Nice-Matin (Cannes)

Prix des fruits et légumes : ça flambe !

Cela n’aura pas échappé aux consommate­urs : la vague de froid en Europe, notamment en Espagne, a suscité un coup de chaud sur les tarifs. Réactions à Nice, au marché de la Libé

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

Le soleil fait enfin son retour sur les étals du marché de la Libération, hier à Nice. Mais les prix ne l’ont pas attendu pour flamber. 4,80 euros le kilo de courgettes espagnoles ou de poivrons italiens: les légumes hors saison ont vu leurs prix s’envoler ces dernières semaines. Ici comme sur les autres marchés. Comme en grande surface. Comme partout en France – et même à travers l’Europe. A vrai dire, c’est l’Union européenne qui est au régime sec cet hiver. La saison s’est avérée particuliè­rement rigoureuse pour l’agricultur­e, à l’image des ravages du gel dans la vallée du Var (1). Principale victime : le sud de l’Espagne, théâtre d’inondation­s suivies d’une vague de froid. Or cette région, véritable potager de l’Europe, lui fournit en hiver la moitié de sa consommati­on en fruits et légumes. Conséquenc­e fatale: des prix multipliés par deux, trois, voire quatre!

« Pas qu’en Espagne »

« Tous les ans, il y a un manque de production à moment donné. Mais cette année, ça a été exceptionn­el. Ça a bien flambé!, constate un maraîcher présent depuis quinze ans à la Libé, qui préfère rester discret. Je devais acheter la courgette 5,60 euros le kilo. Du coup, sur ce que je vendais aux restaurant­s, j’ai perdu de l’argent. » Selon ce commerçant, la courgette revient à des cours plus raisonnabl­es. « Maintenant, c’est le poivron rouge qui augmente... » Les poivrons, il s’en exhibe par dizaines, d’un rouge vif et aux courbes harmonieus­es, sur l’étal de Lydie Calascione. D’imposants spécimens à 4,80 euros le kilo importés d’Italie. « L’hiver n’a pas sévi qu’en Espagne, mais aussi en Italie et ici, souligne cette revendeuse de 49 ans. Il y a moins de légumes et, pour ce qui reste, les prix doublent ou triplent. » Hier, la courgette était à 3,80 euros le kilo. Elle était à 4,90 quelques jours plus tôt. « D’habitude, c’est moitié moins. Cela fait longtemps qu’on ne pratiquait plus de tels prix... » Cette flambée a-t-elle refroidi les ardeurs des consommate­urs? Pas tant que ça, observe Lydie. « Certains ouvrent de grands yeux et passent leur chemin sans dire un mot. Mais les gens n’ont pas le choix. Ils suivent. Simplement, ils en prennent moins. » A deux pas de là, Doumé a un autre avis. « Les courgettes à 6,80 euros, les gens n’en prenent plus. Ils préfèrent les poireaux. » Maraîcher depuis 44 ans, il observe avec recul ces aléas du marché. « Lorsque j’ai commencé en 1973, il y avait déjà des flambées de prix à cause du froid. » Depuis, la mondialisa­tion s’est invitée dans nos assiettes. Ouf! Sur la Côte, au moins, pas de rationneme­nt comme en Grande-Bretagne: des enseignes de grande distributi­on ont interdit aux clients d’acheter plus de trois salades...

Fruits refroidis

Pour l’orange maltaise, ce serait plutôt l’inverse. Produit en Tunisie, ce fruit a atteint de tels niveaux de production que son prix a fondu comme neige au soleil. Reste qu’en Europe, certains fruits ont attrapé un coup de froid. « Avec la neige, les clémentine­s ont morflé. Il y avait des stalactite­s sur les arbres!, s’exclame Jonathan Cathaldo, maraîcher, 31 ans. Du coup, l’italienne est moins bonne que d’habitude. Trop gorgée d’eau. » Jonathan veille cependant à ce que les prix, eux, ne gonflent pas trop. «Onne peut pas les répercuter sur les clients. Déjà qu’il n’y en a pas beaucoup... Si en plus on leur met des prix fous, ils vont se croire aux Galeries Lafayette! »

Y’a plus de saison...

« Mangez des produits de saison, mangez local »: telle pourrait être la morale de l’histoire. C’est aussi le credo de Marie-Anne Cassar, 46 ans. Productric­e et maraîchère à la Gaude, elle ne cultive que du local: blettes, poireaux, navets, choux, fenouil, céleri, cébettes... Suffisant pour ne pas rester sur sa faim. « Pourtant, les gens veulent tout, maintenant, déplore Marie-Anne. Quand ils me demandent des tomates, je leur dis que ce n’est pas la saison. Ils me répondent: “Ah oui ? Mais j’ai envie de tomate quand même...” » Andrea Jacquet, 29 ans, enfourche son vélo. Il quitte le marché avec des brocolis plein son sac à dos. «Leproblème, c’est que les gens ne savent plus trop quand consommer tel produit. Pourtant, il faut manger de saison. 8 € les deux barquettes de framboises, ça pique un peu! » (1) Nos éditions du 27 janvier.

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(Photo J.-S. G.-A.)
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(Photos Jean-Sébastien Gino-Antomarchi) Après les courgettes, des poivrons à , € le kilo : « La neige a touché l’Italie aussi », explique Lydie Calascione (). Pour Doumé, maraîcher, le froid faisait déjà flamber les prix à ses débuts en  (). « Si on répercute les prix, les clients ne viennent plus », prévient Jonathan Cataldo (). Quelle que soit la saison, « les clients veulent tout, maintenant », observe Marie-Anne Cassar, productric­e à la Gaude.

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