Les grandes étapes du chantier maritime
« Jusqu’à présent, tout s’est passé comme prévu », se félicite Régis Adeline. Débutés en fin d’année dernière, les travaux préparatoires du site, portant essentiellement sur l’aspect environnemental (lire page suivante), seront achevés à la fin du mois. « Par rapport à ces travaux préparatoires maritimes, je pense qu’on est vraiment à la pointe de ce qui se fait », ajoute Jean-Luc Nguyen, énumérant au passage d’autres réalisations accessoires comme la reprise « d’émissaires ». Ces tuyaux et autres canalisations à reprendre en sous-terrain avant d’ériger une dalle homogène vouée à accueillir le futur écoquartier. Enfin, la pose d’un mur antibruit pour atténuer les nuisances des riverains qui, une fois bouclée, marquera la bascule sur la phase de travaux proprement dits. Pour ériger 6 hectares de surface habitable sur la mer, les engins devront travailler jusqu’à 50 mètres de profondeur et s’accommoder d’un dénivelé actuellement irrégulier. En l’occurrence, une pente plus accentuée côté Fairmont que côté Grimaldi Forum. Durant le nivellement, puis la phase de remblai, le pire ennemi des chefs de chantier sera la turbidité. Toutes ces particules en suspension dans l’eau de mer et potentiellement nocives si elles se propageaient dans la Méditerranée. En complément de modélisations des courants effectuées en amont, des contrôles drastiques de la qualité de l’eau (lire ci-dessous) auront lieu pour garantir, aussi, la baignade sur les plages du Larvotto cet été.
■ D’avril à mai : enlèvement des enrochements Les premiers navires et engins investiront la baie du Larvotto dans les derniers jours de mars pour « préparer le sol ». Suivra le renfort d’une impressionnante pelle excavatrice, avec ponton d’une trentaine de mètres, qui chargera les enrochements actuels dans des chalands. Seule une partie des enrochements situés au pied de la digue sera enlevée. Autant de pierres qui seront ensuite acheminées vers un port italien pour reconditionnement.
■ Mai à septembre : aspiration de tous les sédiments Les sédiments nichés dans les eaux couvrant la future extension seront extraits en deux fois. La première étape consistera à enlever les vases polluées, « des poches de sédiments de vase, en profondeur, qui présentent un petit peu de pollution ». Une pollution dite « classique », puisque résultant de résidus d’hydrocarbures. « Bouygues les enlèvera avec toutes les précautions nécessaires grâce à des bennes étanches. Ils seront ensuite envoyés dans un centre de retraitement situé à Toulon », détaille Régis Adeline. Leur transit par la mer achevé, des analyses complémentaires évalueront la quantité restante au fond. La deuxième étape se résumera alors à plonger au fond de l’eau « une sorte d’aspirateur géant » à filtres. Une drague aspiratrice censée laisser le terrain vierge.
■ De septembre à la rentrée : phase de remblai Les eaux et profondeurs assainies, la réalisation du remblai pourra débuter. «Un gros talus avec une pente qui va suivre le contour extérieur du projet. » La pièce maîtresse de l’opération débarquera dès septembre 2017. Un bateau de 200 mètres, empli de remblai d’assise, qui travaillera sans arrêt en journée. Ces gros gravillons, de 2 à 18 centimètres de diamètre, seront déchargés sous l’eau et obligeront le navire à effectuer des rotations de deux jours vers son port d’attache. Initialement Toulon, puisque les pierres devaient provenir d’une carrière du Revest. Des plans récemment contrariés par une polémique soulevée par des élus du Var. Effectuées à l’aide d’une tête plongeuse, ces opérations ne seront pas visibles depuis la terre ferme et font l’objet de demandes de dérogation pour être réalisées jusqu’à une heure du matin.
■ D’avril à février : création de la « ceinture » du projet Au-dessus de ce remblai compacté sera déposé un remblai hydraulique. 600 000 m3 de sable de dragage en provenance du Nord de la Sicile. 18 caissons de 86 000 m3 de béton armé, préfabriqués dans le port de Marseille puis remorqués jusqu’à Monaco, seront ensuite minutieusement « échoués » dans l’eau pour former la ceinture du projet (voir photos). «Ilyaunegéométrie particulière à respecter, une tolérance de pose très faible », insiste Régis Adeline.
■ Février à fin : opérations de bétonnage La ceinture du projet érigée, l’activité sur le chantier s’accélérera. Un remblai intérieur précédera la finition des caissons par un bétonnage et un dépôt de sable vibrocompacté. Restera deux « accroches » à réaliser. « Deux types de jonction. Une côté Fairmont pour le petit port d’animation. La deuxième, côté Larvotto, où il conviendra d’enlever le reste des enrochements (lire précédemment) » pour réaliser une jonction propre entre l’extension et le littoral actuel. Fin 2020, l’infrastructure maritime sera ainsi terminée. « Après, ce sera une opération importante, mais classique, de bâtiment. » (lire page 5).