Le logement de demain
Anticiper les évolutions. C’était l’objectif de la CCI Nice-Côte d’Azur qui a souhaité tendre un pont entre le bilan 2016 et l’état de nos futurs logements en 2030, 2050. Pour construire cette prospective, Jean-Pierre Savarino avait fait appel à deux intervenants qui ont livré des visions parfois étonnantes. Sonia Lavadinho, anthropologue urbaine, a parfois forcé le trait, mais a construit son intervention sur la future mobilité et la totale flexibilité des habitats du futur. « Les réponses fixes fournies aujourd’hui, comme se réchauffer, se laver, se détendre, recharger ses appareils sont grignotées par d’autres solutions. Il y a une concurrence contre l’habitat fixe », a souligné cette consultante en évoquant la fin de l’acquisition sèche « sauf pour l’habitat affectif » au profit « de solutions d’abonnement adaptées aux différentes périodes de la vie et des formes de partage particulièrement flexibles ». Sonia Lavadinho a balayé plusieurs pistes, imaginant la mobilité «dans la voiture de demain » , ou encore « le retour à l’auto-construction stimulée par les techniques d’impression en 3 dimensions ». Peu importe la forme de l’espace de vie, cette experte l’imagine sur le mode «serviciel», peuplée d’un ou plusieurs robots. Mais les promoteurs ou ingénieurs devront se creuser la tête. En conclusion, Sonia Lavadinho a lâché : « Tout habitat devra être “expérientiel” à l’horizon 2030 ou alors sera invendable ! » Les expériences devront ainsi être proposées à la carte. Alain Maugard, second intervenant, ancien président du centre scientifique et technique du bâtiment, a cherché une vision plus proche dans le temps.
Refondation de la ville dans la ville
Sa prospective est adossée à la ville et à son évolution possible, toujours afin de s’adapter à la demande et à la transformation des modes de vie. « Comment vivre autrement dans nos centres urbains existants ? La ville a triomphé partout et il s’agit alors de rester ensemble afin de partager, de construire, ce qui demeure l’intérêt à être en ville », a pointé ce scientifique. Il croit fondamentalement à « la puissance économique de la ville » et souhaite la renforcer. Un tel schéma lui permet de rejoindre certains points évoqués précédemment comme « la mixité des usages de l’habitat et une grande souplesse, le décloisonnement entre le bureau et le logement ». De là à imaginer, tout à la fois, plus d’indépendance énergétique et des gains de productivité grâce au travail collaboratif. Dans son analyse, il s’agit de renforcer la prééminence de la ville, quantitativement en densifiant et qualitativement en adaptant encore davantage les bâtiments, en imaginant, mais en développant aussi plus de concertation. Et en stimulant une idée du beau utile et sociable : « Pour ce qui est de cette alchimie entre la culture locale, une idée de l’art de vivre, le lien avec la nature, le climat et les usages, les conceptions ne sont pas encore à leur maximum sur la Côte d’Azur », a-t-il estimé.