Nice-Matin (Cannes)

Serge Lapeyre, cordonnier passionné

Serge Lapeyre, 67 ans, est à la tête de New Service, 10 rue Jean-Jaurès, créé en 1973 par son père Georges. Mais son savoir-faire s’est diversifié, grâce à son fils, Guillaume

- GAËLLE ARAMA garama@nicematin.fr

En cette semaine nationale de l’artisanat, nous avons décidé de mettre à l’honneur les savoirs faire locaux. Confrontés aux mutations de notre société, ces talents manuels, précieux, souvent ancestraux, sont de plus en plus rares. Chaque jour, un portrait d’artisan sera l’occasion de mieux comprendre ses problémati­ques économique­s, ses aspiration­s profession­nelles et son amour, le plus souvent, intact, pour son métier... Une boutade à l’une. Un regard rieur à une autre. «Mesdames, je ne pense qu’à vous!», plaisante, derrière son comptoir, Serge Lapeyre. «Bien nommé hein! Lapeyre… de chaussures…». Gouailleur, le commerçant facétieux est tombé tout petit dans la cordonneri­e. «Ici, on est comme à la maison», glisse une sexagénair­e ravie.

« C’est agréable d’inventer »

C’est que l’enseigne affiche près de 44 ans de bons et loyaux services dans le quartier de la gare. C’est le père de Serge, Georges Lapeyre, qui ouvre la cordonneri­e en 1973 au 10 rue Jean-Jaurès. «À l’époque, Cannes comptait 65 cordonnier­s. Il y avait même une chambre syndicale. Aujourd’hui, on doit être 3 ou 4». Pour autant, le chiffre d’affaires est toujours en progressio­n. Mais si l’affaire est encore au top, c’est que l’enseigne qui emploie quatre personnes a su se diversifie­r grâce aux compétence­s du fils de Serge, Guillaume, 22 ans. « Aujourd’hui, on fait 20 % de réparation de chaussures. Le reste, clefs, plaques profession­nelles, mais aussi clefs électroniq­ues de voitures qu’il faut reprogramm­er. Pour ce faire, nous avons investi dans des machines», précise le cordonnier. «Mais mon métier d’amour reste la cordonneri­e. C’est agréable d’inventer. Je ne m’en lasse pas.» Aucun talon usé ne résiste à ses doigts d’or. L’artisan répare les paires des marques les plus prestigieu­ses, «qui ne sont d’ailleurs pas forcément de bonne qualité ». Avec les Louboutin et leurs semelles d’un millimètre, Serge Lapeyre s’arrache un peu les cheveux. Et s’amuse à remettre à neuf des sacs en croco de ses clientes poudrées.

Manque de stationnem­ents

Côté réaménagem­ent du quartier, le cordonnier historique du secteur est beaucoup moins enthousias­te. «Le quartier a beaucoup évolué, sans notre accord.» Le commerçant peste contre la disparitio­n des 23 places de stationnem­ent à proximité au profit des bus. « J’ai perdu 20 % de clientèle du bassin cannois pour ces problèmes de stationnem­ent », glisse celui qui vient à vélo à sa boutique depuis le pont de Lyon. La retraite ? Devant ses étagères peuplées de souliers, et ses murs recouverts de clefs, Serge Lapeyre sourit. « Mon père a arrêté à l’âge de 75 ans, alors…»

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 ??  ?? La réparation des souliers : plus que  % de l’activité.
La réparation des souliers : plus que  % de l’activité.
 ??  ?? Clefs classiques mais aussi clefs électroniq­ues ....
Clefs classiques mais aussi clefs électroniq­ues ....
 ?? (Photos Gilles Traverso) ?? Un métier toujours manuel...
(Photos Gilles Traverso) Un métier toujours manuel...

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