Nice-Matin (Cannes)

VOILE Destremau : « Inhumain ! »

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Seul en mer depuis trois mois, Sébastien Destremau est le dernier concurrent du Vendée Globe, une course qu’il qualifie malgré tout de « fabuleuse » et qu’il devrait clore demain ou samedi aux Sables d’Olonne. Le Toulonais, marin d’aventure de  ans, est en manque de nourriture et après avoir eu les cotes cassées, devrait franchir la ligne après  jours de mer, pour se classer e.

Vous connaissez des conditions de course très difficiles mais pourtant vous semblez avoir le moral...

Ça changerait quoi si je n’avais pas le moral ? C’est exactement la même chose, je

‘‘ n’ai pas encore vu de supermarch­é sur la route ou de station essence pour faire le plein ! Il faut faire avec ce qu’on a. Je préfère bien vivre ce qu’il se passe, ce n’est que de la nourriture, ça ne met pas en péril le projet. C’est un détail par rapport à la difficulté de l’épreuve elle-même. Alors par contre, ça parle à tout le monde. Quand on est terrien, on mange matin, midi et soir et quand on a faim on ouvre le frigo et on se sert. Elle est ennuyeuse cette difficulté mais elle n’est pas importante, elle n’empêche pas le bateau de naviguer. Le bateau doit couper la ligne d’arrivée, par la porte par la fenêtre mais il faut qu’il coupe la ligne d’arrivée.

Vous en rêvez de cette ligne d’arrivée ?

Ouais. Je rêve d’entendre le coup de sifflet. On tire un trait, un vrai trait. On ne peut plus se prendre un chalutier, démâter, ou autre. Ce moment-là, je l’attends avec énormément d’impatience, depuis le départ. Tant qu’on n’a pas coupé, on n’a rien fait. Rien.

Comment qualifieri­ez-vous l’expérience que vous vivez depuis le départ, le  novembre ?

Je n’ai qu’un seul mot pour décrire ce qu’est le Vendée Globe : c’est inhumain. C’est un mot qui peut être négatif mais il ne l’est pas. Ce n’est peutêtre pas inhumain pour les premiers, qui vivent autre chose, qui ont un objectif de résultat. Mais c’est inhumain de faire  jours. Ça n’existe nulle part ailleurs, il n’y a rien de comparable à ça. N’importe où dans le monde, vous tirez la sonnette d’alarme et on vient vous cherchez en hélicoptèr­e. Là, il peut se passer jusqu’à dix jours de navigation pour retoucher terre. Ce n’est pas humain ça. Mais c’est absolument fabuleux. Et on n’est pas des surhommes. On est tout à fait normaux mais on s’est mis dans une situation inhumaine.

Avez-vous peur ?

J’ai peur tout le temps. Peur constammen­t que ça s’arrête. Le moment le plus difficile que j’ai traversé a été quand le bateau s’est retourné dans l’océan indien et que je me suis cassé les côtes. Là je n’ai pas eu peur. Mais j’ai cette peur lancinante et constante de ne pas savoir si dans cinq minutes vous serez encore debout en train de marcher vers

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