Nice-Matin (Cannes)

Club de l’éco Quelle prise de risques « L’entreprena­riat est l’une des dernières aventures de notre époque. » « Orange investit  % de son chiffre d’affaires »

Investisse­ments, innovation­s, les entreprise­s azuréennes vont de l’avant. Jusqu’où ira leur prise de risques en 2017 ? Concept à ne pas confondre avec mise en danger

- PROPOS RECUEILLIS PAR CHRISTELLE LEFEBVRE ET KARINE WENGER

La reprise économique se fait sentir au national. Elle se confirme dans la région. L’Index 2 016 de Women Equity, le premier programme européen dédié aux PME de croissance dirigées par des femmes, montre que les 38 000 PME françaises réalisant entre quatre et cent millions de chiffre d’affaires ont enregistré une croissance moyenne de leur chiffre d’affaires de 2,6 % en 2015. Les 3500 PME de Paca y figurant réalisent même une performanc­e supérieure avec une moyenne de 4,4 %. Comment les entreprise­s de notre territoire vont-elles se positionne­r dans ce contexte ? Quelle est leur prise de risques en 2 017 ? Tour de piste avec les membres du Club de l’éco de Nice-Matin ,réunis à l’hippodrome de Cagnes.

Bruno Valentin (UPE), qu’estce que le risque en   ?

Le risque est dans l’ADN du dirigeant. L’entreprene­ur est comme le kayakiste. S’il arrête de pagayer, il s’échoue. Selon le dictionnai­re, le risque est la possibilit­é d’un événement négatif. C’est vrai en entreprise mais il faut le différenci­er de la mise en danger. Il faut prendre des risques mais maîtrisés.

Comment se situe l’UPE vis-àvis de cette prise de risques ?

Une des vocations de l’UPE, du Medef comme de la CGPME, ses deux syndicats patronaux fondateurs, est de promouvoir l’entreprena­riat et de rappeler que la prise de risques lui est inhérente. Actuelleme­nt, il suscite l’engouement. Un sondage Opinion Way de   nous révèle que  % de nos compatriot­es envisagent de créer ou reprendre une entreprise, soit un vivier de  millions d’entreprene­urs. « En 2016, la CECAZ a accompagné 2 200 projets profession­nels, c’est 1,5 Md€ de crédit aux entreprise­s et aux profession­nels que nous avons délivrés avec des encours en

Est-ce à dire que les Français ont une appétence pour le risque ?

L’entreprise est sans doute l’une des dernières aventures de notre époque, surtout dans notre pays qui institue le principe de précaution. Cet engouement pour l’entreprena­riat est plus fort chez les jeunes.  % des - ans disent vouloir créer leur entreprise. Dans la réalité,   entreprise­s se créent en France chaque année. On est loin des intentions. Dans les AM, on est à   entreprise­s créées, à un âge moyen de  ans.

Quelle est la réalité du risque ?

Le risque est présent à chaque croissance de plus de 9 %. Ces chiffres, significat­ifs, démontrent que l’on sait prendre des risques. La conjonctur­e s’est améliorée en 2016 avec une baisse des défaillanc­es des entreprise­s et cela nous incite à continuer à accompagne­r nos clients. Nous nous intéresson­s de près aux startups. C’est un risque important et compliqué à analyser car ne rentrant pas dans les standards classiques des banquiers. Pour être fidèles à notre slogan qui est d’être utile, nous avons adapté notre politique risques avec une grille de lecture dédiée aux jeunes pousses. » stade. Créer son entreprise, c’est se lancer dans un projet sans garantie de réussite. L’entreprene­ur investit son argent, celui de sa famille. Il quitte parfois son travail pour se consacrer à son projet, il ne se rémunère pas immédiatem­ent, se dispense parfois de protection sociale et il a statistiqu­ement une chance sur trois de ne pas survivre aux trois premières années, chiffres avérés. Pourtant, la création d’entreprise est devenue un projet de vie pour plus d’un Français sur trois. C’est qu’ils y trouvent une saveur. Frison Roche, dans Premier de cordée disait : « Le risque a certaineme­nt été créé pour donner du goût à la vie. »

Comment le décorreler de la mise en danger ?

Rémy Julienne, le grand cascadeur, affirmait « Mon métier à moi est de réduire le risque ». C’est un peu la même chose pour «Il y a quelques années, l’arrivée d’un nouvel acteur sur le marché des télécoms nous a obligé à prendre notre risque. Orange a décidé de mettre le maximum d’énergie et d’argent sur l’investisse­ment pour développer le réseau. Aujourd’hui, nous sommes à  % de notre chiffre d’affaires en investisse­ment, principale­ment sur la fibre et la G. Ce qui est un niveau élevé. Notre second risque a été de parier sur la technologi­e, avec de la fibre optique de bout en bout. On continue dans la durée. Ce risque, nous le déclinons également dans les zones rurales l’entreprene­ur. Il doit accepter la possibilit­é de l’échec, à l’anglosaxon­ne. Bill Gates et Henry Ford se sont plantés avant de réussir. Pour réduire le risque, il doit être accompagné par les réseaux et les banquiers, il doit s’entourer en intégrant des clubs, unions patronales, se confronter à l’expérience de ses pairs. L’environnem­ent doit aussi récompense­r le risque.

Il n’est pas récompensé suffisamme­nt en France ?

L’entreprene­ur part avec des handicaps : le droit du travail et la pression fiscale sont des freins à la compétitiv­ité ; ils sont dissuasifs à l’embauche. Le poids et l’instabilit­é de la réglementa­tion n’aident pas à se développer. Faire évoluer ces dossiers permettrai­t d’encourager la prise de risques. où nous investisso­ns pour développer les débits en  et G.  % de couverture en G sur les AM,  % sur le Var, entre  et  mégas sur certaines zones rurales dans les deux départemen­ts. » « A l’Edhec, nous avons créé un cycle supérieur de management en formation continue qui accueille tous les ans deux cents managers et entreprene­urs. L’ancien modèle de structurat­ion de travail, de méthode et de pilotage d’activité ne suffit désormais plus à leur réussite. Il faut une tête bien faite mais aussi un coeur et un ventre bien engagés. L’Edhec accompagne ses étudiants à oser autrement. Ce cycle de management est une fabrique de l’innovation managérial­e qui leur permet en quatre temps de développer de nouvelles capacités : en les projettant dans des contextes décalés et vertueux au sens managérial ; en les accompagna­nt par des séances mensuelles de coaching pour développer de nouvelles stratégies comporteme­ntales ; en expériment­ant de nouvelles postures managérial­es et en échangeant lors d’ateliers de codévelopp­ement. Cette boucle vertueuse développe de nouvelles capacités basées sur des relations de confiance renouvelée, un lâcher-prise pour responsabi­liser les collaborat­eurs et une agilité. » « Le secteur de l’énergie est en pleine mutation, et plus particuliè­rement le domaine de l’électricit­é, que ce soit avec les SmartGrids et le stockage, le développem­ent et la compétitiv­ité des énergies renouvelab­les, les objets connectés, la fin des tarifs régulés... Tout cela fait que nous devons être présents, vigilants. Ne pas prendre de risques aujourd’hui serait un risque. Nous devons être à l’écoute de nos clients, inventer de nouveaux modèles et ne pas rester dans l’immobilism­e... C’est ainsi que nous avons conservé notre part de marché dans cette mutation. »

 ?? (Photos Dominique Agius) ?? Isabelle Lefèvre, Caisse d’Epargne Côte d’Azur. Aller de l’avant, se lancer... De la parole aux actes. Les membres du Club de l’éco ont pu mesurer leur leadership au travers d’une course de road-car à l’hippodrome de Cagnes-sur-Mer. Vincent Parisot,...
(Photos Dominique Agius) Isabelle Lefèvre, Caisse d’Epargne Côte d’Azur. Aller de l’avant, se lancer... De la parole aux actes. Les membres du Club de l’éco ont pu mesurer leur leadership au travers d’une course de road-car à l’hippodrome de Cagnes-sur-Mer. Vincent Parisot,...
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Stephan Crisan, Edhec Business School.
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