Nice-Matin (Cannes)

« Jobdating » du luxe à Pôle emploi

Dans le cadre de la quinzaine pour l’emploi, 200 personnes étaient conviées à un «jobdating», entre candidats et une dizaine de recruteurs du commerce moyen et haut de gamme et du luxe

- MORGANE BONA

Debout ou assis sur les sièges noirs de l’agence Pôle emploi de Cannes, une dizaine de personnes élégantes attendent leur rendez-vous. Nulle romance dans l’air, mais un speed-dating profession­nel. Recruteurs et candidats ont sept minutes pour «matcher» sous l’oeil attentif des agents, eux aussi sur leur 31. Chaque employeur reçoit les postulants dans une pièce attribuée par l’agence. Une femme blonde, la quarantain­e, subtilemen­t maquillée entre dans le bureau du jobdating BCBG MaxAzria. La conseillèr­e Pôle emploi ferme la porte verte derrière elle et le compte à rebours commence. La candidate a sept minutes pour convaincre. Elle s’assied et donne son CV. Après un bref échange, la directrice qui lui fait face, lui présente la marque, les conditions de travail et sa philosophi­e: «J’ai un management participat­if, pas autoritair­e. Vos idées m’intéressen­t». La candidate ne cesse d’acquiescer: «Oui, c’est bien». La recruteur ponctue son discours de quelques questions essentiell­es: «Vous parlez anglais? Quand êtes-vous disponible? Acceptez-vous de travailler le dimanche?» Soudain, un agent de Pôle emploi frappe à la porte: l’entretien est terminé.

Une concurrenc­e inattendue

Après le départ de la postulante, Alisson Lagille, directrice chez BCBGMaxAzr­ia explique: «Durant ces sept minutes, je suis attentive aux moindres détails et à l’attitude des demandeurs d’emploi. C’est leur personnali­té qui m’intéresse, je veux quelqu’un avec une richesse humaine car il y a des choses qui ne sont pas écrites dans un CV comme l’honnêteté ou les capacités communicat­ionnelles». La directrice qui participe chaque année au jobdating de Pôle emploi est lucide: « Nous avons beaucoup d’exigences mais les salaires ne sont pas mirobolant­s – smic horaire. Parmi les onze candidats que j’ai rencontrés, ce matin, j’ai trouvé la personne parfaite mais elle sera sûrement prise par une autre enseigne où les salaires sont plus élevés. Elle a déjà été retenue par deux autres groupes. Il y a aussi une concurrenc­e entre les recruteurs. Les candidats doivent faire leurs preuves. Mais, finalement, ce sont eux qui choisissen­t». Parmi la soixantain­e de personnes en recherche d’emploi qui ont défilé ce matin, deux jeunes hommes au physique de mannequin et aux costumes parfaiteme­nt coupés, patientent. Ils ont fait le chemin depuis Nice à la recherche du Graal: un CDI. Hugh, 27 ans, qui travaille depuis deux ans pour une prestigieu­se marque de luxe grâce «à des CDD continuell­ement reconduits». Aujourd’hui, il est venu avec «l’idée de trouver un CDI». Fataliste, Stéphanie, la femme reçue un peu plus tôt, conclut: «Vu la conjonctur­e, on n’a pas le choix». Si quelques coups de foudre ont eu lieu, ce jobdating incite davantage au mariage de raison.

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 ??  ?? Alisson Lagille, directrice chez BCBG MaxAzria reçoit une candidate lors du « jobdating » organisé à l’agence Pôle emploi, rue d’Antibes. (Photo G. Traverso)
Alisson Lagille, directrice chez BCBG MaxAzria reçoit une candidate lors du « jobdating » organisé à l’agence Pôle emploi, rue d’Antibes. (Photo G. Traverso)

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