Procès Haziza: un fils dans l’étau d’une tragédie familiale
Il aime sans exclusive son père, Ludovic Haziza, et sa mère, Gabrielle. L’assureur niçois a tué à coups de marteau sa femme qui voulait refaire sa vie. Leur fils unique a témoigné hier aux assises
Au deuxième jour du procès à Nice de Ludovic Haziza, 56 ans, accusé d’avoir tué le 1er septembre 2014 à coups de marteau Gabrielle, 53 ans, son épouse ; Cyril, leur fils, est appelé à témoigner. Au milieu du grand déballage intime et dérangeant que représente ce procès d’assises, il faut un certain courage pour venir à la barre aider à la manifestation de la vérité. Un père en prison, une mère tuée dans d’atroces circonstances… Cyril, 37 ans, pris en étau dans une tragédie familiale indicible, fait front devant une salle comble. Il ne s’est pas constitué partie civile. « J’ai la chance d’avoir grandi avec mes deux parents qui m’aimaient et qui s’aimaient , explique-t-il en préambule. Ce qui nous arrive est presque irréel. »
« Gabrielle était son jouet »
Fils unique du couple, très proche de ses parents avec lesquels il n’a pas vingt ans d’écart, Cyril parle de leur amour fusionnel : « Ils ont toujours tout fait ensemble. » Le président Patrick Veron intervient: « Votre mère a-t-elle évoqué des violences de la part de votre père ? » « Non, mais je suis au courant d’une plainte en 2013. » Alors que le couple, après plus de trente ans de mariage, se délitait sur fond de pratiques échangistes, Ludovic Haziza était tombé sur un SMS qualifié de « blessant ». Coups de poing, coups de serviette, Gabrielle avait été battue mais avait retiré sa plainte. Ludovic s’était confondu en regrets et en excuses, mais Gabrielle était éprise de son amant. L’avocat général Clotilde Galy insiste, à travers ses questions, sur la dépendance financière de Gabrielle, sur son caractère « effacé », « discret », alors que l’accusé était « exubérant »et« machiste ». Un ami du couple Haziza ajoute, sans concession pour « Ludo »: «Je l’ai toujours vu comme un grand enfant, cherchant toujours à impressionner tout le monde, à se mettre en compétition. Il a tout détruit. J’ai l’impression qu’il s’est dit : je détruis mon jouet comme ça personne ne pourra en profiter. Gabrielle était son jouet. » Clotilde Galy, chargée de requérir une peine aujourd’hui, revient à plusieurs reprises sur la chronologie des amours tumultueuses du couple. Et il apparaît que Ludovic Haziza a été le premier à se montrer infidèle, brisant l’harmonie trompeuse de l’expérience libertine avec Philippe et Sophie, un couple de Valbonne. Morale de cette dramatique affaire : le libertinage ne fait pas bon ménage avec les sentiments amoureux.
Une vingtaine de coups de marteau
La jalousie exacerbée de Ludovic Haziza se termine par une vingtaine de coups assénés sur le crâne de celle qui lui échappait. « Un marteau de charpentier très lourd, octogonal, aux arêtes tranchant », souligne le médecin légiste. Prise en charge par le Samu, la victime mourra sept heures plus tard. Cyril Haziza, témoin clef, doit encaisser ces détails sordides. Les avocats de la défense, qui lui ont demandé de témoigner, l’interrogent à leur tour. Me Philippe Soussi : « Que souhaitez-vous à votre père ? » Soupir de Cyril Haziza. « Votre question est compliquée. Je lui souhaite de se reconstruire, mais ce n’est pas possible. On est ici pour parler d’une peine mais on l’a déjà. Qu’il sorte de cette épreuve et que mes filles aient un grand-père à défaut d’avoir une grand-mère. » -« Pensiez-vous que votre père puisse commettre un tel acte ? - Évidemment non. » Me Carré intervient à son tour: « Qu’avez-vous à dire à votre père ? - Que je l’aime et que je suis là pour le soutenir. » - Et vous M. Haziza, qu’avez-vous à dire à votre fils ? » Le teint blafard, la silhouette massive, l’accusé se lève : « Cyril, je te demande pardon même si c’est impardonnable. Maman me manque tous les jours, tu le sais. Si je suis là aujourd’hui, c’est grâce à toi et aux petites. Si vous n’étiez pas là, je ne serais plus là. » Réquisitoire et plaidoiries aujourd’hui.