Sur les pas du «Tueur de la Promenade »
Vincent-Xavier Morvan est correspondant pour l’Agence France Presse et le Figaro sur la Côte d’Azur. Sur le terrain de l’attentat, ce soir du 14 juillet 2016, il découvre l’horreur semée par le camion sur la Promenade des Anglais. « Le tueur de la Promenade », sous-titré « Enquête sur une mystification», nous emmène sur les pas du journaliste ce soir-là, mais également dans les mois qui ont suivi. Une quête obsessionnelle pour comprendre quelle personnalité se cachait derrière le terroriste. Le livre de Vincent-Xavier Morvan nous guide sur les traces de l’enfance tunisienne de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, dans la ville de M’saken, le « Nice tunisien», qui a hérité du surnom de « 06 ». «Une famille plutôt aisée», une « fratrie fusionnelle », une «portée de chats sauvages», décrira un témoin au journaliste. Dans une enquête édifiante, portée par le recul de plusieurs mois, Vincent-Xavier Morvan s’attache à brosser un portrait du tueur le plus exhaustif possible. Se dégage de son opus un Lahouaiej-Bouhlel aussi ambigu qu’inquiétant. Un obsédé sexuel pathologique, un « taureau », comme aimait à se définir lui-même le futur terroriste. Prêt à claquer son salaire de livreur de 1 200 euros en prostituées. En racontant « l’Oued », cette «Tunisie miniature» le long du Var, en rencontrant ses anciens employeurs, ses connaissances, le journaliste réussit à faire transpirer une personnalité protéiforme. Loin d’être sot, mais « calculateur», «vicieux», « manipulateur ». Vincent Xavier-Morvan s’attache à la thèse d’un tueur pervers pathologique. Le journaliste raconte notamment cette scène datant de quelques années, d’un Lahouaiej-Bouhlel faisant mine, « pour rigoler », d’écraser une de ses connaissances dans le vieux Nice. Glaçant.
Le terroriste n’était pas drogué
Le livre ne répond évidemment pas à toutes les questions que l’enquête encore en cours tente toujours d’éclairer. Mais il apporte, six mois après le drame, une vision plus complète du tueur. Vincent-Xavier Morvan lui colle l’étiquette de djihadiste tardivement radicalisé, que l’opinion refusait de lui donner dans un premier temps. Et révèle au passage que le terroriste n’était pas drogué ce soir-là, à l’instar des assaillants de Paris. Cet opus de 124 pages est le premier à s’attacher à comprendre l’incompréhensible, à tenter de «s’approcher de la vérité». Un éclairage nécessaire qui évite le piège du sensationnalisme alors que les blessures physiques et psychologiques de l’attentat ne sont évidemment toujours pas refermées. Le traumatisme reste immense dans la capitale azuréenne.