Sécurité du -Juillet à Nice : ce que révèle l’enquête
Un juge d’instruction reprend l’enquête classée sans suite par le parquet. La procédure, révélée hier, éclaire sur les coulisses du dispositif. L’attaque au camion-bélier n’avait pas été anticipée
L’attaque au camion-bélier sur la promenade des Anglais, à défaut d’être évitée, aurait-elle pu être endiguée ? Huit mois après l’attentat de Nice, la question hante les familles de victimes, notamment des 86 tués. Cette terrible question, la justice se la pose encore. En marge de l’enquête antiterroriste instruite à Paris, elle cherche à établir si de possibles failles dans le dispositif sécuritaire sont passibles de poursuites pénales. Voilà deux mois jour pour jour, le procureur de la République de Nice classait sans suite l’enquête préliminaire ouverte à la suite de 23 plaintes de victimes. Jean-Michel Prêtre avait confié ce délicat exercice à la Direction centrale de la police judiciaire et à l’Inspection générale de la police nationale. Conclusion : aucune poursuite ne peut être engagée contre l’Etat, garant de la sécurité, ni la Ville, organisatrice de la Prom’ party. Aujourd’hui, c’est au tour d’un juge d’instruction de se saisir de ce douloureux dossier, à la suite d’une plainte avec constitution de partie civile. Mickaël Coviaux l’avait annoncé : avec son avocat, Me Yassine Bouzrou, il ira « jusqu’au bout ». Par devoir de mémoire envers son petit Yanis, quatre ans et demi.
« Nous voulons y voir plus clair »
« C’est la moindre des choses que je puisse faire pour mon enfant, confie hier ce père endeuillé. Je sais que cela prendra des années. Mais nous voulons y voir plus clair. On ne veut s’acharner sur personne - la seule à qui on peut en vouloir est morte... Mais c’est insupportable que tout le monde se renvoie la balle alors que des erreurs monumentales ont été commises ! Quelque chose ne tourne pas rond. » A l’instar de Libération, Nice-Matin a eu accès au rapport d’enquête préliminaire. Et sa lecture livre un éclairage infiniment plus factuel et nuancé que les polémiques qui ont opposé l’Etat et la mairie peu après la tuerie. Ces 350 pages permettent de mieux comprendre les efforts déployés pour sécuriser la soirée du feu d’artifice. Comprendre les difficultés rencontrées. Comprendre l’impossibilité d’empêcher un tueur sans scrupule de semer la mort au volant d’un 19-tonnes.