Nice-Matin (Cannes)

Voeux de Christian Estrosi à Nice : « Il faut tout changer ! »

Hier soir au palais de la Méditerran­ée, le président de la Région s’est présenté en homme révolté et résolu à pourfendre les immobilism­es, qu’il met à mal dans un livre à paraître jeudi 9 février

- THIERRY PRUDHON tprudhon@nicematin.fr

Ce n’était pas encore une candidatur­e à la présidenti­elle, mais on aurait pu s’y méprendre hier soir. Présentant ses ultimes voeux de janvier au palais de la Méditerran­ée, Christian Estrosi s’est résolument placé au coeur des grands enjeux nationaux. Ce n’était toutefois que dans la perspectiv­e de mieux servir Nice, sa « boussole », il l’a assuré en conclusion : « Quand je m’engage dans les grands débats nationaux, que j’y aborde l’économie, que je me mêle de sécurité, que je parle de culture, c’est pour donner à Nice tous les moyens de sa prospérité, de sa sûreté, de son rayonnemen­t. »

Un homme en colère

Il n’empêche. Tout en balayant les principaux dossiers locaux du moment et en ménageant quelques annonces concrètes (lire cidessous et page ci-contre), Christian Estrosi aura largement défloré son prochain livre, Il faut tout changer !, 270 pages d’entretiens avec le journalist­e et écrivain Maurice Szafran, à paraître le jeudi 9 février (1). Cet ouvrage, le président de la Région l’esquisse et le promeut comme le cri de colère d’un « homme révolté », selon le titre célèbre d’Abert Camus, qui entend dire « non à l’abdication, à l’immobilism­e et au défaitisme ». Un homme qui aspire à tout changer d’un système sclérosé qui, échecs après renoncemen­ts, fait à ses yeux le lit du Front national. « Il faut changer ce système qui consiste à faire des promesses qui ne se réalisent jamais. Il faut changer ce système qui consiste à raisonner uniquement en fonction de considérat­ions partisanes. Il faut changer ce système qui ne permet pas à des Français qui ont des parcours non académique­s de progresser avec la même facilité dans notre société. »

Une nouvelle aristocrat­ie

Quitte à céder lui aussi à ce populisme qu’il condamne, Christian Estrosi pilonne « une nouvelle aristocrat­ie qui n’est pas celle du mérite mais celle de la performanc­e académique, celle de la transmissi­on entre soi, celle du pouvoir économique et médiatique, celle où les administra­tions prennent le pas sur le politique. » En résumé, « dix mille personnes qui s’accaparent notre démocratie. » Alors, il le détaille dans son livre, il l’a ébauché hier soir, le fils de Nice veut secouer tout cela, à l’aune de ses conviction­s autant qu’à la force de son pragmatism­e. Si besoin, en n’étant pas toujours en phase avec sa famille politique : « Je l’ai dit il y a trois semaines à notre candidat [François Fillon], le mot social n’est pas une grossièret­é… Depuis, il a proposé une revalorisa­tion des petites retraites que j’appelais de mes voeux. De la même façon, il ne faut pas taper sur les fonctionna­ires sans discerneme­nt. Nous en avons besoin, en particulie­r en matière de sécurité. Le gaulliste que je suis n’abandonner­a pas les classes populaires à l’extrême droite et à l’extrême gauche. »

L’éloge de l’action

Pêle-mêle, le premier adjoint au maire de Nice a ainsi égrené quelques-unes des propositio­ns nourrissan­t son bouquin : baisse de 10 % de l’impôt sur le revenu, exonératio­n de l’impôt pour ceux qui réinvestis­sent dans leur entreprise, exonératio­n des droits de succession à hauteur de 400 000 euros par enfant, rétablisse­ment des heures supplément­aires défiscalis­ées, exécution intégrale des peines prononcées par la justice, perpétuité réelle pour les terroriste­s et internemen­t administra­tif des fichés S… Autant de mesures, parmi d’autres, seules à même, il le pense, de restaurer la confiance en capilotade des citoyens et de faire en sorte que se dérobe, juste à temps, le tapis rouge trop benoîtemen­t déroulé sous les pieds du Front national. « Aujourd’hui, a-t-il conclu, la vraie frontière sépare les conservate­urs des réformateu­rs. À Nice, à la Métropole et à la Région, nous avons démontré par l’action politique que changer les choses était possible. »

 ??  ?? Christian Estrosi était entouré hier soir de nombreux élus de sa famille politique, ici Renaud Muselier, le premier vice-président de la Région et Philipe Pradal, le maire de Nice. (Photo Frantz Bouton)
Christian Estrosi était entouré hier soir de nombreux élus de sa famille politique, ici Renaud Muselier, le premier vice-président de la Région et Philipe Pradal, le maire de Nice. (Photo Frantz Bouton)

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