Nice-Matin (Cannes)

FOOTBALL Tiens, revoilà Moutinho

Cantonné au banc depuis l’émergence de la paire Bakayoko-Fabinho, le Portugais pointe son nez alors que le calendrier est toujours aussi chargé

- MATHIEU FAURE

En début de saison, lors d’un entretien que nous avait accordé Leonardo Jardim, le statut de remplaçant de Joao Moutinho dans le nouveau schéma tactique de l’ASM avait été évoqué avec le technicien monégasque, surtout avec l’émergence du duo Fabinho-Bakayoko. Jardim s’était alors pris la tête entre les mains avant de taper plusieurs fois sur la table, comme énervé. Dans son esprit, Joao Moutinho ne rime pas avec remplaçant. C’est inconcevab­le. Même si, dans les faits, le milieu de terrain de poche commence de moins en moins les matches importants (seulement 9 titularisa­tions en Ligue 1 et 4 sur la scène européenne), le numéro 8 reste un « titulaire en puissance ». Malgré tout, dans le 4-4-2 actuel, l’ancien métronome de Porto peut difficilem­ent tenir la comparaiso­n dans l’impact et le pressing face à des profils comme Bakayoko et Fabinho. Alors Moutinho est devenu un remplaçant de luxe. Luxe car on parle du deuxième salaire de l’effectif (près de 400 000 euros par mois) et du joueur le plus expériment­é sur la scène européenne (103 matches). Joao Moutinho s’est mis à débuter les matches de seconde catégorie comme celui du Bayer Leverkusen – sans enjeu – où ceux de coupes nationales, quand Jardim fait tourner. Après tout, avoir dans son équipe B un garçon qui vient de gagner l’Euro-2016, on a connu choix plus difficile pour un entraîneur. Le championna­t d’Europe justement.

Devenu remplaçant en sélection, aussi

Titulaire indiscutab­le au pays, où il est le cinquième joueur avec le plus de capes (94, à égalité avec un monstre comme Rui Costa), le Monégasque est passé à côté de son Euro malgré une entrée décisive en finale face à la France. Emoussé physiqueme­nt et touché mentalemen­t, le numéro 8 a vu la jeunesse prendre le pouvoir sous ses yeux. Ainsi, Joao Mario (Inter), André Gomes (Barcelone), William Carvalho (Sporting) et Renato Sanches (Bayern Munich) ont pris en main l’entrejeu de l’équipe nationale, ne laissant que des bouts de match à l’ancienne rampe de lancement de Cristiano Ronaldo. Il faut pouvoir le digérer, ce qui explique les sorties moyennes du garçon durant la première partie de saison où il a semblé complèteme­nt renfermé sur lui-même. On le disait sur le départ mais les offres ne sont pas arrivées. En tout cas, pas celles dont il rêvait. Il y a peu, Joao Moutinho s’imaginait en Premier League : Tottenham, Manchester United. Rien n’a abouti. Alors oui, il y a eu des approches du Zenit Saint-Pétersbour­g sous André Villas-Boas, un retour au FC Porto a été évoqué et, dernièreme­nt, la Roma a ciblé le joueur mais sans jamais aller au-delà de la simple marque d’intérêt.

Personnage discret, leader silencieux

En fin de contrat en juin 2018, Joao Moutinho sait que le temps passe vite. Et depuis plusieurs matches, il monte en régime, bien aidé par Jardim qui lui donne du temps de jeu. A Sochaux, par exemple, il a enfin pris la mesure du 4-4-2 tout en livrant un meilleur match que son binôme du soir, Tiémoué Bakayoko. Son but venant simplement récompense­r son abattage et son intelligen­ce de jeu. De là à changer l’équilibre en place ? Difficile à dire.

Dimanche  janvier  h, Marseille - Monaco, Ligue , e journée

Dimanche  janvier  h, Monaco - Lorient, Ligue , e journée

✓ Dimanche  janvier A confirmer  h, Paris-SG - Monaco, Ligue , e journée

✓ Mercredi er février Seizièmes de finale de la Coupe de France (PhotoPQR/L’Est Républicai­n)

Une chose est sûre, l’homme pointe le bout de son nez au bon moment. Monaco va jouer tous les trois jours jusqu’au déplacemen­t de Manchester City (21 février). Il pourra se montrer et, qui sait, inverser le cours des choses. Personnage très (trop) discret en dehors des terrains, Joao Moutinho boude la presse depuis son arrivée en Principaut­é en 2013. Comme tous les Portugais, il ne donne que rarement d’entretien individuel. Ce n’est pas dans la culture du pays. Pas forcément très bavard dans le vestiaire, c’est un leader silencieux. Et c’est toujours plus compliqué de prendre la parole quand on débute les matches sur le banc. Mais lorsque vous êtes performant quand on vous tend la main, cela peut changer des choses. Surtout en football.

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(Photo Jean-François Ottonello)
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A Sochaux, un buteur heureux.

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