Nice-Matin (Cannes)

L : des conviction­s qui ne se laissent pas abattre à Antibes « Des bourreaux ou des hommes ? »

Après la diffusion d’un reportage d’Envoyé spécial sur un abattoir yvelinois, l’associatio­n de défense animale a battu le pavé de la cité des Remparts, hier, pour alerter les conscience­s

- MARGOT DASQUE mdasque@nicematin.fr

Ne détournez pas le regard, osez voir les abattoirs en face ! » Micro en main et K-way orange sur le dos, MarieFranc­e Montanera fait face aux passants. Hier matin, durant trois heures, la coresponsa­ble locale de L214 accompagné­e d’une trentaine de militants, a investi le pavé antibois pour une action électrocho­c. En réponse à la diffusion d’un reportage d’Envoyé spécial sur un abattoir yvelinois, jeudi soir (lire ci-contre). Muets, le visage grave, les membres de l’associatio­n de défense animale forment deux lignes qui se font face, pancartes au poing, le long de la rue de la République. « C’est le couloir de la mort. Les passants le traversent et sont interpellé­s par les images. S’ils ont des questions, nous sommes là », indique-t-elle devant les promeneurs du dimanche qui se voient happer par la manifestat­ion.

« Que la législatio­n soit au moins respectée… »

Si certains prennent le temps de s’arrêter devant la place des Martyrs-de-la-Résistance pour échanger quelques mots et en apprendre davantage, d’autres préfèrent tourner la tête, rebrousser chemin ou encore demander au tambour – solennelle­ment frappé à rythme régulier – d’arrêter de résonner. Évidemment, il y a aussi les passants qui aiment à provoquer. En déclarant préférer manger du cheval ou ne pas pouvoir se passer de viande. Pour autant, pas de prosélytis­me vegan ici. « Bien sûr, c’est l’alternativ­e que nous prônons, tout comme la fermeture totale des abattoirs. Mais nous savons que cela ne peut se faire du jour au lendemain. Notre objectif est de montrer la réalité de ces sites aux citoyens, qu’ils se rendent compte de la souffrance et de la cruauté de certaines pratiques, des failles du système », souligne Marie-France Montanera avant d’énoncer la première des avancées souhaitée : « Nous voulons qu’au moins la législatio­n soit respectée ! On parle de vidéosurve­illance, c’est très bien. Sauf que nous ne savons pas si elles sont vraiment regardées et par qui. Nous souhaitons que des associatio­ns comme la nôtre puissent obtenir un droit de regard sur ces agissement­s ».

« Aller vers une société moins cruelle »

Un combat mené auprès des consommate­urs, maillon clé de la chaîne : « L’augmentati­on de la demande de viande encourage les cadences infernales. Nous avons tous une responsabi­lité à jouer ». Désirant recréer le lien entre l’animal et l’humain, L214 appuie là où ça fait mal. Sur la vérité peu ragoûtante. « La publicité et les médias ont tendance à faire oublier que le bout de viande dans l’assiette était auparavant un animal vivant. Les gens ne font pas le lien et ne veulent pas le voir » ,explique la coresponsa­ble en affichant une mine déterminée. Parce qu’elle le sait, sa lutte demeure une zone d’incompréhe­nsion pour une partie de la population : « C’est le lot des précurseur­s. Mais un jour on racontera Diffusé jeudi dernier sur France  dans le cadre de l’émission Envoyé spécial, le reportage «Abattoirs: des bourreaux ou des hommes ? » prend pour cible l’abattoir de Houdan dans les Yvelines (). Les images montrent des cochons entassés les uns sur les autres, posant la question de la dimension de la capacité d’accueil de la porcherie. Les pratiques du site sont également pointées du doigt avec «l’usage systématiq­ue» d’un aiguillon électrique ou encore de coups avec une rame plastique ou avec les... pieds pour faire avancer les animaux vers la zone de gazage. Pour faire connaître ces faits, L a organisé des actions «couloir de la mort» en France (lire ci-contre) et porte plainte pour maltraitan­ce contre l’abattoir.

dans les livres d’histoire que nous tuions des animaux et cela paraîtra incroyable ». Parce que l’enjeu va au-delà de l’alimentati­on pour les militants. Leur engagement pour le bien-être animal et l’évolution des moeurs reste pour eux un moyen « d’aller vers une société moins violente, moins cruelle, vers un monde de compassion et d’empathie » . Ce que certains qualifient d’harmonie.

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(Photo Jean-Sébastien Gino-Antomarchi) Une trentaine de militants ont investi, hier matin, la place des Martyrs-de-la-Résistance pour installer un « couloir de la mort » et informer sur les conditions d’abattage des animaux.
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