L’Italie quasiment déjà en campagne électorale
Matteo Renzi de retour, Matteo Salvini dans la rue, Beppe Grillo qui donne de la voix : que les élections soient dans trois mois ou dans un an, il règne un parfum de campagne en Italie. Jeudi, la Cour constitutionnelle en a donné le coup d’envoi en validant partiellement la réforme électorale voulue par l’ancien chef du gouvernement Matteo Renzi, désormais baptisée Legalicum. «Habemus Legalicum, élections immédiates ! », a aussitôt réagi Beppe Grillo, le fondateur du Mouvement 5 étoiles (M5S, populiste) sur son blog, même si le mandat de l’actuelle législature court jusqu’à début 2018. Parallèlement, Matteo Salvini, chef de la Ligue du Nord (anti-euro, anti-immigrés) et son alliée Giorgia Meloni, présidente de Fratelli d’Italia, ont réuni des milliers de personnes samedi à Rome pour réclamer des élections dès avril : «Je m’en fiche de la loi électorale. Ce pays a besoin d’aller aux urnes le plus vite possible. » Matteo Renzi lui-même, discret depuis sa démission après la cinglante défaite de sa réforme constitutionnelle au référendum du 4 décembre, a lancé un nouveau blog jeudi et fait son retour public samedi devant un rassemblement d’élus locaux de son Parti démocrate (PD, centre-gauche) à Rimini. Selon la presse italienne, il pousse pour des élections en juin, même s’il a assuré samedi que là n’était pas la question.
Proportionnelle à un tour
Mais la décision de la Cour constitutionnelle ne suffira pas forcément au président Sergio Mattarella, qui exige un cadre électoral clair avant toute dissolution du Parlement. Or, le Legalicum ne concerne que la Chambre des députés, le Sénat restant avec sa propre loi électorale. Tandis que des tractations sont en cours au Parlement pour harmoniser les deux, le M5S réclame l’application immédiate du Legalicum au Sénat et accuse les élus de traîner les pieds parce que des centaines d’entre eux doivent siéger jusqu’en septembre pour prétendre à une retraite parlementaire. Les deux lois établissent un scrutin proportionnel à un tour, mais les électeurs voteraient pour un parti à la Chambre et une coalition au Sénat et surtout, le Legalicum prévoit une prime de 55 % des sièges à la Chambre si un parti dépasse les 40 %. Pour l’instant, les sondages accordent autour de 30 % au PD et au M5S, mais Matteo Renzi comme Beppe Grillo, qui a lancé sur Twitter le mot-clé «Objectif 40 % », croient en leur étoile. Mais si personne n’atteint ce seuil, les antagonismes entre les formations sont tels qu’aucune majorité ne semble pouvoir se dessiner.