Un jeune ensemble de talent au «Cercle Musical»
Dimanche dernier, au salon Croisette du Majestic Barrière, le « Cercle musical de Cannes » et sa présidente Sophie Dupont-Coderch recevaient un trio de jeunes musiciens au talent prometteur. Après qu’un hommage a été rendu à notre amie Aurore Busser, nous avons eu le plaisir d’entendre la clarinettiste Laure Paris, le pianiste Alain Pietka et l’altiste Nicolas Garrigues réunis pour l’une de leurs premières apparitions sur scène à l’initiative de l’association qui offre aux jeunes la possibilité de se produire devant un public choisi et les aide dans leur parcours en leur offrant des bourses. Le trio n’avait pas choisi la facilité avec un programme exigeant qui commençait par le célèbre trio « Les Quilles » de Mozart. C’est à une fort agréable conversation musicale que nous avons assisté, chacun démontrant son souci de l’équilibre sonore. Un beau partage qui augurait bien de ce moment privilégié passé dans un cadre des plus agréables.
Lyrisme et passion
Avec les « Marchenerzahlungen » opus 132 de Schumann, l’on entrait dans le vif du sujet. Cette musique signe les caractéristiques d’un romantisme qui oscille entre lyrisme et passion et dont l’écriture met en valeur la diversité des sentiments et des émotions. Elle n’est jamais d’un abord facile. Les interprètes en ont dessiné les contours avec intelligence. Laure Paris, avec sa belle sonorité, la souplesse de son expression et sa conduite élégante de la phrase ; Nicolas Garrigues, avec une recherche constante du phrasé et Alain Pietka avec un toucher nuancé l’ont abordée avec une étonnante maturité, tout comme les huit pièces pour clarinette, alto et piano opus 83 de Max Bruch. Ces compositions nous ont plongés aussi en plein romantisme et l’on sait gré à ce jeune trio de ne pas forcer le trait dans ces épanchements d’émotion. En véritable chambriste, Laure Paris a mis toute son attention à écouter ses partenaires pour satisfaire aux exigences de la partition. Peut-être manque-t-il ici encore un peu de détachement nécessaire du texte pour que ces trois jeunes musiciens se libèrent complètement des contraintes instrumentales et réussissent à atteindre cette forme de liberté que requiert cette musique. Les futures heures de travail partagées leur permettront de donner toute la mesure d’un tel programme qui a, déjà, ravi la salle, enthousiaste. PHILIPPE DEPETRIS