Politique pénale et sécurité : Ciotti veut tout changer
Le candidat de la droite à la présidentielle François Fillon veut abaisser la majorité pénale à16anscar « les individus de 16 ou 17 ans profitent de la clémence du système », a-t-il annoncé hier. « Il est donc temps d’en finir avec un système qui ne fonctionne pas. C’est pourquoi je propose de fixer désormais la majorité pénale à16ans», écrit-il dans un communiqué, en allusion « aux récents événements survenus en Seine-SaintDenis ». Il a formulé oralement cette proposition en arrivant, hier après-midi, à Compiègne: « Quand on a 16 ou 17 ans, qu’on attaque un policier, on doit savoir qu’on finira en prison », at-il déclaré à la presse, au côté du député sarkozyste Eric Ciotti. Un abaissement de la majorité
SAMIA GHALI AFFIRME QU’ELLE NE SOUTIENDRA PERSONNE
Voilà qui a le mérite d’être clair. Mais ne participera certainement pas au rassemblement voulu à la rue de Solferino. La sénatrice PS des Bouches-du-Rhône Samia Ghali a annoncé, hier, qu’elle ne parrainerait pas Benoît Hamon, candidat socialiste à la présidentielle, faute de « convictions et de valeurs » communes, assurant par la suite qu’elle ne soutenait « personne ». Interrogée sur le programme de Jean-Luc Mélenchon, la maire des e et e arrondissements de Marseille a affirmé « se sentir franchement proche » du candidat de La France insoumise. « Mélenchon, à la limite, il est plus clair dans ce qu’il dit, a-t-elle ajouté. Mais je ne soutiens personne », pénale à 16 ans était une des propositions de Nicolas Sarkozy, mais cela ne figurait pas dans le programme de M. Fillon. « L’ordonnance de 1945 sur la délinquance des mineurs, bien que modifiée maintes fois, ne permet pas d’apporter une réponse proportionnée aux actes de délinquance commis par des individus de 16 ou 17 ans », a déclaré l’ancien Premier ministre. « Ces jeunes délinquants, lorsqu’ils seront condamnés à des peines de prison, seront incarcérés dans des établissements spécialisés pour mineurs pour les protéger des contacts avec des prisonniers adultes. Cela sera rendu possible par la création de seize mille nouvelles places de prison déjà prévue dans mon programme », a-t-il par ailleurs ajouté. Eric Ciotti est plus que jamais derrière François Fillon. Le député azuréen, qui avait soutenu Nicolas Sarkozy au premier tour de la primaire après avoir été un des plus proches lieutenants de François Fillon en 2012, s’est lancé, sans réserve, dans le soutien au nouveau champion de la droite. Cette fois, pas question de prendre de la distance alors que son candidat est en grande difficulté après le « Penelopegate ». Hier, on l’a vu en boucle sur les chaînes info au côté de François Fillon, au moment où celui annonçait son projet d’abaisser la majorité pénale à 16 ans. Une disposition qui fait partie d’une proposition de loi d’orientation et de programmation pour la sécurité intérieure et de la justice (LOPSIJ) dans laquelle Eric Ciotti développe sa vision Toujours englué dans le « Penelopegate » et en nette baisse dans les sondages, François Fillon a déjeuné à sa demande, hier, avec Nicolas Sarkozy, à la recherche du soutien de l’exhomme fort du parti Les Républicains pour calmer la fronde dans son camp. Le déjeuner, dans les locaux parisiens de l’exchef de l’Etat, s’est « très bien déroulé, dans une ambiance chaleureuse », a assuré l’entourage du candidat de la droite à la présidentielle. « Il est normal de faire un point avec l’ancien président dans le contexte d’une situation générale politique, économique, sociale, internationale extrêmement difficile », ajoute-t-on de même source, en précisant que M. Fillon a également eu son autre rival de la primaire, Alain Juppé, au téléphone hier matin.
Un ticket Fillon-Baroin ? Ironie de l’histoire, François Fillon avait fait de la critique des déboires judiciaires de l’ancien chef de l’Etat un axe de sa campagne à la primaire : « Imagine-t-on le général De Gaulle mis en examen ? », avait-il lancé. Selon des sources LR, le tête-à-tête visait aussi à un donnant-donnant : une aide de Nicolas Sarkozy à François Fillon contre l’engagement de ce dernier à prendre François Baroin à Matignon. Hasard ou pas, le sénateur-maire LR de Tro yes devait pour sa part rencontrer M. Sarkozy en fin d’après-midi. Selon leparisien.fr, en privé, l’ex-président de la République reste très critique sur la situation du moment : « Vous vous rendez compte ! Il m’a fallu deux ans pour remettre la famille en ordre de marche, et il ne lui aura pas fallu deux mois pour raviver toutes les guerres internes. Quel gâchis », répète-t-il en boucle auprès de son entourage. de la politique pénale et de sécurité que pourrait mettre en application un futur gouvernement de droite dans lequel il serait... ministre de l’Intérieur.
Des mesures chocs
Dans cet épais document qui contient un long exposé des motifs et une cinquantaine d’articles comprenant une centaine de mesures, Eric Ciotti propose une réforme d’envergure. Il s’agit, entre autres, de recruter dix mille policiers et gendarmes, de doubler les places de rétention administrative, de créer seize mille nouvelles places de prison d’ici à 2022, en matière de lutte contre le terrorisme de «créer un dispositif de contrôle administratif des individus constituant une menace grave pour la sécurité et l’ordre public», de « créer un régime d’isolement strict pour les détenus radicalisés » , en matière d’exécution des peines de supprimer « la contrainte pénale qui, en rendant l’emprisonnement facultatif pour les délits, affaiblit considérablement la portée de la sanction pénale, de rendre impossible toute libération conditionnelle « avant que le condamné ait effectué au moins les deux tiers de sa peine», de rétablir « les peines planchers en cas de récidive légale», en matière de justice des mineurs « d’abaisser la majorité pénale à 16 ans», de permettre aux officiers de police judiciaire et aux gendarmes « de procéder à des contrôles d’identité sans obligation de justifier au préalable de circonstances particulières établissant un risque d’atteinte à l’ordre public», etc.