Nice-Matin (Cannes)

« Je cherche à développer la création sur mesure »

Ex-chef de cuisine, Nadège Chotard, 37 ans, s’est reconverti­e il y a cinq ans dans le textile. Depuis un an et demi, cette créative dirige la Maison de couture, 3 rue du Dr-Monod

- GAËLLE ARAMA garama@nicematin.fr

En cette semaine nationale de l’artisanat, nous avons décidé de mettre à l’honneur les savoirs faire locaux. Confrontés aux mutations de notre société, ces talents manuels, précieux, souvent ancestraux, sont de plus en plus rares. Chaque jour jusqu’à vendredi, un portrait d’artisan sera l’occasion de mieux comprendre ses problémati­ques économique­s, ses aspiration­s profession­nelles et son amour, le plus souvent intact, pour son métier. Son look excentriqu­e donne le ton. Chevelure rousse indiscipli­née, collant à pois truffé de coquelicot­s, bottes de lutin grenat, Nadège Chotard affirme « sa nature décalée » dans la création vestimenta­ire. Sa Maison de couture, discrèteme­nt nichée au 3 rue du Dr Monod, juste derrière la Croisette, est à son image. Fouillis de rouleaux de tissus, boîtes à boutons, table à découper, surfileuse encombrée, cintres de pièces à retoucher... Ici, six mains de fées s’activent dans la bonne humeur. Avec Nadège, il y a aussi Sylvia et Sandy. «Ilyaunanet demi, j’ai pris la suite d’Isabelle Quehen qui, prenant sa retraite, vendait son enseigne de retouche ». Une nouvelle vie pour cette pétulante fille de Metz débarquée à 18 ans, sac au dos sur la Côte d’Azur, pour... travailler en cuisine !

Des fourneaux aux aiguilles

Durant 13 ans, c’est derrière différents fourneaux de restaurant­s antibois que Nadège Chotard « fait de l’argent », comme elle dit. Avec toujours une allure stylée bien à elle. « Je n’aimais pas acheter du prêt-à-porter. Je dessinais mes fringues et ma mère, bonne en couture, me les fabriquait ». Jusqu’au jour où la toque décide de changer de casquette. Elle raccroche ses casseroles et se forme à la machine à coudre de sa mère et dans une école de couture niçoise. Un stage chez Isabelle Quehen, avant de saisir l’opportunit­é d’être à son compte. Depuis la reprise, la couturière diversifie ses services. Outre les retouches et les transforma­tions de vêtements, cette maman de deux enfants a décidé d’approfondi­r le sur mesure, qui était jusqu’alors peu développé.

Robes sur mesure de  à  euros

Robes de mariée, de soirée ou de baptême ou parfois « juste pour se faire plaisir », les femmes sont séduites par le façonnage personnali­sé. Pour une robe, il faut compter entre 500 et 5000 €. « On les conseille sur les choix en fonction de leur morphologi­e, pour les aider à se mettre en valeur ». La petite Maison de couture est aussi la précieuse alliée des grandes marques de luxe de la Croisette. Telles des petites fées, aiguilles et mètre aux doigts, elles foncent dans les boutiques prendre les mesures des clientes à l’essayage. Le Festival de Cannes est évidemment un temps fort. « Nous nous déplaçons dans les hôtels pour monter les robes sur place ». Une période intense qui va bientôt débuter. Dans la vitrine, les grandes robes longues, un brin loufoques, de Nadège Chotard font de l’effet. La plus belle récompense pour elle : « quand ça plaît aux gens, ça fait vraiment plaisir ! »

 ??  ?? Dentelle, soie, satin, des matières travaillée­s par les doigts experts de Nadège Chotard (à gauche), Sylvia et Sandy. (Photos Patrice Lapoirie)
Dentelle, soie, satin, des matières travaillée­s par les doigts experts de Nadège Chotard (à gauche), Sylvia et Sandy. (Photos Patrice Lapoirie)
 ??  ?? Un art ancestral qui se peaufine.
Un art ancestral qui se peaufine.
 ??  ?? Trois piqueuses et une surfileuse équipent l’atelier.
Trois piqueuses et une surfileuse équipent l’atelier.

Newspapers in French

Newspapers from France