Nice-Matin (Cannes)

Plongée dans l’histoire mythique du Martinez...

L’associatio­n des Amis des archives a reconstitu­é le passé du palace et de son fondateur lors d’une conférence donnée à l’occasion de sa galette des rois, organisée au bar l’Amiral

- LOUIS GOHIN

En 2020, il fêtera ses 90 ans. Le Grand Hyatt Hôtel Martinez a accueilli jeudi l’associatio­n des Amis des archives de Cannes pour une conférence sur son histoire et celle d’Emmanuel Martinez, fondateur de l’établissem­ent. Après un discours de bienvenue du directeur général de l’hôtel (voir par ailleurs), Jacqueline Leconte, présidente de l’associatio­n, a présenté le fruit de ses recherches sur l’histoire de cette ancienne personnali­té cannoise et de l’hôtel qui porte son nom. Né à Palerme d’une famille noble espagnole, il dirige plusieurs hôtels à Londres et en France, dont le Carlton à Cannes et le Rhul à Vichy. Pendant la Première guerre, il ouvre ces deux établissem­ents aux soldats blessés.

Il fonde l’hôtel et le sauve de la crise

Il fonde en 1927 la société des grands hôtels de Cannes qui construit le Martinez, inauguré le 17 février 1929, à l’emplacemen­t de l’ancienne villa Marie-Thérèse. Présent à la conférence, André Guillouard, fils de feu le comptable d’Emmanuel Martinez, raconte à son tour : « Seuls les deux premiers étages ont ouvert car toutes les autres salles de bains avaient gelé tant il a fait froid cet hiver-là. » L’établissem­ent conquiert immédiatem­ent une riche clientèle. «Certains prenaient l’avion pour ses petits-déjeuners, célèbres dans toute l’Europe ! » mentionne Mme Leconte. Une galerie de commerces de grand luxe ouvre au rez-dechaussée, donnant sur la Croisette et sur le hall de l’hôtel. Lors de la crise de Wall Street, Emmanuel Martinez parvient à sauver l’entreprise de la vente en fondant la société financière du Martinez. « En 1940, l’hôtelier fait la connaissan­ce d’un employé de l’intelligen­ce service (services secrets britanniqu­es, NDLR) pour mettre en place un réseau de Résistance, raconte-t-elle, afin de faire évader des aviateurs anglais et toutes personnes en difficulté. » Accusé à la Libération de collaborat­ionnisme, «Emmanuel Martinez est blanchi par le tribunal de Lyon en 1949» sur le témoignage, notamment, de personnes figurant « parmi les deux cents juifs qu’il avait cachés dans les caves de l’hôtel ». Il ne recouvre pas pour autant la gestion de l’hôtel, mis sous séquestre en 1945, confié au ministère des Finances et géré par l’administra­teur Marius Bertagna, ex-collaborat­eur d’Emmanuel Martinez.

« Pourtant, même au Royaume-Uni, la Haute Cour de Justice de Londres a condamné ses calomniate­urs. Il a fini ses jours dans la pauvreté », précise Jacqueline Leconte. Il décède en 1963.

Second rebond

En 1977, Nice-Matin avait exprimé les inquiétude­s des Cannois que l’établissem­ent, à nouveau en difficulté, « ne sombre ». Mis en vente en 1979 par l’État, il est acquis pour un temps par le groupe Concorde, qui construit la piscine en plein air au rez-de-chaussée, côté Croisette ....

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Une quarantain­e de membres se sont réunis dans l’établissem­ent pour la conférence avant de partager leur galette annuelle. (Photo Gilles Massé)

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