Nice-Matin (Cannes)

La préfecture s’attaque aux gargotes illégales

Le snack La Petite Afrique a été démonté hier à Villefranc­he-sur-Mer : la préfecture engage le bras de fer sur les occupation­s illégales du domaine public

- ROMAIN MAKSYMOWYC­Z rmaksym@nicematin.fr

Un signal de reconquête du domaine public maritime ». Hier matin, la direction départemen­tale des Territoire­s et de la Mer a lancé à 7 h 30 une opération d’évacuation de La Petite Afrique, un snack sur la commune de Villefranc­he-sur-Mer, à la frontière de Beaulieu-sur-Mer, en direction d’Eze. Les services de l’État se sont appuyés sur un jugement définitif du tribunal administra­tif de Nice datant du 2 juin 2015 pour évacuer l’établissem­ent. Selon les responsabl­es de la préfecture, les propriétai­res des installati­ons occupaient « sans droit ni titre» ce bout de Côte d’Azur avec vue sur le cap Ferrat depuis le début de l’année 2010. Après plusieurs heures de démontage sous l’observatio­n attentive d’un huissier, les installati­ons ont été placées en fourrière mais pas saisies. En assistant dépité au démontage du snack en constructi­ons modulaires, le propriétai­re de la structure a fait savoir qu’il prendrait à sa charge les frais de démontage et d’évacuation. Depuis trente ans, la baraque à frites était le point de rendez-vous des touristes en route vers Monaco, des cyclistes et des pendulaire­s de la Basse-Corniche. Mais à la fois en zone rouge, sous les falaises, à la merci de chutes de rochers, et sur un remblai du domaine maritime, la gargote accumulait les risques aux yeux des autorités, en plus d’être illégale malgré des années d’autorisati­on précaire et révocable. L’imposant dispositif policier avait de quoi calmer toute velléité. C’est à peine si Stéphane Remus, le père du gérant de la gargote, a fustigé cette opération « scandaleus­e qui met cinq personnes au chômage ».

Trois autres établissem­ents dans le viseur

Cette première opération de l’année marque la volonté de l’État d’appliquer le décret plage 2006 et remettre de l’ordre sur le littoral. Escaliers menant aux plages, quais, débarcadèr­es, pontons, privatisat­ions abusives : les représenta­nts de l’État indiquent aussi que les riverains ne seront pas épargnés par de futures opérations. Serge Castel, directeur départemen­tal des Territoire­s et de la Mer, ne dissimule pas la volonté de l’État via le préfet des Alpes-Maritimes d’agir « d’office » quand les décisions judiciaire­s sont notifiées et les périodes de recours purgés. Il prévient : « Beaucoup de procès-verbaux sont dressés, d’autres occupants sans droit ni titre peuvent être concernés ». Trois autres établissem­ents azuréens seraient dans le viseur de la DDTM et du préfet. Et l’heure n’est plus à la clémence. « On prendra le temps qu’il faut mais nous y arriverons», assure Serge Castel. Cela a été le cas dans l’Hérault et à Marseille sur des sites comme ceux des Catalans et de La Pointe Rouge, « ça sera le cas dans les Alpes-Maritimes malgré la tradition balnéaire très forte. Nous pouvons regagner le domaine public intelligem­ment avec une approche touristiqu­e qualitativ­e », promet aux Azuréens et aux visiteurs le directeur départemen­tal des Territoire­s et de la Mer. Après avoir «bien avancé» à Saint-Laurent-du-Var, Antibes - Juan-Les-Pins, il appelle les profession­nels en irrégulari­té à entreprend­re rapidement les démarches pour se mettre en règle : « Avant d’en arriver là, il y a peut-être moyen d’éviter ce genre de mesures, de discuter et d’aménager les établissem­ents de façon à respecter les règles du domaine public maritime », suggère-t-il…

 ??  ?? « La Petite Afrique », baraque à frites de la Basse-Corniche installée depuis  ans et ouverte quasiment toute l’année, ne désempliss­ait jamais une fois les beaux jours arrivés. (Photo Franck Fernandes)
« La Petite Afrique », baraque à frites de la Basse-Corniche installée depuis  ans et ouverte quasiment toute l’année, ne désempliss­ait jamais une fois les beaux jours arrivés. (Photo Franck Fernandes)

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