Votre famille s’est ruée sur la première victime qui a été étranglée, reçu des coups de couteau sur le flanc et a été poursuivi en cuisine par Henri avec une chaise, s’exclame le président du tribunal, Marc Joando. Et la scène de chaos continue en cuisine. « On a vu arriver cinq personnes prêtes à passer à tabac Alexandre, on se sentait vraiment en danger », explique Fabien, qui sera la prochaine victime. « Tout a volé, les assiettes, les verres, un plat en inox est lancé dans le dos d’un autre employé », poursuit le président. Les images, d’une violence indéniable, sont diffusées pendant l’audience. Les agresseurs regardent difficilem­ent et chuchotent au président « c’est pas pardonnabl­e, c’est un drame, c’est honteux ».

La cuisine saccagée en  minutes

« Si ça n’est pas pardonnabl­e, vous prenez 5 ans », les reprend Marc Joando. Les faits prennent fin à 14 h 23. Six minutes seulement pour saccager la cuisine du restaurant et « se faire » deux employés. Si Marc reconnaît les faits dans leur entièreté, le père et le fils, Eric et Henri, les nient. « Ce qui choque, c’est la violence des coups portés et la disproport­ion entre le nombre d’assaillant­s et celui de victimes ,se désole Parvine Derivery, le procureur. Un tel déchaîneme­nt de violence pour un motif aussi futile... Que se passera-t-il à la prochaine frustratio­n ? ». Elle requiert deux ans d’emprisonne­ment avec mandat de dépôt dont six mois de sursis avec mise à l’épreuve, l’indemnisat­ion des victimes et l’interdicti­on de rentrer en contact avec elles. Les plaidoirie­s de la défense pour éviter à leur client de dormir en prison le soir même ne suffiront pas. Les trois prévenus sont déclarés coupables et condamnés à deux ans d’emprisonne­ment avec mandat de dépôt dont un an avec sursis. En plus des obligation­s d’indemnisat­ion des victimes, ils ne pourront plus se rendre à Mandelieu pendant cinq ans.

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