« Supercopter »
Avec sa vitesse de pointe à plus de 300 km/heure, le Agusta 109 S peut relier n’importe quel point du département en quinze minutes. Un vrai plus pour les pathologies à risques
Le nouvel hélicoptère du Samu , un Agusta S, peut voler au-delà des km/heure et relier n’importe quel point des Alpes-Maritimes en minutes.
Vous n’êtes qu’à quinze minutes d’intervention maximum de l’hélicoptère du Samu 06. Cet Agusta 109 S, fraîchement livré, plus gros et plus puissant que l’ancien, est capable de rayonner sur le département en un éclair. Le Samu 06 gère également les urgences pédiatriques de l’île de Beauté et en ramène régulièrement des enfants. Plus occasionnellement il peut rallier d’autres départements. Nous avons pu monter à bord cette semaine. Le Agusta 109 S est basé en permanence sur le toit de l’hôpital L’Archet 2. C’est là, dans un modeste bureau équipé d’une chambre, que veillent les équipes de Babcock International. Cette société aéronautique a emporté l’appel d’offres pour équiper les cinq centres Samu de PACA. Le CHU de Nice ne possède donc pas les hélicos, il paye pour un quota d’utilisation quotidienne. Appareil et équipage compris. De 8 h à 20 h dans cette base de vie, un pilote et un assistant de vol sont parés à décoller dans la minute. C’était le cas, une partie de la semaine, pour Hubert Brun, 54 ans, ancien pilote de l’armée, et pour Clément Albert, 29 ans, qui officiait auparavant à la régulation au centre 15, avant de changer de voie et devenir assistant. Dans un coin, une guitare, un ampli, une télévision, un canapé. Au dehors, le spectacle est grandiose. Depuis ce toit terrasse de L’Archet 2, une vue spectaculaire à 360° s’ouvre sur les collines niçoises, l’aéroport, le Cap d’Antibes au loin, et la baie des Anges. «C’est la plus belle base de France », assure Clément Albert. Quelques mètres plus haut, le « supercopter » sommeille. La bête a été révisée par un mécano comme chaque matin, avant qu’un membre du Samu ne vérifie le matériel médical.
Vitesse de pointe à km/heure
Ce monstre effilé développe deux fois 700 chevaux et mesure 13 mètres de long. Ses trains d’atterrissage se rétractent pour lui permettre d’atteindre 311 km/heure en vitesse maximale. « C’est un engin fantastique », confie Hubert Brun, le pilote, les yeux brillants. « Avec une telle machine, on se sent utile chaque jour en ramenant des enfants blessés, des malades du coeur. » Ils sont en permanence deux de chez Babcock. Une équipe du Samu constituée d’un médecin et d’un infirmier les rejoint en cas d’intervention. C’est le Centre 15, à l’hôpital Pasteur 2, qui détermine si, en fonction de l’intervention, l’hélico sera plus utile qu’une voiture. «C’est toujours l’intérêt du patient qui prime,
souligne Christophe Lemesle, praticien hospitalier au Samu 06, responsable de l’unité héliportée. Dans un département comme les Alpes-Maritimes, pouvoir projeter un hélicoptère en quelques minutes dans les villages de montagne est essentiel.» Cette rapidité d’intervention libère également plus vite les équipes du Samu, prêtes à repartir ailleurs. Justement, le téléphone sonne à la base de vie. L’opératrice du 15 annonce une intervention à Gréolières. En quelques pas, et dans un calme impressionnant, Hubert, le pilote, et Vincent, l’assistant de vol, sont dans leur machine. Deux pompiers sont là pour veiller à la sécurité de la plate-forme de décollage. Check list, puis le rotor s’élance. Dans un bruit assourdissant, les 1 400 chevaux du fauve sont prêts à s’élancer. Un stop sur le toit de l’hôpital Pasteur 2, rotor tournant, pour embarquer le médecin et l’infirmier du Samu, et direction Gréolières. C’est là qu’un minot de huit ans s’est fracturé le tibia droit sur les pistes. Puissant, le Agusta 109 S se faufile dans les vallées niçoises puis entre les montagnes. Le spectacle des sommets enneigés est saisissant. Particularité du département : 15% des vols du Samu se font à plus de 5 000 pieds d’altitude. Mais pas le temps de s’attarder. 19 minutes seulement après l’appel et le départ de l’Archet 2, l’hélicoptère se pose sur la route, au pied des pistes de Gréolières. Des gendarmes sécurisent l’atterrissage.
Chances de survie augmentées
Dans une ambulance des pompiers, le jeune garçon fait preuve d’un courage exemplaire, mais souffre le martyre. « Sans l’hélicoptère, on aurait dû lui faire subir une heure et demie de transport par la route alors qu’il est hyper douloureux. Là, en quelques minutes, il sera dans nos services », commente Nicolas Eymeriat, médecin du Samu 06. Pour le papa du garçon, cette présence est rassurante. « Savoir qu’il est pris en charge rapidement, c’est un stress en moins. » «Coquillé» dans une enveloppe gonflable, le jeune patient est embarqué dans l’appareil par la porte latérale. Ce nouvel engin, avec sa cinquième place, permet régulièrement à un parent d’embarquer avec son petit. En quinze minutes chrono, l’hélico dépose le blessé sur le toit de Lenval. C’était la 77e intervention héliportée des anges gardiens du Samu depuis janvier. « Cet hélicoptère permet d’aller prendre en charge très rapidement des pathologies sévères, du type cardiaque », note Marc Latour, directeur des opérations aériennes chez Babcock International. « Être rapide, c’est augmenter les chances de survie très notablement. »