Nice-Matin (Cannes)

Grasse doit battre Castanet

- LEANDRA IACONO R.K.

Le VTT n’est déjà pas le sport le plus médiatisé qui soit. Alors quand il est au féminin, il l’est forcément encore un peu moins. La France compte pourtant dans ses rangs deux pointures mondiales de l’enduro, cette discipline qui allie descente et cross-country, à savoir Cécile Ravanel et Isabeau Courdurier. Ou autrement dit, la championne du monde 2016 et sa dauphine. La première a 36 ans, une carrière bien remplie, et commence à penser à la reconversi­on. La deuxième représente, à 23 ans, l’avenir de son sport. La compétitio­n aurait pu les éloigner, elle les a au contraire rapprochée­s. Parce que toutes les deux ont trouvé dans cette rivalité un moyen de continuer à grandir. « Isabeau commence à pousser. Mais moi, je ne veux pas me faire battre par une petite jeune », sourit Cécile Ravanel, avant d’ajouter plus sérieuseme­nt. «Si elle continue comme ça, elle peut être leader mondial pour les dix prochaines années ». « Pas tant qu’elle est là, rétorque sa cadette, j’arrive à rivaliser sur certaines spéciales, mais elle est souvent loin devant moi. Rouler contre Cécile, c’est une sacrée chance. ».

« Une discipline à risque »

A Levens hier, premier jour de la manche d’ouverture de la coupe de France d’enduro, la hiérarchie a été respectée. Au terme des 3 spéciales, c’est l’aînée qui a pris la tête du classement provisoire avec 33 secondes d’avance sur sa poursuivan­te. Sans rancune. «Ona la chance de pratiquer un sport dans lequel la concurrenc­e est positive, explique Cécile Ravanel, il y a beaucoup de bienveilla­nce et de solidarité. On se bat contre nous-mêmes, jamais contre les autres. C’est une discipline à risque. Aujourd’hui, tout va bien, mais une chute est vite arrivée. On ne va pas en plus se mettre des bâtons dans les roues. » Au-delà de leur talent en VTT et de leur bonne humeur communicat­ive, Ravanel et Courdurier sont très différente­s sur les pistes. La native de Fréjus, alors que l’âge amène d’habitude à la prudence, est du genre à prendre beaucoup de risques. Trop même parfois. « Je n’aime pas trop freiner, sourit-elle. J’ai besoin d’adrénaline pour faire de bonnes performanc­es ». « Je me rappelle qu’une fois sur une compétitio­n en Argentine, je l’avais ramassée dans un buisson », se marre sa camarade, qui confie quand même envier la capacité de son aînée à y aller tout schuss.

Passage de témoin

« Cécile arrive à débrancher le cerveau, là où moi, je suis beaucoup trop dans le calcul. J’ai encore du mal à me lâcher. » Encore plus ici à Levens sur un terrain cassant et dur pour les organismes, alors que les deux jeunes femmes doivent s’envoler la semaine prochaine en Nouvelle-Zélande pour la reprise du championna­t du Monde. « On sait qu’on a besoin de rouler, justifie Isabeau Courdurier, mais on n’a pas envie de se blesser. C’est compliqué à gérer. On reste un peu crispé. » Il sera difficile de réitérer sur la scène internatio­nale la performanc­e de la saison dernière, où les deux Françaises avaient terminé aux deux premières places du podium. Mais cette année marquera sans doute encore un peu plus la passation de pouvoir entre deux vététistes qui s’apprécient beaucoup et qui pourraient à l’avenir allier leurs forces. Cécile Ravanel confie : « On a évoqué ensemble la possibilit­é que je devienne son entraîneur après ma carrière. Mes partenaire­s m’ont demandé de rouler encore 2 ans. En attendant, je coache des juniors. C’est un peu mes cobayes, pour être prête au moment Messieurs Dames Juniors voulu ». Une possibilit­é qui enthousias­me clairement Isabeau Courdurier. « J’ai un entraîneur qui m’a fait énormément progresser. On s’entend très bien. Mais il ne faut pas oublier que même si nous faisons un sport d’homme, nous sommes quand même des femmes. Cécile sait ce que ça représente. Et puis, son palmarès parle pour elle.» En attendant cette prometteus­e collaborat­ion, les deux Françaises n’ont pas fini de se tirer la bourre. Cet après-midi à Perdigon (15h30), le Rugby Olympique de Grasse (8e - 18 pts) accueille Castanet-Tolosan (5e - 42 pts) avec la volonté de confirmer sa victoire à Dijon. L’occasion est belle pour les Rouge et Bleu de faire un break définitif sur les deux dernières formations du championna­t. « Face à Dijon, ce n’était pas gagné d’avance, souligne le président, Eric Berdeu, c’est d’autant plus une belle victoire face à un adversaire direct pour le maintien qui a donné un gros moral à tout le monde. Concernant Castanet, une victoire combinée à une défaite de Dijon à Graulhet, nous donnera une belle avance pour le maintien.» Depuis quelques matches, le ROG affiche un état d’esprit remarquabl­e et propose du jeu. En dépit de résultats inégaux, les Grassois sont sur la bonne voie comme face à Lavaur avec un retour d’enfer pour terminer le match sur un nul 29-29. Cet après-midi, il faudra proposer le meilleur visage possible pour déstabilis­er la formation de Haute-Garonne et enchaîner par un deuxième succès de rang. « On ne doit pas anéantir tout ça par une défaite à la maison. La victoire est obligatoir­e » confirme le président.

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Cécile Ravanel et Isabeau Courdurier ont toutes les deux commencé par le crosscount­ry avant de poursuivre leur carrière en enduro. (Photos Leandra Iacono)
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Isabeau Courdurier dans les rues de Levens.
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Le ROG retrouve Perdigon.(Photo X.D.)

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