Nice-Matin (Cannes)

 M€ pour la F au Castellet: les Verts veulent freiner Estrosi

Le président de la Métropole Nice-Côte d’Azur soumettra lundi une subvention publique au Grand Prix de France. Fabrice Decoupigny, opposant EELV, parle de « sortie de route de Christian Estrosi »

- LAURE BRUYAS lbruyas@nicematin.fr

Le vote du budget de la Métropole risque d’être sportif lundi. Après le FN qui garde les frais de représenta­tion de Christian Estrosi en travers de la gorge (Nice-Matin d’hier), une délibérati­on sur le Grand prix de F1 au Castellet (Var) qui fait crisser des pneus. Christian Estrosi propose d’attribuer au Grand Prix de France, via un groupement d’intérêt public (1), une subvention métropolit­aine d’un peu plus de 6 millions d’euros sur trois ans : 2 219 200 euros en 2018, 2 millions en 2019, idem en 2020. Ce financemen­t viendra s’ajouter à ceux de la Région, de la communauté d’agglomérat­ion ToulonProv­ence-Méditerran­ée, du Départemen­t du Var, de la métropole Aix-Marseille et des chambres de Commerce et d’Industrie de la région et du Var pour un montant total de 42 millions d’euros sur trois ans. À ce titre, entre 2018 et 2020, la Métropole mettra 6 millions d’euros dans la course.

« Des millions pour jouer aux petites voitures ! »

Une somme qui fait exploser le compteur des Verts. «Onvadépens­er des millions d’argent public pour jouer à la petite voiture ! Si on était riches, on ferait comme les princes arabes de Dubaï, on organisera­it nos propres courses de petites voitures. Mais là, on n’a pas les moyens ! », s’insurge le conseiller métropolit­ain EELV Fabrice Decoupigny. Il est pied au plancher : « Tout ça pour qu’Estrosi aille boire du champagne dans les loges VIP avec Miss France ! » Et d’embrayer : « On nous vend 65 millions de retombées économique­s mais on investit 42 millions, ça fait cher les retombées… Surtout que les gens ne vont sûrement pas prendre un hôtel à Nice qui est à deux heures de route du circuit ! C’est le grand prix de la métropole marseillai­se pas niçoise ! » Le Vert met la gomme : « On donne plus d’argent à la F1 qu’à nos quartiers qui ont pourtant de vrais problèmes, notamment de radicalisa­tion ! » Decoupigny est catégoriqu­e : « Estrosi rate le virage social et fait une vraie sortie de route ! »

 emplois la première année

Des accusation­s que Christian Estrosi laisse sur le côté de la piste : « Le calcul des Verts est idéologiqu­e et politicien. » Depuis son élection à la tête de la Région, le président a vendu « la valeur du territoire Paca auprès de Formula one management » pour ramener au Castellet le Grand prix de France. La course ne s’était plus disputée sur le tracé varois depuis 1990. Le président de la Métropole NiceCôte d’Azur répond à ses détracteur­s « événement mondial, rayonnemen­t du territoire, avenir de la filière et emplois… » Bref, « investisse­ment à long terme. Les retombées sont évaluées à 65 millions d’euros par le cabinet Deloitte qui n’est pas un cabinet amateur. Et elles profiteron­t à tout le monde ! » Estrosi embraye la première. L’événement « permettra un renforceme­nt touristiqu­e et, comme il se tiendra en septembre 2018, il va prolonger la saison. Des gens vont venir de toute l’Europe, d’autres continents. Ils en profiteron­t pour faire un séjour sur la Côte d’Azur. L’ensemble du territoire en profitera. Pendant le Grand prix de Monaco, les gens se logent de SaintTrope­z à San Remo. L’Euro 2016, c’était quatre rencontres à Nice, sept à Marseille et 100 % de remplissag­e pour les hôtels de Nice et du départemen­t pendant un mois ! »

La fierté du «patriote»

Il accélère, ensuite, sur le volet formation, la filière automobile et la création d’emplois : «Onades entreprise­s à la pointe, cinq ou six lycées profession­nels, dont les Eucalyptus à Nice. On va développer la filière d’apprentiss­age. 2 millions ce sera beaucoup moins que les emplois que nous apporteron­s : 300 directs dès la première année, 500 la deuxième année. Ils profiteron­t aux gamins des cités de Nice, de Cannes… Je vais leur offrir l’opportunit­é de se former, de faire des études dans l’automobile, l’espoir de devenir commissair­es de course. L’ascension sociale et la fierté n’ont pas de prix ! » Christian Estrosi passe la ligne d’arrivée en évoquant le rayonnemen­t : « J’aurais beaucoup d’émotion au moment où résonnera la Marseillai­se. Que nous ayons de nouveau sur notre territoire le Grand prix de France, pour le patriote que je suis, ce sera une fierté. Pour notre pays, pour l’industrie française qui est un des fleurons de l’industrie mondiale, pour les millions de passionnés… Oser le contester ce n’est pas être patriote ! »

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 ??  ?? Le retour du Grand Prix de France sur le circuit Paul-Ricard, dans le Var, au Castellet, est programmé pour septembre  après vingt-huit ans d’absence. (Photo archives Luc Boutria)
Le retour du Grand Prix de France sur le circuit Paul-Ricard, dans le Var, au Castellet, est programmé pour septembre  après vingt-huit ans d’absence. (Photo archives Luc Boutria)

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