Nice-Matin (Cannes)

A chaque âge sa contracept­ion Prévention L’expert Frottis tous les  ans : un réflexe à adopter

Pilule, stérilet, anneau, implant... il existe une multitude de méthodes contracept­ives. Chaque femme choisit en fonction de son mode de vie celle qui lui convient Pas de symptômes particulie­rs

- AXELLE TRUQUET atruquet@nicematin.fr AX.T.

La pilule pour commencer. Le stérilet après les grossesses. La stérilisat­ion avant la ménopause. La contracept­ion peut évoluer au long de la vie. En fonction de l’âge mais aussi du couple, de ses projets, des contrainte­s en termes de santé. Chaque personne va privilégie­r celle qui lui convient le mieux à l’intant T pour ensuite en changer lorsqu’elle en ressent le besoin. Pour autant rien n’est linéaire. Les jeunes filles ne choisissen­t pas toutes la pilule. Et la stérilisat­ion est loin d’être largement pratiquée. En France en tout cas. Car la contracept­ion a quelque chose de très culturel. D’un pays à l’autre, elle varie (la pilule est très répandue dans l’Hexagone alors que c’est le stérilet qui sera le plus largement utilisé en Asie). Elle est intimement liée aux connaissan­ces, aux habitudes mais aussi à la pratique des médecins. « Dans l’évolution de la vie génitale ou bien suite à certains débats relatifs à des questions de santé publique, les patientes peuvent être amenées à modifier leur contracept­ion. Et les femmes ne sont pas les seules concernées – les hommes aussi –, même si dans la pratique, ce sont davantage elles qui la gèrent. Il m’arrive de recevoir des couples qui viennent s’informer ensemble des différente­s solutions et de rencontrer des hommes cherchant à se renseigner tout particuliè­rement sur les effets secondaire­s d’une pilule chez leurs conjointes», indique le Pr Jérôme Delotte, chef du Pôle Femme-Mère-Enfant du CHU de Nice à L’Archet II. Pour qu’elle soit efficace, la contracept­ion Combien sont-elles à ne plus consulter régulièrem­ent leur gynécologu­e? Combien sont-elles à n’avoir pas eu de frottis au cours de ces cinq, dix dernières années ? Les profession­nels de santé remarquent qu’elles sont nombreuses ces femmes à délaisser leur suivi gynécologi­que, par manque de temps, parce qu’elles ont déjà eu des enfants ou simplement par méconnaiss­ance. Pourtant le frottis, un examen rapide et indolore (consistant à prélever des cellules au niveau du col de l’utérus), permet de déceler des traces de lésions précancére­uses. Un impératif pour éviter que ne se développe un cancer du col de l’utérus, très lent à se déployer mais difficile à traiter une fois installé. Le Dr Vanessa Mathieu-Guérini, gynécologu­e au centre hospitalie­r de la Dracénie, a organisé récemment une opération de dépistage à doit être adaptée au mode de vie, à la personnali­té de la patiente. Ainsi, une hôtesse de l’air qui passe d’un fuseau horaire à l’autre sans cesse ne va peut-être pas s’accommoder d’une pilule, qui doit être prise chaque jour à heure fixe.

Pilule pendant des années : pas de risque

«Concernant la contracept­ion, on observe les mêmes attitudes que vis-à-vis des vaccins : il existe une hétérogéné­ité des renseignem­ents et des analyses personnell­es également hétérogène­s. Face à cette masse d’informatio­ns et en fonction de ses propres connaissan­ces voire conviction­s, chaque individu destinatio­n du personnel de l’établissem­ent, soit plus d’un millier de femmes. « L’objectif de ce type de dispositif est de toucher les population­s qui ne se font plus suivre afin de leur exposer les dernières recommanda­tions en matière de dépistage du cancer du col de l’utérus. Car elles ont évolué: il est désormais préconisé d’effectuer un frottis tous les trois ans à partir de 25 ans.» D’ailleurs, le dépistage systématiq­ue sera proposé partout en France aux femmes âgées de 25 à 65 ans à partir de 2018. Une manière de détecter les lésions précancére­uses avant le développem­ent du cancer.

 nouveaux cas par an

Mais pourquoi est-ce si compliqué de sensibilis­er le public à cette question? Difficile à dire. « Souvent, les femmes sont vigilantes et sont suivies avant et juste après va avoir plus ou moins d’attrait pour telle ou telle méthode », souligne le gynécologu­e. Pilule, implant, stérilet, patch, anneau, courbe de températur­e… Les choix sont légion mais tous ne se valent pas : « Les méthodes naturelles telles que celle du retrait sont hasardeuse­s et plutôt à déconseill­er. En revanche, les dispositif­s médicaux ont fait l’objet d’études et présentent un bon taux de fiabilité. A efficacité égale, le choix doit se porter sur la méthode la plus adaptée à chaque patiente.» Après une grossesse, à l’approche de la ménopause, change-t-on de contracept­ion ? Oui et non, là encore tout dépend de la personnali­té et des choix. Le Pr Delotte remarque leurs grossesses. Ensuite elles consultent moins, par exemple parce qu’elles ont un stérilet, qui, une fois posé, leur garantit une contracept­ion pendant plusieurs années (alors que dans l’idéal il faudrait le contrôler tous les ans) ou parce qu’elles se font délivrer leur pilule par leur pharmacien habituel, sans ainsi que des trentenair­es ont tendance à délaisser la pilule. Pour autant, on ne peut y voir une défiance vis-à-vis de ce dispositif. « Les choses sont plus complexes. En réalité, ces femmes ne délaissent pas la contracept­ion, elles en changent. Parce qu’elles ont évolué dans leur vie, dans leurs habitudes. La pilule qui leur a convenu pendant plusieurs années, elles n’en veulent plus. Les patientes vont être accessible­s à différents discours selon le stade de leur vie, remarque le Pr Delotte. Le gynécologu­e se montre rassurant : non, dans une situation normale et sans pathologie­s ou incompatib­ilités sous-jacentes, il n’y a pas de danger à prendre la pilule faire renouveler leur ordonnance. Elles estiment donc ne pas avoir besoin d’aller chez le gynécologu­e en l’absence de demande particuliè­re ou de douleurs», analyse le Dr Mathieu-Guérini. On recense 6 000 nouveaux cas de cancer du col de l’utérus par an en France. Ce n’est certes pas le cancer « Généralist­e, gynécologu­e, sage-femme... les profession­nels de santé sont là pour apporter une informatio­n complète et guider les femmes dans leur choix. Le suivi médical est ensuite important car il va permettre d’adapter au fil des ans la contracept­ion, d’en changer si elle ne convient plus. Le dialogue est indispensa­ble. Le médecin doit avoir toutes les informatio­ns nécessaire­s, notamment pour mesurer des éventuelle­s contre-indication­s. Le choix thérapeuti­que ne donc pas être biaisé par un discours incomplet, parce qu’une patiente n’aura par exemple pas voulu ou pas osé évoquer des sujets qu’elle considère trop intimes. »

pendant des années, pas plus que le patch ou l’anneau contracept­if. Et de résumer : « Chacun doit pouvoir vivre sa vie sexuelle comme il l’entend. La contracept­ion doit rester une source de liberté, non de contrainte. » le plus répandu mais son pronostic est mauvais s’il est décelé tardivemen­t. « Or, entre la contaminat­ion et l’apparition de lésions précancére­uses, il s’écoule entre 10 et 15 ans. C’est la raison pour laquelle le frottis n’est recommandé qu’à partir de 25 ans. Cet examen est indispensa­ble car il n’y a pour ainsi dire pas de symptômes du cancer du col : ni douleurs ni changement­s particulie­rs.

Dr Vanessa Guérini-Mathieu

Gynécologu­e

D’où le fait qu’il risque d’être détecté tardivemen­t sans frottis régulier », souligne la gynécologu­e. Or à partir du moment où l’examen aura permis d’identifier de telles lésions un traitement conservate­ur pourra être mis en place : elles peuvent être enlevées au laser ou petite chirurgie. En revanche si la tumeur mesure plus de 4 cm, il sera nécessaire de procéder à l’ablation de l’utérus suivi le cas échéant par une radio et une chimiothér­apie. « L’enjeu est donc conséquent pour les femmes encore jeunes ayant des projets d’enfants. Si les lésions sont identifiée­s précocemen­t, il sera possible de mettre en place des solutions pour préserver la fertilité », précise le Dr Mathieu-Guérini. Le jeu en vaut donc vraiment la chandelle. Le frottis tous les trois ans devrait pouvoir trouver une place dans l’agenda même des plus pressées.

 ??  ?? Les méthodes contracept­ives dites naturelles (retrait, températur­e) n’ont une efficacité que limitée. Mieux vaut privilégie­r les dispositif­s médicaux. (Photo archive NM)
Les méthodes contracept­ives dites naturelles (retrait, températur­e) n’ont une efficacité que limitée. Mieux vaut privilégie­r les dispositif­s médicaux. (Photo archive NM)
 ??  ?? Le frottis (tous les trois ans) peut être réalisé par un gynécologu­e, généralist­e, sage-femme où au laboratoir­e d’analyses médicales. (Photo illustrati­on F.F.)
Le frottis (tous les trois ans) peut être réalisé par un gynécologu­e, généralist­e, sage-femme où au laboratoir­e d’analyses médicales. (Photo illustrati­on F.F.)

Newspapers in French

Newspapers from France