Hamon : « La force d’un projet »
Le candidat à la présidentielle, accompagné de Najat Vallaud-Belkacem, a fait salle comble à Acropolis hier. Dans son viseur et celui de la ministre, le FN. Ses thèmes : travail, école, valeurs...
Ouf. Ça commence. Les jeunes socialistes, venus en nombre, commençaient à fatiguer du drapeau. Quant à Sébastien Denaja, député de l’Hérault et porte-parole du candidat Hamon, il commençait, lui, à mouliner sec, pour faire patienter la salle Apollon de l’Acropolis... Et ce, malgré une certaine verve. Il faut dire que le candidat socialiste à la présidentielle avait, hier soir, lors de son meeting à Nice, un « chouïa » de retard.
« Petit commerce de la haine »
Alors, après douze « Est-ce que vous avez, ce soir, à Nice, envie de faire battre le coeur de la France avec Hamon », après un clip, plutôt bien ficelé monté à la «Petit Journal », après douze remerciements aux élus présents «ces courageux de gauche qui se donnent dans une terre de droite et ce n’est pas facile », il... enfin, non pas encore, elle monte sur scène. Najat Vallaud-Belkacem, combative. Éloquente et fougueuse. Le FN, rien que le FN, passe sous les fourches caudines de la ministre. Et Fillon, aussi, un peu. Ce FN, selon elle, qui, « malgré ses travaux de ravalement de façade a laissé ouvert le petit commerce de la haine ». Ce FN, encore, avec Marine Le Pen qui ne va pas à la convocation des juges: « Notre pays est en train de découvrir la délinquance en col bleu marine, après la délinquance en col blanc. » Ce FN, toujours, qui du haut de Montretout, «met au pas les fonctionnaires, stigmatise les plus faibles, veut tuer l’Europe, et fait monter la xénophobie ». Il faut, dit-elle, « dénoncer les mensonges du Front national ». Quant à la droite, « elle a tout cédé à l’extrême droite, tout cédé au Front national et vous en savez quelque chose, ici à Nice », s’enflamme la ministre, sous les applaudissements.
Hommage aux victimes
Et le rempart contre le Front, le seul pour elle, le seul pour les plus de 1200 Azuréens présents hier soir, le seul pour les socialistes Marc Daunis, Marie-Louise Gourdon, Paul Cuturello, Elsa di Méo, Xavier Garcia et Yann Librati, pour les écologistes Fabrice Decoupigny et Juliette Chesnel-Leroux, c’est... Benoit Hamon ! Qui monte – enfin – sur scène. Du retard ? Oui. Mais il s’explique. Avec la ministre, le candidat a tenu à aller sur la Prom’. Et rendre hommage aux victimes du 14 juillet. Paraphrasant Antoine Leiris, qui a perdu sa femme dans les attentats de Paris, Hamon pilonne, dès le début : « Je serai implacable face aux terroristes, au radicalisme, mais je ne vous ferai pas cadeau de ma haine. » Celui qui veut créer un « futur désirable », celui qui dit « ne pas être le candidat de la vérité, mais de l’honnêteté », égratigne, au passage, les deux hommes forts du département. «Estrosi et son alter ego, enfin on me dit qu’ils sont fâchés, font partie d’un monde qui s’éteint. » Motivé comme en terre conquise, le socialiste martèle la nécessité de préserver « nos valeurs, notre République, notre laïcité, sans rentrer dans le commerce de ceux qui remettent en cause une religion, l’islam. ». Et de survoler, aussi, les thèmes de son projet avant le grand raout de Bercy. Le revenu universel, la police de proximité, l’école de la République, les valeurs, l’éthique... Hamon veut donner envie. Même à Nice. «C’est possible. » « Merci aux plus de 1 000 personnes présentes, et à tous ceux qui n’ont pas pu rentrer. » « La seule chance pour la gauche, de l’emporter, c’est d’être elle-même », avait lancé plus tôt Najat VallaudBelkacem.