Nice-Matin (Cannes)

Hamon-Mélenchon : je t’aime, moi non plus

- Par MICHÈLE COTTA

Dans cette élection présidenti­elle, tout est possible. Y compris qu’en fin de course, Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon tombent dans les bras l’un de l’autre. Mais disons-le : de tous les revirement­s, changement­s de cap et autres retourneme­nts qui marqueront peut-être cette campagne, le rapprochem­ent de Benoît Hamon et de Jean-Luc Mélenchon est maintenant le plus improbable. Quelques jours seulement ont suffi pour que le candidat du PS et celui de La France insoumise divorcent avant même d’avoir consommé leur mariage. A peine désigné par la primaire de la gauche, Benoît Hamon avait affirmé sa priorité : refonder, avec les écolos et le mouvement de Jean-Luc Mélenchon, une gauche plurielle, diverse certes, mais unie. Mais, las, la pluralité de la gauche sera sans doute réduite à un duo où socialiste­s et écolo se retrouvero­nt côte à côte. Yannick Jadot, désigné par les Verts comme leur candidat en novembre dernier, a fait savoir que, moyennant quelques concession­s sur Notre-Damedes-Landes et le nucléaire, il pouvait envisager

de rejoindre

Benoît Hamon – à condition que les sympathisa­nts lui donnent le feu vert. Mais il faut bien dire que son ralliement ne bouleverse­rait pas l’avenir de la gauche en France. Ce n’est pas avec les  % dont il est crédité que le nouveau leader des Verts propulsera Hamon au second tour de la présidenti­elle. Jean-Luc Mélenchon, c’est une autre paire de manches. D’abord parce qu’il pense avoir, à gauche, une antériorit­é politique sur Benoît Hamon. Il l’a dit clairement mercredi soir au cours d’un meeting à Strasbourg : il est d’accord pour une candidatur­e unique de la gauche, à condition… que ce soit la sienne! Hamon et Mélenchon ont pourtant échangé un coup de téléphone vendredi, pour convenir d’une rencontre. Bonne volonté que Jean-Luc Mélenchon a assortie d’une lettre demandant « des garanties précises » pour rompre avec le dernier quinquenna­t et son bilan. Quand on sait que Benoît Hamon n’a cessé depuis  de rameuter les frondeurs a l’Assemblée nationale contre la politique de François Hollande, exiger de lui un certificat de rupture était inutile, et inopportun : il a déjà assez de mal à faire oublier par une grande partie des socialiste­s qu’il a été un des principaux responsabl­es de l’échec de François Hollande et de Manuel Valls, il ne va pas au surplus dénoncer publiqueme­nt le PS qu’il tente de réunir aujourd’hui. Pour tout arranger, Mélenchon dans une des formules à l’emporte-pièce dont il est coutumier, a annoncé par avance « qu’il ne s’accrochera­it pas à un corbillard ». Un enterremen­t de première classe pour le PS. Donc, les choses ont tourné court. Benoît Hamon, qui peut-être ne se faisait guère d’illusion, en a tiré la conclusion, depuis le Portugal où il était allé prendre des leçons d’unité de la gauche : il ne courra pas derrière Mélenchon. Mais il fera tout, c’est sûr, pour siphonner ses voix. Il a déjà commencé de le faire, espérant que le « dégagisme », dont parle tellement Mélenchon pour les autres, vaudra d’abord pour lui.

« Il faut bien dire que le ralliement des Verts au PS ne bouleverse­rait pas l’avenir de la gauche en France. »

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