Condamné pour avoir traité un élu de loukoum
Peut-on impunément, lors d’un conseil municipal, s’injurier sous prétexte que les débats sont un peu vifs ? Le tribunal correctionnel a tranché en condamnant Cédric Cirasa, 46 ans, conseiller municipal d’opposition de Villefranche-surMer, pour injure publique, à 1500 euros d’amende avec sursis. Le 30 mars 2015, les échanges étaient tendus entre élus au sujet des finances publiques et de l’endettement de la ville. Jean-Paul Geay, adjoint aux finances, rappelle que le budget est contraint. Cédric Cirasa l’interpelle alors de manière cavalière : « Tu me dis que c’est vaches maigres et je te vois gros comme un loukoum. » L’opposant mettant en cause les émoluments des élus.
Ni Hugo ni Sainte-Beuve
Le dérapage verbal, la comparaison avec une pâtisserie orientale, provoque un incident d’audience. Vexé, l’adjoint dépose plainte malgré les plates excuses présentées dès le lendemain par son opposant. Lors du procès, en décembre, Cédric Cirasa a admis qu’il avait été « maladroit ». Jean-Paul Geay, lui, s’est dit « choqué, blessé par cette algarade ». Me Jean-Raphaël Demarchi, avocat de la partie civile, a souligné « qu’on ne fait pas avancer le débat politique avec des mots aussi méprisants », tout en réclamant l’euro symbolique en guise de dommages et intérêts. Le procureur Matthias Placette requiert une amende avec sursis pour sanctionner ce dérapage : « On est loin des joutes verbales à la Hugo ou à la Sainte-Beuve », constate le magistrat. Me Frédéric Vanzo, pour la défense, plaide « un coup de fatigue », ce jour-là, de son client aujourd’hui repentant. Le tribunal correctionnel a estimé que Cédric Cirasa avait porté atteinte «à l’honneur », de Jean-Paul Geay, citoyen chargé d’un service public.