A Nice, près de personnes rassemblées en soutien à Théo
Hier, plusieurs manifestations, tendues, ont été organisées en France. Place Garibaldi, le rassemblement citoyen s’est effectué dans le calme, malgré de légères tensions à la fin de la mobilisation
Il est originaire de la banlieue parisienne. 95, Val d’Oise. Nassim a 23 ans. Il est là en soutien à Théo. Un jeune interpellé violemment à Aulnay-sous-Bois, en début du mois. Théo devient une affaire. Un symbole. Un combat. «Celui des violences policières à répétition. Des faits qui ne sont pas isolés», commente une jeune manifestante. Hier, près de 250 personnes se sont rassemblées au niveau de la place Garibaldi, à Nice, pour « Théo et les autres victimes ». Un rendez-vous organisé nationalement à l’appel
(1) d’organisations antiracistes et de syndicats (2). À Nice, la mobilisation est statique. Dans le cortège, il y a des élus de gauche, des jeunes, des anciens. Après les prises de parole officielles comme celle de Mireille Damiano, avocate au barreau de Nice et membre du syndicat des avocats de France, qui plaide « pour un arrêt des contrôles discriminatoires, des contrôles aux faciès » et la mise en place d’un récépissé de contrôle d’identité, la parole est donnée aux manifestants.
« L’impunité doit cesser »
Tour à tour, chacun s’exprime. «Il faut faire très attention à la façon dont on traite les jeunes, parce qu’à force d’appeler les gens racailles, ils finissent par le devenir ». Des prises de parole citoyennes. Symboliques aussi. Nassim était un ami d’Adama Traoré, le jeune homme de 24 ans, décédé en juillet à Beaumont-sur-Oise à la suite de son interpellation. «Pour moi, c’est une obligation de participer à ce rassemblement en soutien à Théo. La police est censée nous protéger. Comment peut-on en arriver là? Je ne crois pas en la justice, parce qu’elle n’existe pas pour nous, parce qu’on vient de banlieue ! » Symbole aussi avec Feiza Ben Mohamed, ex-porte-parole de la Fédération des musulmans du Sud. Nièce de Lahouari Ben Mohamed. «Il a été tué par un CRS de deux balles dans la tête le 18 octobre 1980 à Marseille. Le policier venait de lui dire “Je ne sais pas si c’est le froid mais ce soir, j’ai la gâchette facile…” Alors, si je suis là aujourd’hui, c’est parce que l’impunité doit cesser. La réponse doit être politique mais aussi judiciaire. » Un peu plus loin, l’ambiance se tend. Quelques provocations. Des slogans violents: «flics, violeurs, assassins», scande un petit groupe. Puis, un véhicule de police en circulation se retrouve bloqué. Dans la foulée, un policier est pris à parti : « C’est une vocation de tabasser les gens ? » «Renseignezvous avant de tirer des conclusions hâtives. Vous cultivez la violence », lui rétorque l’homme en uniforme. Quelques minutes de tension, lors de ce rassemblement qui a duré plus d’une heure.