Insertion professionnelle : dur... dur d’être une fille
Selon l’Insee, l’entrée dans la vie active pour les jeunes femmes est plus difficile en région Paca qu’ailleurs en France. Les inégalités hommes-femmes en matière de chômage sont plus marquées
Aujourd’hui c’est la journée des droits des femmes. C’est acté. C’est un fait. Et ce n’est pas nouveau. Les filles réussissent mieux leur scolarité que les garçons. C’est le cas en Provence-AlpesCôte d’Azur comme partout ailleurs en France. En 2014, leur taux de réussite au bac s’établissait à 89,4 % dans la région, soit 4,7 points de plus que les garçons, selon une étude régionale de l’Insee, rendue publique à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes ,etintitulée « Des inégalités femmeshommes tout au long de la vie ». À 17 ans, les jeunes filles sont aussi plus souvent scolarisées que leurs homologues masculins. L’écart de scolarisation atteint 3,2 points en PACA. C’est le différentiel le plus élevé de toutes les régions de France. Après ? Après, ça se gâte...
, % de chômage pour les - ans
Les femmes sont, par exemple, sous-représentées dans les filières sélectives post-baccalauréat. En PACA, comme ailleurs, elles poursuivent moins souvent leurs études en classes prépa aux grandes écoles que les garçons. Seulement 2,6 % des étudiantes y étaient inscrites en 2013. C’est, certes, davantage que dans la plupart des régions de France, mais l’écart avec les garçons (2,5 pts) est aussi plus important qu’en moyenne nationale. Ensuite ? Et bien, ça se complique encore un peu... Mauvaise élève, la Région l’est particulièrement lorsqu’il s’agit d’évoquer l’insertion professionnelle des jeunes femmes. En Provence-Alpes-Côte d’Azur, c’est plus difficile qu’ailleurs ! Le taux de chômage des femmes âgées de 25 à 29 ans est nettement plus élevé que celui des hommes (respectivement 21,3 % et 18,7 %). À l’instar des autres régions du sud, les inégalités hommes-femmes en matière de chômage des jeunes sont particulièrement marquées. Le taux d’activité des femmes âgées de 30 à 65 ans en PACA est aussi plus faible que celui des hommes : 71,3 % des femmes participent au marché du travail contre 80,5 % des hommes en 2013. Cet écart – (9,2 points) – est le plus élevé de l’hexagone, après la Corse et les Hauts-de-France. Une (minuscule) lumière au bout du tunnel toutefois : au cours des dernières années, la participation des femmes de 30 à 65 ans au marché du travail s’est accrue dans la région. Le taux d’activité a augmenté de 3,5 points entre 2008 et 2013 : c’est davantage que dans les autres régions.
Salaires : encore des inégalités
Et si on parlait salaires ? Rien de neuf sous le soleil. Les revenus sont une autre source d’inégalités. Ceux des femmes de 30 à 65 ans sont inférieurs de 27 % à ceux des hommes. Un écart identique à la moyenne nationale. Pour autant, les salaires des « Provençales » figurent parmi les plus élevés de France. Au même niveau qu’en Auvergne-Rhône-Alpes, par exemple, où les écarts hommesfemmes sont encore plus marqués (28,6 %). Et cette dernière donnée interroge Anne-Gaël Bauchet, directrice d’Alter Egaux, agence azuréenne de conseil en égalité. «Ça m’interpelle vraiment, mais ça me réjouit aussi. On va essayer de comprendre et d’analyser ces chiffres qui nous étonnent ». En revanche, pour le reste, rien d’étonnant. Alter Egaux connaît les « particularités » de la Région en matière d’insertion professionnelle des femmes. Les connaît et tente, surtout, d’y remédier. « Nous avons mis en place avec la préfecture le « Club égalité des Alpes-Maritimes ». Et l’un de nos axes de travail et de réflexion est la place des femmes dans l’économie du département». Preuve du chemin qu’il reste à parcourir. « Il y a moins de femmes actives en Paca qu’ailleurs, moins de créatrices d’entreprise. Il y a aussi davantage de temps partiels », dit encore la directrice d’Alter Egaux.
Plus de femmes pour moins de métiers
Avec un début d’explication selon Anne-Gaël Bauchet. «Ilya,ici,une plus grande concentration de filles qui s’orientent vers très, très peu de métiers ». Sur les 486 emplois référencés par Pole Emploi, la moitié des hommes se concentrent sur 68 métiers, la moitié des femmes sur 24 seulement dans les Alpes-Maritimes. « C’est donc, de fait, plus difficile pour les jeunes femmes que pour les jeunes garçons. Cela fait plus de femmes sur moins de métiers ». Ces inégalités et ces difficultés « propres » à la région peuvent aussi trouver une explication plus « culturelle ». « On est presque au coeur d’un cliché, plus on descend vers le sud, plus la culture est latine, plus il y a d’inégalités professionnelles. C’est le cas à l’international. Il y a moins d’inégalité dans le monde du travail dans les pays nordiques par exemple ».