Nice-Matin (Cannes)

« Donner un revenu décent » C’est dit ! Ce qu’ils en pensent

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Avec le « RUE », ne craignez-vous pas d’inciter les entreprise­s à baisser les salaires et à créer des emplois encore plus précaires ?

La première étape du Revenu universel d’existence (RUE), qui couvre le RSA et la prime d’activité, va concerner  millions de Français : ceux qui n’ont rien, l’ensemble des - ans quel que soit leur statut, et tous ceux qui travaillen­t jusqu’à la retraite. Mais tout le monde n’aura pas

Le passage à  heures que vous proposez donnera plus de temps de loisir, mais il risque d’impacter le pouvoir d’achat…

 euros net en plus de son salaire. Le système sera dégressif en fonction de votre niveau de salaire jusqu’à , Smic, soit   euros brut. Vous allez avoir pour les bas salaires une hausse du revenu net mensuel liée au Revenu universel. L’objectif est de donner un revenu décent. Et ensuite, mon objectif à terme est de permettre à des gens qui travaillen­t à plein-temps dans des métiers difficiles, par exemple, de pouvoir Il y a un grand malentendu là-dessus. On a sorti une phrase de ce que je disais pour affirmer que je voulais passer des  aux  heures. Je ne propose pas de modifier la durée légale du temps de travail. Je propose de mettre en place des mécanismes d’incitation pour les branches profession­nelles et les entreprise­s. En leur disant qu’en échange d’une baisse des cotisation­s sociales et patronales, on leur permettra d’ouvrir des négociatio­ns sur l’organisati­on du travail et une réduction de celui-ci, donc des créations d’emplois. En clair, si vous nous proposez de réduire le temps de travail et de créer des emplois, nous vous baisserons les cotisation­s sociales et patronales de manière très forte, on peut imaginer jusqu’à  %. Ce sera une vraie incitation à un changement de l’organisati­on du travail, mais par la négociatio­n. Il n’y aura pas d’obligation. À ce stade, il me paraît difficile de passer la durée légale de  h à  h.

Abrogerez-vous la loi El Khomri ?

Un, je l’abrogerai. Deux, je proposerai une nouvelle loi Travail, qui reprendra les points positifs de la loi actuelle, comme le compte personnel d’activité et le droit à la déconnexio­n, qui vont dans le bon sens. J’y enlèverai en revanche les dispositio­ns sur les heures sup’ ou les licencieme­nts. Dans le nouveau texte, j’introduira­i une reconnaiss­ance du burn out, que l’on retrouve aujourd’hui à des niveaux très importants dans les entreprise­s. Un salarié est d’autant plus productif qu’il se sent bien dans son boulot. Quand on est sans arrêt sous pression, en revanche, on finit à un moment par tomber. «Cette rencontre, cet échange, c’est quelque chose de très utile. À refaire, plus longuement car le temps est passé très vite et que tous les sujets n’ont pas pu être abordés. On a vraiment pu s’exprimer et dans ses réponses, je l’ai trouvé égal à lui-même, à l’image qu’il renvoie dans les médias.» prendre un temps partiel, sans perte de pouvoir d’achat. Ce temps libéré, il faudra toujours une force de travail pour l’effectuer… Or, s’il y a moins de gens à vouloir occuper ce travail à plein-temps, la simple règle de l’offre et de la demande me laisse penser que c’est plutôt une augmentati­on des salaires à laquelle on devrait assister. Mais bien sûr, on est dans la pure théorie économique puisque cela n’a jamais été expériment­é nulle part… ■ « Je crois à la force de mon projet, d’abord parce qu’il invite les Français à voter pour et pas contre. »

■ « On doit avoir une politique de santé qui s’attache à maintenir les gens en bonne santé plutôt qu’à se préoccuper seulement de la manière dont on les soigne et dont on les guérit. »

■ « On ne peut pas faire l’impasse sur ce que sera l’impact de la révolution numérique sur le travail lui-même. »

■ « Dire “il faut avoir peur de Mme Le Pen” ne suffit plus, déjà parce que beaucoup de personnes n’en ont plus peur. »

■ « Je juge que la démocratie française est immature lorsqu’elle confie tous les pouvoirs à une seule personne et que les citoyens acceptent de devenir invisibles pendant cinq ans, sans qu’on leur donne la possibilit­é de reprendre la main. »

■ « J’essaie d’être constant dans l’honnêteté vis-à-vis des Français. » « J’ai trouvé son propos très rassurant, notamment sur la prise en compte du burn-out (Sylvie en a fait un l’année dernière, Ndlr). Nous avons pu évoquer plusieurs sujets et c’est ce qu’on attendait comme réponses. Il a un discours simple et clair, son argumentai­re m’a convaincu. »

Comment expliquez-vous que l’hôpital soit devenu une entreprise rentable comme les autres, où l’on incite à faire des examens qui ne servent à rien ?

Il faut parvenir à un fonctionne­ment mixte. Certains actes peuvent être tarifés à l’activité, mais pour d’autres ce n’est pas possible. Je suis donc favorable à un financemen­t mixte, qui tienne compte des spécificit­és des missions de l’hôpital, comme c’est le cas par exemple pour les soins palliatifs, pour le sortir de la logique de rentabilit­é. Aujourd’hui par exemple, dans certains établissem­ents d’accueil de personnes âgées dépendante­s, on demande au personnel d’effectuer la toilette intime des résidents en dix minutes au lieu des vingt-cinq minutes nécessaire­s. On est à la limite de la maltraitan­ce. Les critères de rentabilit­é ne peuvent pas être ceux qui déterminen­t les « C’était trop court. J’ai trouvé qu’il a plutôt bien répondu à toutes les questions qui lui ont été posées, sans langue de bois, comme on aurait pu le penser chez les hommes politiques. En plus, j’ai eu les réponses aux questions que je me posais, concernant les étudiants notamment.» conditions de prise en charge des patients ou des personnes âgées. Je fais donc deux propositio­ns: sortir du tout TA (tarificati­on à l’activité, Ndlr). Et ensuite, qu’on ait un plan de recrutemen­t de personnels médicaux et administra­tifs. J’ai proposé, cela coûtera un milliard d’euros, qu’il y ait une allocation bien vivre en EHPAD qui y réduise le reste à charge. Celui qui est aujourd’hui confronté à un parent pris en charge en EHPAD a en effet intérêt à avoir un bon salaire ou de solides économies. Dire à quelqu’un, qui a bossé toute sa vie pour transmettr­e un peu d’épargne à ses enfants, qu’il doit la liquider pour cela n’est pas normal. Je veux donc aussi consacrer un milliard, prélevé sur le surcoût de deux milliards d’euros des personnes soignées à l’hôpital qui n’ont rien à y faire, à des recrutemen­ts d’effectifs dans les maisons de retraite. «Cette rencontre est globalemen­t très positive. J’ai trouvé l’homme très confiant, contrairem­ent à tout ce que l’on peut entendre à son sujet. Il est très optimiste. Il a de plus une bonne maîtrise des sujets, il est là pour défendre son projet plutôt que d’attaquer celui des autres. »

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