Nice-Matin (Cannes)

«Petit Ben», candidat si normal

- TH. PRUDHON

«Je ne participer­ai pas au concours de grimaces... » Benoît Hamon s’est toujours refusé, jusqu’ici, à se fondre dans l’habit un peu guindé du présidenti­able en puissance. Le blouson lui va mieux que le costume trois-pièces. Du fait d’un style simple et direct, d’une normalité qu’il incarne bien davantage encore que François Hollande, le nouveau champion du PS a longtemps été sous-estimé. Considéré comme un apparatchi­k, un tâcheron, personne ne l’a vraiment vu venir. « Petit Ben », ainsi l’avait surnommé Martine Aubry qui l’a un temps pris sous son aile, est arrivé à maturité à 49 ans. S’il n’en a pas la carrure, ce grand amateur de rugby, père de deux enfants, a su jouer des coudes pour se retrouver aujourd’hui en position d’innocent aux mains pleines.

Influences multiples Fils d’une secrétaire et d’un ouvrier devenu ingénieur à l’arsenal de Brest, le Finistérie­n, qui a vécu du CE2 à la 5e au Sénégal, s’est construit à travers SOS Racisme puis le Mouvement des Jeunes Socialiste­s, qu’il présidera de 1993 à 1995. Au sein du PS, ses influences sont multiples, plus chamarrées que ne le laisse aujourd’hui paraître son projet très gauchisé. Entré en militantis­me par le rocardisme, ce licencié en histoire fut ensuite conseiller jeunesse auprès de Lionel Jospin, avant d’oeuvrer en 1997 au cabinet de Martine Aubry, alors ministre de l’Emploi. On retrouve aussi la patte d’Henri Emmanuelli chez celui qui cofonda en 2003, avec Arnaud Montebourg et Vincent Peillon, l’éphémère courant du Nouveau Parti socialiste. « À l’époque, il n’était pas le plus ambitieux ni le plus volontaire», remarque Olivier Faure, président du groupe PS à l’Assemblée, soulignant en creux une certaine propension au dilettanti­sme.

Idées collective­s Depuis, Benoît Hamon a lu, écouté, rencontré, travaillé. Un éternel carnet de notes en poche, il s’est nourri, étoffé : « Mes idées sont collective­s, reconnaît-il, je n’ai pas eu une fulgurance un matin devant ma glace. » Ses passages au ministère de l’Économie sociale et solidaire de 2012 à 2014, puis très brièvement à l’Éducation nationale d’avril à août 2014, lui ont fait gagner en densité. Le député des Yvelines est sorti de l’ombre en imposant un style alliant habilement la conscience écologique et l’impératif social. «Je ne serai plus jamais socialiste sans être écologiste», martèle-t-il désormais. Il lui reste à convaincre de la pertinence de son approche, au-delà d’un premier cercle restreint.

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