Penelope a brisé le silence hier Fillon au h : « Personne ne peut m’empêcher d’être candidat »
Elle était bien là hier après-midi sur la tribune installée place du Trocadéro à Paris, agitant un drapeau tricolore aux côtés de son mari pour le soutenir. Penelope Fillon a également accordé une interview surprise dans le Journal du Dimanche (JDD) parue hier avant le rassemblement des partisans du candidat de la droite. Accusée d’emplois fictifs, l’épouse de François Fillon a brisé le silence hier en clamant avoir bel et bien travaillé et en apportant un soutien total à son mari. « Je lui ai dit qu’il fallait continuer jusqu’au bout. [...] Il n’y a que lui qui peut être président. Être capable d’endurer ça, c’est une preuve de courage remarquable. C’est le seul candidat qui ait l’expérience, la vision, le projet et la détermination nécessaire pour diriger la France », a déclaré Penelope Fillon qui prenait la parole publiquement pour la première depuis que l’affaire a éclaté, il y a jours.
« J’ai fait donner des documents aux enquêteurs »
Revenant sur les accusations dont elle fait l’objet – emplois présumés fictifs comme assistante parlementaire et à La Revue des deux mondes – elle a expliqué avoir effectué des « tâches très variées ». « J’ai fait donner par mon avocat des documents aux enquêteurs : des courriers avec des notations prouvant qu’ils étaient passés par moi, des échanges de mails avec les autres collaborateurs de mon mari ». Mais, si elle a « retrouvé beaucoup de documents pour la période - » ,elleena « peu pour les années antérieures à ». « Qui garde des documents de ce genre datant d’il y a dix, quinze ou vingt ans ? », a-t-elle questionné. N’aurait-elle pas pu faire ce travail sans être rémunérée? «Ilavait besoin de quelqu’un qui accomplisse ces tâches très variées. Si cela n’avait pas été moi, il aurait payé quelqu’un pour le faire. Donc on a décidé que ce serait moi. » Contrairement à son mari qui dénonçait il y a quelques jours un « assassinat politique » et une procédure judiciaire « menée à charge » : elle affirme avoir confiance en la justice et n’a « aucune idée » de s’il y a une machination contre eux. Après un reportage sur le rassemblement des fidèles de François Fillon au Trocadéro et plusieurs témoignages d’électeurs, l’ex-Premier ministre a été questionné par Laurent Delahousse lors du heures de France hier soir. Une invitation qu’il a finalement honorée alors que son «entourage » avait annoncé l’inverse à l’AFP à la mi-journée. Concernant son avenir en tant que candidat à l’élection présidentielle, il a été clair. À la question « allez-vous retirer oui ou non votre candidature ? », il a déclaré : « Ma réponse est non ». « Au Trocadéro, le peuple a montré qu’il était derrière son candidat. Personne ne peut m’empêcher d’être candidat, personne n’a le pouvoir de m’obliger à retirer ma candidature, a-t-il poursuivi. [...] Il y a une chose que je constate, c’est qu’il n’y a pas d’alternative. »
Un « hold-up François Fillon a également envoyé une pique à propos du comité politique Les Républicains (lire ci-dessous) qui doit se réunir aujourd’hui : « L’élection présidentielle n’a jamais été l’élection d’un parti. J’ai été mandaté par une primaire où tous les Français ont pu voter ». Sans oublier
démocratique »
Christian Estrosi, Valérie Pécresse et Xavier Bertrand qui veulent le rencontrer aujourd’hui (lire ci-dessus) : « Ce ne sont pas des présidents de région qui vont prendre ma décision à ma place. » Malgré sa posture plus mesurée au Trocadéro sur la justice, François Fillon n’a pas complètement changé d’optique en comparant le calendrier judiciaire à un « hold-up démocratique ». Pour finir, il a réaffirmé son « innocence » en clamant qu’il n’avait rien à se reprocher « sur le plan légal. » Selon l’entourage d’Alain Juppé, le maire de Bordeaux et l’ancien chef de l’État se sont parlé samedi soir pour étudier « les sorties de crise ». Les proches de Nicolas Sarkozy ont confirmé cette conversation. Hier soir, Alain Juppé a annoncé sur son compte Twitter qu’il « fera une déclaration à la presse demain [aujourd’hui, ndlr] à Bordeaux à 10h30 ». Plus tard dans la journée à partir de 18 h, le comité politique Les Républicains (LR) se réunira au siège du parti à Paris en présence de François Fillon. Le but : « Évaluer la situation à sept semaines de la présidentielle », avait indiqué le parti dans un communiqué.
Le comité « ne peut pas peser à lui seul » « Le comité politique, j’en fais partie. C’est une douzaine de personnes, a expliqué hier Bruno Retailleau, coordinateur de la campagne du candidat de la droite sur le site d’Europe 1. Vous pensez bien qu’un comité politique peut examiner une situation, mais il ne peut pas peser sur une situation à lui seul, c’est tout. [...] La question derrière tout ça, c’est la légitimité ». derniers jours ont invoqué le parjure de François Fillon, ayant annoncé qu’il se retirerait s’il était mis en examen, une position qu’il ne défend plus aujourd’hui. D’autres ont fortement désavoué le rassemblement du Trocadéro, craignant qu’il ne se transforme en vaste manifestation de rue hostile aux magistrats, rédhibitoire pour un futur président chargé de faire respecter leur indépendance. La réalité est que ce sont là des raisons invoquées, mais qui n’auraient pas entraîné une hémorragie massive si Fillon avait continué de caracoler dans les sondages. François Fillon a été plus habile hier : il a changé de ton, admis qu’il avait fait des erreurs, n’a pas dit un mot sur ce que lui-même avait appelé un « complot médiatico- judiciaire » mais il n’a pas changé sur le fond : l’élection primaire a fait de lui le seul candidat légitime de la droite et du centre, personne ne l’est autant que lui, son programme a été largement préféré par les électeurs en novembre dernier, et le plan B consisterait à désavouer, ou plus, à trahir les millions d’électeurs qui l’ont désigné à la fin de l’hiver dernier. Retirer sa candidature ? « Ma réponse est non », a-t-il martelé au JT de France hier soir. Bref, n’étant pas « autiste », Fillon a accepté de se rendre au comité politique LR ce soir, pour afficher sa détermination, autant que pour dissuader ses membres d’avoir recours au plan Juppé qui selon lui, conduirait, comme toute autre combinaison, à l’échec. Il a rappelé, hier, que l’élection présidentielle ne résultait pas d’une désignation d’un état-major de parti. Sans préjuger de ce qui se passera demain, dans ces instants ou tout change d’heure en heure, et notamment lorsqu’Alain Juppé sera enfin sorti de son silence, François Fillon n’a pas baissé les armes.