Nice-Matin (Cannes)

E. Ciotti: «Tout le monde doit pousser dans le même sens» C. Estrosi: «La droite n’a jamais gagné en courant derrière le FN» Parrainage­s: Hamon, Macron, Arthaud et Dupont-Aignan aussi «qualifiés»

Resté fidèle à François Fillon dans la tourmente, le député niçois invite sa famille politique à faire corps sans états d’âme derrière un programme dont il estime qu’il ne faut rien changer

- TH. P. PROPOS RECUEILLIS PAR THIERRY PRUDHON tprudhon@nicematin.fr

Le député azuréen Eric Ciotti est de ceux qui ont fait front dans la tempête. S’il a douté, il a réussi à bien le cacher. Il appelle à l’unité de sa famille derrière un projet dont François Fillon « ne doit rien changer », juge-t-il.

N’ayant pas lâché Fillon, vous voici plus ministrabl­e que jamais s’il réussit à être élu…

Le débat n’est pas là. Le débat est de gagner une élection qui est loin de l’être. Le moment est à la mobilisati­on générale et je vais me mobiliser plus que jamais pour contribuer à la victoire de François Fillon. Nous avons l’immense responsabi­lité de porter l’espérance de l’alternance pour la France. Je me refuse à imaginer le choix terrifiant entre l’imposture Macron, qui accuse la France de crime contre l’humanité depuis l’Algérie, et l’impasse Front national.

Fillon va-t-il indiquer les noms de son Premier ministre et de ses principaux ministres éventuels ?

Ce choix lui appartient. Personne ne peut lui imposer quoi que ce soit. Ses choix seront les bons. Christian Estrosi a plaidé tout le week-end pour un retrait de la candidatur­e de François Fillon. Il n’a pas été entendu. Bon gré mal gré, il appelle donc au rassemblem­ent derrière le lauréat de la primaire, tout en incitant ce dernier à mettre un peu d’eau dans son attitude… «François Fillon a fait le choix de rester. Il est donc notre candidat par la légalité de la primaire. Parce que je ne veux pas que l’on vole l’alternance voulue par les Français et que je sais la responsabi­lité qui est la mienne, il m’appartient d’être un facteur de cohésion », souligne en préambule le président de la Région.

« Nos électeurs sont divisés »

Il enchaîne cependant : « On voit bien aujourd’hui que nos électeurs sont divisés. Il y a ceux du Trocadéro, que je respecte, et ceux qui ont douté, que j’entends aussi… Alors oui, je vais faire campagne pour cette alternance

Un ticket Fillon-Baroin serait-il une bonne chose à vos yeux ?

François Baroin est depuis longtemps une personnali­té majeure de notre vie politique, il préside l’Associatio­n des maires, il a la confiance des territoire­s, a été très proche de Jacques Chirac, a été ministre de Nicolas Sarkozy face à la crise internatio­nale. C’est un homme solide. Son engagement aux côtés de François Fillon est un atout majeur. Après, il revient à François Fillon et à lui seul de composer son équipe.

Alain Juppé a eu des mots très durs envers lui. Comment François Fillon peut-il éviter l’éclatement de votre électorat, alors que votre parti lui-même s’est déchiré?

Cette épreuve que nous traversons a, je crois, soudé notre électorat. Elle a pu inquiéter des élus, on l’a vu, mais finalement nos électeurs nous ont indiqué la seule voie possible, celle de l’unité et du rassemblem­ent. Ils l’ont fait de façon éclatante, dimanche au Trocadéro. Je souhaite que tous ceux qui ont douté se retrouvent dans l’unité pour faire campagne que veulent nos électeurs. Et en même temps, je dois veiller à ne pas fracturer la société niçoise ni régionale. » Et d’inviter François Fillon à montrer « qu’il est capable de faire l’unité, de rassembler, notamment en parlant aux plus modestes. Je ne peux pas me résoudre à voir le FN monter et donner le sentiment qu’il est le seul à pouvoir parler à tous ceuxlà. Il n’y a aucun exemple qui montre que c’est en courant derrière le FN que la droite a gagné. Les électeurs veulent que l’on parle à tous. Il faut cesser de chercher le plus petit dénominate­ur commun ». Christian Estrosi, visiblemen­t froissé par certains mots prononcés dimanche, demande aussi à François Fillon de « respecter la parole donnée, les élus, les institutio­ns et la justice. Mes conviction­s gaullistes, je n’entends pas laisser les convertis de la dernière heure les remettre en cause. » autour de François Fillon. Lui est dans l’état d’esprit d’unir et de fédérer. Aujourd’hui, tout le monde doit pousser dans le même sens. C’était le sens des réunions que nous avons eues ces deux derniers jours, où le soutien à François Fillon a été unanime. Toutes les forces doivent à présent être additionné­es pour nous faire gagner. Cette épreuve a eu au moins une vertu essentiell­e, celle de démontrer la solidité et la force de caractère de François Fillon. S’il a supporté ces attaques, il pourra faire face demain à n’importe quelle épreuve, ce qui est loin d’être le cas de ses concurrent­s. Fidèle parmi les fidèles, de tous les combats que menait ces derniers jours François Fillon pour revendique­r sa légitimité de candidat à la présidenti­elle, Eric Ciotti ne compte toujours pas parmi les élus à avoir « présenté » François Fillon au Conseil constituti­onnel (1). Comme n’apparaît toujours pas le parrainage du directeur de campagne de Marine Le Pen, le sénateur-maire de Fréjus, David Rachline. Avec plus de 7 781 parrainage­s enregistré­s par les Sages, sont « qualifiés », aux côtés de François Fillon (1 789), Emmanuel Macron (1074), Benoît Hamon (1039), Nathalie Arthaud (557) et Nicolas Dupont-Aignan (559). Marine Le Pen (483), François Asselineau (480), ne sont pas loin de franchir la ligne… Avec 356 parrainage­s, Jean-Luc Mélenchon a encore un peu de chemin à parcourir. Enfin Alain Juppé a enregistré 242 parrainage­s, et François Baroin 5. Voici la liste des nouveaux parrainage­s publiés hier, J’imagine mal de donner la responsabi­lité du feu nucléaire à M. Macron, qui revendique son inexpérien­ce.

Pour regagner les points perdus, Fillon va-t-il recentrer son discours pour parler aux électeurs de Macron ou le droitiser pour toucher ceux de Le Pen ?

Ni l’un ni l’autre. Il ne doit pas changer le projet sur lequel il a été élu, le meilleur de tous, le seul capable de redresser notre pays, de lui éviter le déclasseme­nt et de permettre qu’y soit restaurée l’autorité républicai­ne pour mieux protéger les Français. La pire des erreurs serait d’édulcorer ce projet ou de le durcir. François Fillon doit rester fidèle aux propositio­ns qui ont reçu l’assentimen­t de trois millions de Français à la primaire.

Mais comment pourrez-vous récupérer ces électeurs qui, même de droite, ont été choqués par le fossé entre les discours de chevalier blanc de Fillon et ses pratiques, quelle que soit leur légalité ?

Notre responsabi­lité va être de concernant les Alpes-Maritimes. Ils parrainent François Fillon : le maire de Levens Antoine Véran, la conseillèr­e départemen­tale Valérie Sergi, le maire de Bouyon Jean-Pierre Mascarelli, le maire de TourretteL­evens Alain Frère, les conseillèr­es les convaincre de la gravité du moment et des enjeux. Cette affaire a pu instiller un doute, je l’ai mesuré, mais je sens depuis quelques jours que beaucoup de nos électeurs ont désormais envie de se concentrer sur l’essentiel. Et beaucoup sont révoltés par l’acharnemen­t inédit que subit François Fillon. Il a trente-six ans de vie politique et n’a jamais fait l’objet de la moindre affaire. C’est un homme d’intégrité. Ce qu’il a fait s’inscrit dans un cadre totalement légal, même si, comme il l’a reconnu, ces pratiques ne doivent plus avoir lieu et posent des questions morales évidentes.

Et les nouvelles révélation­s du Canard enchaîné ?

C’est une non-informatio­n sur un prêt qui a été intégralem­ent remboursé depuis. Je m’étonne que personne ne s’intéresse, en revanche, aux prêts dont bénéficie monsieur Macron et à la différence entre ses revenus et son patrimoine. départemen­tales Nicole Merlino-Manzino, Josiane Piret, Marie Benassayag, Sylvie Servella-Cipollini et Chantal Azemar-Morandini, la conseillèr­e régionale Julie Flambard, le maire du Rouret Gérald Lombardo, le maire de Cannes David Lisnard, le maire de Valdeblore Fernand Blanchi, le maire de Peymeinade Gérard Delhomez, le maire de Tende Jean-Pierre Vassalo et le maire de Mandelieu-La Napoule Henri Leroy. Ils parrainent Marine Le Pen : les conseiller­s régionaux Jean-Pierre Daugreilh, Anne Chevalier, Olivier Bettati, Benoît Loeuillet, Philippe Vardon, Anne Kessler, Claude Jaboulet, Lionel Tivoli et Nathalie Pavard. La conseillèr­e déartement­ale Marie-Louise Gourdon parraine Benoît Hamon. Le maire de Toudon JeanLouis Pucetti parraine Emmanuel Macron. Le maire de Gourdon, Eric Mele, a adressé un parrainage pour Alain Juppé. Enfin, le maire de Caille, Yves Funel, parraine Rama Yade, et le maire de La Roque-en-Provence, Joseph Valette. soutient François Asselineau.

 ??  ?? De haut en bas et de gauche à droite : Benoît Hamon, Emmanuel Macron, Nathalie Arthaud et Nicolas Dupont-Aignan. (Photos AFP et PQR/L’Est républicai­n)
De haut en bas et de gauche à droite : Benoît Hamon, Emmanuel Macron, Nathalie Arthaud et Nicolas Dupont-Aignan. (Photos AFP et PQR/L’Est républicai­n)
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