Victimes d’attentat : il y aura un Centre de résilience à Nice Promenade des Anges : « Une excellente décision »
La secrétaire d’État à l’aide aux victimes, Juliette Méadel, a annoncé la création d’un centre de ressources et d’expertise national qui gérera quatre structures territoriales, dont une à Nice
Juliette Méadel, la secrétaire d’état à l’aide aux victimes, vient d’annoncer la création d’un Centre national de la résilience. Une structure calquée sur ce qui existe en Israël depuis des dizaines d’années. Il sera relié à quatre centres de soins. Et l’un d’entre eux se sera implanté à Nice. Une décision prise en concertation avec le président de la République.
Pourquoi cette création ?
Nous avons pris cette décision après avoir reçu les conclusions d’un rapport de Françoise Rudetzki, fondatrice de SOS Attentats. Nous avons souhaité mettre en place un centre de ressources et d’expertise de la résilience au niveau national, comme préconisé dans le rapport. Mais, pour préciser les conditions de sa création, j’ai demandé à un inspecteur général des affaires sociales et à un inspecteur général des finances de me remettre un rapport avant la fin du mois d’avril sur les conditions administratives et les modalités de sa mise en oeuvre. Il me faut évidemment un cadrage juridique et un cadre financier. Il faudra aussi déterminer les règles de la gouvernance de ce centre. Il fonctionnera comment ? Ce centre de recherche mettra en réseau des centres territoriaux expérimentaux. Nous souhaitons qu’il y en ait quatre - en région parisienne, à Lyon, à Toulouse et à Nice - ce qui résulte des propositions des experts et de notre expérience collective.
Ces quatre centres fonctionneront comment ?
Ils seront ouverts à la consultation des victimes. Ce sera, donc, des centres de soins qui permettront par les retours d’expériences des psychologues et des psychiatres qui y “Cela
nous paraît être un projet très intéressant, une excellente décision. Pour être, moi-même, en suivi thérapeutique, je sais à travailleront, de nourrir la recherche du centre national. Cela permet à la fois de soigner la victime et de faire progresser la recherche. Cela permet aussi d’être ouvert à toutes les techniques qui sont actuellement en discussion. D’être ouvert à toutes les approches, comme l’approche psychanalytique ou psychiatrique, ou encore les techniques EMDR (). Cela nous permettra d’avoir un réel retour sur expérience et de faire progresser la recherche sur la résilience afin de mieux aider la victime à se reconstruire. quel point c’est important d’avoir des thérapeutes formés aux psychotraumatismes. Il y a encore des victimes de Nice qui n’ont pas entamé de thérapie.
Les centres soigneront aussi les enfants ?
Je souhaite que chaque centre dispose d’un service de pédopsychiatrie, car c’est un manque actuellement. Nous manquons de psychiatres formés aux psychotraumas des enfants. C’est grave de ne pas aider un enfant qui a vu un attentat parce que les séquelles risquent d’être considérables pour la suite de son existence.
A Nice, le centre pourrait être lié à Lenval ?
Pourquoi pas, mais cela reste bien évidemment à préciser, on en est au tout début. On travaille beaucoup avec Florence Azkenazy, (professeur de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, chef de service à Lenval, NDLR). C’est sûr, ce que ce qui a été fait à Lenval après l’attentat est remarquable, ça m’a beaucoup inspirée. Lenval a des techniques pédopsychiatriques inédites. On a rarement eu des prises en charge aussi complètes. D’autres l’ont fait mais n’ont pas trouvé de réponses. Ces centres vont dans le bon sens” Emilie Petitjean, présidente de l’association Promenade des Anges « Un merveilleux malheur ». Publié en 1999, l’ouvrage de Boris Cyrulnik (Éditions Odile Jacob) proposait pour la première fois une plongée dans le concept de résilience. Sous ce terme jusque-là abscons se cache cette belle aptitude humaine à surmonter des souffrances, à survivre « en dépit du stress ou d’une adversité qui comporte normalement le risque grave d’une issue négative ». L’art de rebondir, en quelque sorte. Le succès considérable de cette notion de résilience tient à son message d’espoir ; selon Boris Cyrulnik, le malheur n’est pas une destinée, rien n’est définitivement inscrit, on peut toujours s’en sortir. Même lorsque l’on a vécu des traumatismes aussi graves que la perte d’un parent, l’abandon, la maltraitance physique ou psychologique, la violence sexuelle, la guerre, etc… Quels mécanismes sous-tendent cette résilience ? Confronté à la « folie » des adultes, l’enfant, pour «survivre» à l’horreur de la situation, dissocie sa souffrance de sa pensée consciente. Une forme de déni qui lui permet de ne pas voir une réalité dangereuse ou de banaliser une blessure trop douloureuse. Les autres mécanismes de défense sont la rêverie, l’intellectualisation, l’abstraction et enfin l’humour, une arme très utilisée par Boris Cyrulnik, qui confiera ainsi : « Moi, on m’a aidé parce que je passais mon temps à faire le pitre ». Notons que les psychanalystes sont plutôt opposés au concept de résilience, qui prône selon eux l’adaptation sociale au détriment du besoin légitime de vérité, faisant ainsi obstacle à la résolution de nos souffrances.