Agir sur le cerveau pour soigner Soins Mauvaises haleine : les réponses sur le bout de la langue (et sur les dents)
La stimulation cérébrale profonde déjà utilisée pour traiter les troubles de la maladie de Parkinson pourrait aider les patients atteints de TOC, de dépression, et du syndrome de Tourette
Intervenir au coeur du cerveau pour mieux contrôler ses failles. L’idée n’est pas nouvelle et nombre de malades de Parkinson ont pu se convaincre de l’efficacité de la méthode. Cette technique utilisée depuis 1987 consiste à implanter des électrodes dans des zones bien spécifiques du cerveau. Reliées à un stimulateur, elles permettent de supprimer les mouvements involontaires. Les scientifiques se penchent désormais sur d’autres applications de cette stimulation cérébrale profonde. Et notamment le traitement de troubles psychiques. « La neuromodulation chirurgicale des comportements est un sujet controversé encore balbutiant», précise le Pr Denys Fontaine, neurochirurgien au CHU de Nice (il a exposé ce principe au grand public lors d’une conférence). Pour autant, elle existe depuis longtemps. La première intervention chirurgicale pour traiter des troubles psychiques remonte à la fin du XIXe siècle. La première leucotomie frontale (une technique chirurgicale consistant à interrompre les voies de communication entre le lobe frontal et le reste du cerveau) a été pratiquée, elle, en 1935. Dans les années qui ont suivi, ce sont les tristement célèbres lobotomies (sections chirurgicales des fibres nerveuses qui unissent un lobe du cerveau aux autres régions) qui se sont multipliées… jusqu’à l’excès. «Entre 1945 et 1955, 50 000 lobotomies ont été pratiquées aux USA, souligne le Pr Fontaine. De très nombreuses critiques se sont élevées contre leur utilisation. Et on a eu tendance à La mauvaise haleine, l’halitose, faut-il le préciser, peut être très gênante : peur de s’adresser à quelqu’un, remarques désobligeantes… Mais à quoi est-elle due ? Traditionnellement, la mauvaise haleine a deux grandes origines : la bouche et le ventre. Des pathologies gastro-intestinales peuvent ainsi dégager des odeurs parfois nauséabondes. Une visite chez le médecin permet d’identifier ou d’écarter l’existence d’une maladie digestive. La seconde grande cause se situe du côté des dents et de la langue. « L’halitose est liée à des problèmes bactériens dans la cavité buccale. Basiquement, il faut imaginer qu’un tassement condamner l’ensemble des traitements chirurgicaux. Aujourd’hui, on commence à y revenir avec les techniques de stimulation cérébrale profonde, mais seulement pour des patients résistant à tous les autres traitements, médicamenteux notamment. »
Une technique réversible et modulable
Le neurochirurgien évoque trois pathologies pour lesquelles la recherche s’emploie aujourd’hui à alimentaire, un morceau de viande par exemple, qui reste coincé pendant plusieurs heures dans une atmosphère humide à 37°C, va dégager des gaz malodorants liés à la multiplication des bactéries, résume le Dr Olivier Comte, président de l’Ordre des dentistes des A.-M. De même, les caries, le tartre vont engendrer une mauvaise haleine. » En conséquence, un bon détartrage et des soins bucco-dentaires vont diminuer sinon stopper l’halitose.
Nettoyer la langue
Mais cela ne suffit pas en cas de facteurs aggravants. Parmi eux, le tabagisme. L’haleine d’un fumeur, les identifier de nouvelles indications de la stimulation cérébrale, avec l’avantage qu’« il s’agit d’une technique non destructive, réversible, modulable et adaptable»: le syndrome de Gilles de la Tourette (caractérisé par des tics moteurs et vocaux), les troubles obsessionnels compulsifs (TOC) et la dépression. Concrètement, les électrodes sont implantées dans des zones préalablement identifiées, associées au symptôme qui pose problème. non-fumeurs le confirmeront, est toujours désagréable. Outre l’arôme de cigarette « Dans le syndrome Gilles de la Tourette, l’hypothèse avancée aujourd’hui est qu’un groupe de cellules nerveuses s’autonomise. Lorsqu’on a eu recours, faute d’autre méthode efficace, à la stimulation cérébrale profonde, des études ont relevé une amélioration des tics dans 60 à 70 % des cas. Attention, il faut garder à l’esprit qu’il s’agit d’un traitement symptomatique: on ne guérit pas de la maladie. » Autre indication, les TOC, des pathologies psychiatriques qui s’associent et la coloration des dents, « le tabac diminue le flux salivaire, donc le nettoyage à des obsessions. Ils engendrent une anxiété importante que ces compulsions tentent de calmer. Par exemple, un comportement répétitif type lavage de main, va avoir pour but d’essayer de calmer une angoisse liée à l’hygiène. « Plusieurs études sont en cours pour évaluer le bénéfice de la stimulation cérébrale profonde chez ces patients ».
Remédier à un dysfonctionnement
Dernière pathologie évoquée: la dépression. « Elle constitue un vrai problème de santé publique, rappelle le neurochirurgien. Les études ont mis en évidence des réseaux qui gèrent l’humeur. Chez les patients sur lesquels les autres traitements n’ont pas donné de résultat, on remarque un groupe de régions du cerveau qui ne changent jamais de fonction. L’idée de la stimulation cérébrale profonde est donc d’agir sur ces zones qui fonctionnent mal. Problème, cela ne fonctionne pour l’instant que chez un patient sur deux. » Toutes les personnes dépressives ne sont bien sûr pas candidates : «La stimulation cérébrale profonde n’a vocation à être utilisée que chez les patients résistants à tous les autres traitements. Par ailleurs, si les résultats sont encourageants, les études cliniques restent très difficiles à mettre en oeuvre. » Et le spécialiste de rassurer les plus sceptiques ou craintifs : il s’agit de soigner un dysfonctionnement, et non d’augmenter une fonction normale. Le transhumanisme n’est pas à l’ordre du jour. naturel de la cavité buccale se fait moins bien, favorisant les maladies parodontales, les caries, etc. », explique le dentiste. En plus des effluves de cigarette, la bouche du fumeur va ainsi dégager des mauvaises odeurs liées aux bactéries.
Antiseptiques en excès
Pourtant, toutes les bactéries ne sont pas nocives. et parfois à vouloir faire mieux, on fait pire. Le Dr Comte met ainsi en garde contre l’utilisation excessive de bains de bouche. « Ces solutions antiseptiques détruisent les bactéries ; d’autres vont alors se développer et les remplacer, risquant d’accentuer les problèmes parodontaux et l’halitose.» Les bains de bouche, oui, mais seulement en suivant les préconisations d’un professionnel de santé : pas plus de 4 ou 5 jours. Enfin, la cause de la mauvaise haleine peut se situer sur la langue. La plaque bactérienne qui y est collée dégage des effluves désagréables. Le nettoyage mécanique (avec un racloir à langue ou grâce au dos de certaines brosses à dents) peut donc régler le problème. Si malgré une hygiène bucco-dentaire impeccable, l’halitose se maintient, mieux vaut consulter un médecin. Parfois, l’haleine est un signal d’alarme pour une pathologie plus complexe.