Abel, le Toulonnais gouverneur d’Algérie
Une barbe ! Quelle barbe ! On avait rarement vu aussi longue barbe à l’Assemblée nationale que celle du député varois Jean-Baptiste Abel. Oh, bien sûr, elle n’avait rien à voir avec celle d’un certain Louis Coulon de Montluçon qui, à l’époque, était considérée comme la barbe la plus longue de France, atteignant... 3 mètres 35 ! Mais elle était quand même spectaculaire. Jean-Baptiste Abel est né à Toulon en 1863. Son père, Alphonse, qui faisait commerce de ses vignes et de ses oliviers dans la France entière, fut premier adjoint du maire Noël Blache à Toulon. Jean-Baptiste Abel accomplit ses études au lycée de cette ville, fit son droit puis devint juge de paix, toujours à Toulon. Décidant de se lancer dans la politique, il devient à 28 ans, conseiller général du Var. À 30 ans, le voici député. À l’Assemblée nationale, il participe à plusieurs grandes commissions dont celles de la guerre, de la marine et de la justice, puis est rapporteur de celle du budget. Le 12 janvier 1894, il devient secrétaire général de l’Assemblée nationale, tout en ayant été élu à l’âge de 31 ans président du conseil général du Var. Lors des élections de 1898, il est battu par le socialiste Prosper Ferrero. Ayant mis pendant dix ans entre parenthèses sa carrière politique au profit de l’exercice du droit à la cour d’appel de Nîmes, il reviendra au Parlement en 1910 en ayant battu, à nouveau dans le Var, le socialiste Maurice Allard. En juin 1914, il devient ministre du Travail dans le cabinet d’Alexandre Ribot, sous la présidence de Raymond Poincaré. On ne peut pas dire qu’il fera beaucoup de travail dans le ministère du même nom… car ce gouvernement sera l’un des plus courts de l’histoire : il durera… trois jours. Constitué le 9 juin, il sera dissout le 12 . Trop âgé pour partir à la guerre, il fonde à Toulon le « Comité d’assistance pour les femmes de marins et soldats nécessiteux » qui dispensera son aide pendant le conflit mondial.
Il démissionne du poste de gouverneur de l’Algérie
Au lendemain de la guerre, il est toujours dans l’Hémicycle, viceprésident de l’Assemblée. Il est réélu député lors des élections du 16 novembre 1919. Tout en conservant ses fonctions parlementaires, il est nommé en Lorsque le mars , Mgr Jean-Pierre Sola (-) évêque de Nice, pose la première pierre d’une future église, il ne se doute pas que ans plus tard, elle deviendra une basilique. Et pourtant, sa construction ne fut pas si simple. Vers , le diocèse de Nice décide de répondre aux devoirs religieux des hivernants fortunés, qui se sont installés sur la rive droite du Paillon. Le quartier en plein essor n’a comme lieu de culte que deux modestes chapelles perdues dans la campagne, aujourd’hui disparues. Il y avait donc un besoin urgent d’un nouvel édifice religieux.
Le maire préfère financer le train
Le diocèse qui n’a pas les finances suffisantes s’adresse au maire François Malaussena. Ce dernier refuse de financer le projet donnant priorité aux infrastructures ferroviaires - on lui doit l’arrivée du chemin de fer à Nice et la construction de la gare en . Cherchant le moyen de lever des fonds, Mgr Sola nomme le père parisien Alexandre Lavigne ( –) comme curé administrateur de la future église. À ce titre, il le charge juillet de la même année gouverneur général d’Algérie. La période est dure pour cette colonie française. Cent soixante-treize mille de trouver le financement. En , le curé ouvre une souscription auprès des Niçois. Enthousiastes, ils organisent des ventes de charité et des quêtes publiques dans toute la France. Pour compléter les dons, il n’hésite pas à aller en Angleterre solliciter la générosité des Algériens sont allés combattre dans les tranchées de la Première Guerre mondiale, 25 000 y ont perdu la vie. En guise de reconnaissance, familles, qui passent leurs hivers à Nice. Les fonds arrivent et les travaux débutent en mars , sous la direction de l’architecte parisien Charles Lenormand (-), concepteur de la cathédrale de Monaco. De style néo-gothique, l’église s’inspire de la cathédrale de Paris avec trois porches, une la France a promulgué une loi, le 4 février 1919, afin de donner la nationalité française à ces Algériens qui ont combattu. À Abel de la mettre en application ! Mais cette loi est irrecevable pour une majorité d’Algériens, car elle exige que les postulants à la nationalité française renoncent à la religion musulmane et aux pratiques telles que la polygamie. Des tensions locales commencent à se faire sentir, exacerbées par les difficultés d’alimentation dues à deux années de mauvaises récoltes à cause de la sécheresse. Jean-Baptiste Abel sollicite l’aide de Paris pour obtenir des denrées alimentaires d’urgence – notamment de la farine. Paris ne répondant pas, JeanBaptiste Abel se rend lui-même dans la capitale pour demander audience auprès du président du Conseil Aristide Briand. Mais celui-ci ne prend pas la peine de le recevoir. Abel revient dépité à Alger. Il donnera sa démission le 22 juillet 1921. Rentrant à Toulon meurtri, il tombera malade et s’éteindra deux mois plus tard dans sa ville natale, où une rue porte désormais son nom. rosace et deux tours carrés de mètres de hauteur. Posée sur l’avenue de la gare - aujourd’hui Jean-Médecin - elle est baptisée Notre-Dame de l’Assomption en référence à l’ancienne cathédrale du château.
La ville rachète les créances
L’édifice est livré au culte le mai , alors que sa construction n’est pas terminée. Il faudra attendre dix ans pour son achèvement définitif, car du fait de la guerre de et du décès du père Lavigne (), les ressources viennent à manquer. En , la ville de Nice rachète les créances, devient propriétaire et termine les travaux. L’église achevée en n’est consacrée que le mars par Mgr Louis-Marie Ricard (-) évêque de Nice. Elle est élevée au rang de basilique le avril sur demande du pape Paul VI.