Nice-Matin (Cannes)

Dddddd Oh, le beau Baer! Un combat de légende Notre avis Le biopic de Chet Baker

- PROPOS RECUEILLIS PAR PHILIPPE DUPUY pdupuy@nicematin.fr PH. D.

D’Édouard Baer (France). Avec Édouard Baer, Sabrina Ouazani, Audrey Tautou. Durée :  h . Genre : comédie dramatique. Notre avis : ★★★★

Ludion télévisuel, homme de théâtre, animateur radio matinal, acteur et réalisateu­r, Édouard Baer est partout en ce début d’année, mais surtout au cinéma où sort son troisième long-métrage, le formidable Ouvert la nuit. Déambulati­on foutraque mais hilarante dans un Paris nocturne et lumineux à la fois (voir Notre avis). Pour en parler avec lui c’est open Baer !

Luigi c’est vous ?

En très exagéré alors ! C’est moi comme je voudrais et que j’ai peur d’être. Plus galvanisan­t, plus courageux, plus sombre, plus menteur, plus manipulate­ur… C’est un personnage de fiction. Si on croit qu’on peut se mesurer à la fiction, il faut aller voir un psy. Mais j’en ai connu qui lui ressemblen­t. Jean-François Bizot le patron d’Actuel [à qui le film est dédié, ndlr] dirigeait son journal et sa radio [Nova, ndlr] comme Luigi son théâtre. Serrault, Depardieu et Poelvoorde ont son côté « en représenta­tion permanente ». Ça peut être fatigant, mais je trouve ça généreux de leur part. Ils sont « hors normes ». Sans leur folie, le mode serait terribleme­nt ennuyeux. De Zhang Yimou (USA, Chine). Avec Matt Damon, Jing Tian, Pedro Pascal. Durée :  h . Genre : aventure, historique, fantastiqu­e. Notre avis : ★★★ William Garin (Matt Damon), un mercenaire emprisonné dans les geôles de la Grande Muraille de Chine, découvre la fonction secrète de la plus colossale des Merveilles du monde. L’édifice tremble sous les attaques incessante­s de créatures monstrueus­es, dont l’acharnemen­t n’a d’égal que leur soif d’anéantir l’espèce humaine dans sa totalité. Il rejoint alors ses geôliers, une faction d’élite de l’armée chinoise, dans un ultime affronteme­nt pour la survie de l’humanité.

Ça vous arrive encore de partir à l’aventure dans Paris ?

Plus trop non. Je deviendrai­s vite nostalgiqu­e, modianesqu­e. Je le fais plutôt en province quand je suis en tournée. J’adore me balader, trouver le dernier truc ouvert où il y a encore de la lumière. M’arrêter à une fenêtre parce que ça sent bon et me faire inviter à dîner comme faisait Carmet. Je ne suis pas Alain Delon, les gens ne s’évanouisse­nt pas quand ils me voient. J’ai une célébrité de proximité, je peux encore faire ce genre de trucs.

Filmer Paris la nuit, c’était ça le projet ?

Le sujet c’est Paris mais j’espère que ce n’est pas un film parisien. C’est un Paris Avec quelque 165 millions de dollars de budget, il fallait s’attendre à un blockbuste­r spectacula­ire. Et bonne nouvelle, on n’est pas déçu devant la grandiloqu­ence de la mise en scène de Zhang Yimou. Le réalisateu­r hongkongai­s, auteur de Hero puis du Secret des idéalisé, celui du personnage qui le voit effectivem­ent comme ça parce qu’il a une capacité infinie à s’enthousias­mer, à être curieux de tout et surtout de tous. La nuit, c’est pareil. Ce n’est pas celle des profession­nels, c’est celle où les gens sont en pause, abordables, celle où on se tient chaud parce que ça fait un peu peur. Je voulais faire le portrait de quelqu’un qui vit la nuit comme le jour en fait, dans un monde non virtuel, en croyant qu’on peut tout régler simplement en allant voir les gens, leur parler…

Parler, vous savez faire. C’est même devenu votre marque de fabrique. D’où vous vient cette éloquence infernale, cette capacité à improviser sans fin, poignards volants livre des scènes de batailles de haut vol, ballets de corps étincelant parfaiteme­nt chorégraph­ié. L’idée, simple mais lumineuse, de représente­r chaque type de soldat par une couleur précise offre sur les vues en plongée grand angle l’impression d’une farandole arc-en-ciel. Des différence­s qui s’associent pour défendre le monde de l’oppresseur, une armée de créatures – sortes de lézards verts géants – rapides, puissants et prêts à tout lorsqu’il faut défendre leur reine mère. Épique, servi par un scénario classique mais efficace et non dénué d’humour, La Grande Muraille porté par un charismati­que Matt Damon, très à son aise dans ce rôle d’archer en quête de rédemption est un appel à l’unité. La distributi­on, entre acteurs américains et asiatiques, est d’autant plus harmonieus­e que chacun y trouve naturellem­ent sa place et tient un rôle déterminan­t dans la réussite de cette opération colossale. C. C. Luigi (Édouard Baer) a une nuit pour sauver son théâtre. Une nuit pour trouver un singe capable de monter sur les planches et récupérer l’estime de son metteur en scène japonais ; une nuit pour regagner la confiance de son équipe et le respect de sa meilleure amie (Audrey Tautou) et pour démontrer à la jeune stagiaire de Sciences Po (Sabrina Ouazani), tellement pétrie de certitudes, qu’il existe d’autres façons dans la vie d’appréhende­r les obstacles… Paris la nuit, tel qu’il a peut-être été, tel qu’on le rêve en tout cas, avec Édouard Baer comme guide et la belle Sabrina Ouazani à son bras. Comment refuser la balade ? Un film où on a envie de se perdre mais où le réalisateu­r, cette fois, ne se perd pas. Foutraque, beau et drôle, comme du Cassavetes. Poétique et émouvant comme du Dino Risi. En un mot : formidable !

en étant toujours à la fois drôle et littéraire ?

Je n’aime pas tellement la musique, je ne danse pas, alors je parle. C’est très facile de dire des bêtises très fort : c’est le talent des imbéciles ! Et puis souvenezvo­us du monologue de Solal dans Belle du Seigneur. Il lui dit : « Écoute-moi, après tu vas m’aimer ». Huit pages de discours et elle lui tombe dans les bras ! C’est formidable. Après, c’est comme pour jouer la comédie : il faut être sincère et avoir la technique. L’un sans l’autre, ça ne suffit pas. On le voit en politique : il y a les machines à langue de bois et les vrais orateurs.

Quelles étaient vos influences pour ce film ?

Ben Gazzara dans Meurtre d’un bookmaker chinois de

Cassavetes, Le Fanfaron, Coups de feu sur Broadway qui est un de mes Woody Allen préféré. J’adore les films de coulisses…

Galabru apparaît dans ce film, vous êtes le dernier à l’avoir fait tourner. Comment ça s’est passé ?

Ça l’amusait de jouer cette scène. C’est une situation qu’il a bien connue dans sa carrière. Sa dernière phrase à l’écran aura été « À mon âge, c’est toujours difficile de prévoir l’avenir ». Il avait la capacité de transforme­r n’importe quelle réplique en phrase culte. Les gens avaient plus que de la tendresse pour lui : de l’admiration. Alors que lui, se vivait comme un acteur ringard… De Robert Budreau (USA). Avec Ethan Hawke, Carmen Ejogo, Callum Keith Rennie. Durée :  h . Genre : biopic. Notre avis : ★★★ Afin de lui rendre hommage, un producteur d’Hollywood propose à Chet Baker, le légendaire trompettis­te de jazz des années soixante (Ethan Hawke), de tenir le premier rôle dans un long-métrage consacré à sa vie... On l’ignorait, mais Chet Baker faillit effectivem­ent jouer son propre rôle dans un film consacré à sa vie. C’est le producteur italien Dino De Laurentiis qui le lui avait proposé, alors qu’il était emprisonné en Italie pour une affaire de stupéfiant­s. L’anecdote fournit son point de départ au film de Robert Budreau, qui s’intéresse plus aux fêlures du personnage qu’aux détails de sa biographie. Ethan Hawke est particuliè­rement crédible dans le rôle, y compris lorsqu’il chante et joue de la trompette. Les fans de Chet devraient apprécier la performanc­e et le film.

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Navet Médiocre Moyen Bon Excellent Chef-d’oeuvre

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