Nice-Matin (Cannes)

Nice : le condamné injurie en toute impunité

Condamné à douze ans de réclusion pour viol en 2000, un ex-directeur d’hôtel, depuis sa libération, agonit d’injures, via Internet, magistrats, journalist­es, avocats

- N. M. C. C.

Préfet raciste», «juges salopards », « journalist­es vendus »,« président voyou», «police Gestapo ». Même son avocat de première instance est traité de « félon ». À longueur de blogs, Rachid Mabed, 64 ans, reconnu coupable de viol et d’agressions sexuelles en 2002 par la cour d’assises du Var, se répand en insultes et injures. S’estimant injustemen­t condamné, il dénonce, depuis sa sortie de prison, un complot tous azimuts avec, en illustrati­on, des croix gammées. Malgré les plaintes répétées de huit personnes, l’ancien directeur d’hôtel à Nice, également enseignant vacataire à l’Université, continue de déverser sa bile… en toute impunité.

Deux condamnati­ons aux assises

L’affaire remonte à 1997 quand Hadjer, une femme de chambre, «étrangère et analphabèt­e », - selon l’accusé, qui n’épargne décidément personne - dépose plainte pour viol. Une autre collègue dénonce également les gestes déplacés du directeur. Des étudiantes l’accusent pour leur part de harcèlemen­t. En tout, une dizaine de femmes se plaignent de son comporteme­nt. Rachid Mabed crie aussitôt au complot, évoque des mensonges sur fond de conflit hiérarchiq­ue, se dit victime d’une cabale en tant que militant des Droits de l’homme. En septembre 2000, la cour d’assises des Alpes-Maritimes le reconnaît coupable de viol et agressions sexuelles et le condamne à onze ans de réclusion criminelle. En appel, les jurés varois ne sont pas non plus convaincus de son innocence. Dans une ambiance délétère, l’accusé, qui s’est attaché les services de Me Coutant-Peyre, (épouse du terroriste Carlos), fait citer des dizaines de témoins, y compris le procureur De Montgolfie­r. Là, encore, les jurés se sont forgés une intime conviction : l’ex-directeur d’hôtel est condamné à douze ans de réclusion. Une sanction que Rachid Mabed n’a jamais acceptée. Dès sa libération, il se déchaîne sur Internet et explique « les vingt preuves de son innocence ». Plutôt que de chercher à obtenir un procès en révision, le docteur Mabed, titre dont il aime se prévaloir dans ses écrits, continue de traiter de« mafieux », ceux, qui, de près ou de loin, ont contribué, selon lui, à sa condamnati­on.

Une page entière

Magistrats, avocats, journalist­es se voient traîner publiqueme­nt dans la boue. Sans que la justice, curieuseme­nt, ne s’en émeuve. « J’ai écrit plusieurs fois depuis 2012 au parquet de Nice mais rien ne se passe ,sedésole ce préfet honoraire, qui se demande si l’affaire a été ou non classée. Ce criminel continue ses menaces. C’est hallucinan­t !»Un journalist­e, dont le seul tort est d’avoir relayé un appel à témoins de la police, qui cherchait à identifier d’éventuelle­s victimes, a droit à une page entière d’insultes avec, en prime, sa photo : « Le préjudice est considérab­le. Quand on tape mon nom sur les moteurs de recherche, cette page injurieuse apparaît. Je ne comprends pas pourquoi, alors que ce monsieur a été auditionné par la police, la justice tarde tant à fermer ces sites. » PROFESSION­NEL

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(Photo S. Botella) Depuis des années, la justice tolère qu’un condamné aux assises insulte magistrats, journalist­es, avocats.

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