La Provence au coeur de la musique et de la gastronomie Olivia Ruiz, en danseuse… Sympho-New triomphe au théâtre Croisette
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Ils sont deux chefs connus et reconnus pour leurs talents respectifs. Ils associeront leurs savoirs-faire ce soir à partir de 19 h 30 à l’hôtel MajesticBarrière pour une soirée exceptionnelle qui allie musique et gastronomie, intitulée Duo de chefs et offerte avec le concours de l’association Andantino qui regroupe les mécènes de la formation cannoise. Le premier s’appelle Benjamin Levy et dirige l’orchestre régional de Cannes Provence Alpes Côte d’Azur. Le second est Maryan Gandon et préside aux destinées des cuisines du palace Cannois. Ils nous ont livré leurs impressions.
Qu’avez-vous préparé pour cette soirée ?
Maryan Gandon: «Nous avons décidé de mettre la Provence à l’honneur parce que c’est le pays du soleil, celui peut-être où les émotions et les sensations se livrent plus facilement et qui suscite toujours une belle créativité ». Benjamin Levy: «Côté musique, j’ai choisi d’interpréter avec mes musiciens l’Arlésienne de Georges Bizet dans une version rare qui est en fait la musique d’origine écrite par le compositeur lorsque ce drame de Frédéric Mistral fut porté à la scène. Cette partition célébrissime a ensuite été orchestrée pour une plus grande formation. Et même si l’histoire est triste, la musique est aux couleurs de la Provence. C’est toute l’ambiance des Lettres de mon Moulin qui nous sera restituée par le comédien Bernard Pisani. Ironie du destin. Elle fut révélée par une émission de téléréalité sur TF, alors que c’est une artiste si peu (Star) Académique ! Olivia Ruiz l’a encore prouvé dimanche soir, face aux spectateurs du Grand Auditorium. Dans Volver, le corps a aussi la parole, et c’est tout le répertoire de la chanteuse qui acquiert une autre résonance. Entre fièvre danseuse et douce romance. Au fil des titres choisis par le chorégraphe Jean-Claude Gallotta, (dont Volver, évidemment), la “Femme chocolat” narre l’histoire de Joséphine Blanc (ex-Pepita Carreras), immigrée espagnole qui a fui le franquisme avant de devenir une vedette du music-hall français, puis revenir à ses racines hispaniques. Fiction aux accents de vérité qui permet à la chanteuse de déployer tous ses talents d’interprète avec grâce, énergie, et sensualité, au-delà de sa voix. Un vrai plaisir, que ne gâchent pas quelques partis pris chorégraphiques moins convaincants, ni un écran vidéo sous exploité. Maryan: «La Provence c’est une terre d’engagement, de coeur et de sentiments. Et la cuisine qu’elle inspire tout comme la musique que nous allons entendre doit être généreuse. J’ai donc composé une trentaine de plats en travaillant les produits de saison que nous offre ce pays de la mer aux montagnes. Artichauts, poivrons, calamars, que nous déclinerons avec thon, soupe de poissons, tourtes, bruschettas et risotto pour évoquer la proximité avec l’Italie, sans oublier les « petits farcis », les légumes en ratatouille et pour les desserts les bugnes, le macaron à l’anis, ou les premières fraises qui arrivent tranquillement...».
Qu’est ce qui peut rapprocher un chef d’orchestre d’un chef de cuisine ?
Maryan : « Ce sont deux métiers de création. Je suis un peu un compositeur Comme ils étaient fiers et heureux, les trente jeunes musiciens élèves des conservatoires de Cannes, Antibes et Grasse qui ont participé vendredi à la soirée Sympho-New devant une salle comble et enthousiaste au théâtre Croisette. Sélectionnés pour participer à cette opération pédagogique sans équivalent – qui consiste à les intégrer au sein d’un véritable orchestre pour des répétitions et des concerts en faisant pupitre commun avec les musiciens professionnels de l’Orchestre régional de Cannes Provence Alpes Côte d’Azur – ces jeunes ont certainement vécu les émotions les plus intenses de leur jeune vie d’artiste.
La musique du bonheur
De longs applaudissements ont ponctué la fin de concert. Le public a passé une agréable soirée. Grâce au choix du répertoire consacré à la musique de jazz, et particulièrement aux succès composés par le légendaire tromboniste et chef d’orchestre Glenn Miller. À la tête de tous ces musiciens, le saxophoniste Jean-Christophe Di Costanzo a été l’artisan d’une belle réussite musicale et humaine. Ayant signé tous les arrangements des oeuvres données, avec un souci particulier de l’équilibre entre ce qui est la signature de la musique de Glenn Miller, lorsque je prépare ma carte. Et chef d’orchestre lorsqu’il s’agit de la mettre en oeuvre et de diriger ma brigade pour que ma cuisine arrive dans l’assiette des amateurs. J’ajoute que j’aime beaucoup la musique, le jazz et que ce sera un grand plaisir de l’entendre dans cette ambiance très “palace” que nous souhaitons mettre en place. Benjamin : « Outre le fait que nous travaillons tous c’est-à-dire cette somptueuse section de saxophones et de cuivres soutenus par une efficace section rythmique (Arnaud Bitalis à la contrebasse et Christophe Briand à la batterie), et la présence d’un orchestre classique dont les différents pupitres de cordes, vents et percussions se sont insérés harmonieusement dans cette recréation. Di Costanzo les a dirigés avec dynamisme et inspiration en se faisant aussi le soliste de certains titres avec son frère Manu Di Costanzo et le remarquable jeune tromboniste Cyril Galamini. De Saint-Louis blues à In the mood en passant par American les deux sur des “pianos” (clin d’oeil !), nous sommes tous les deux soumis à la gestion du temps. Il y a la préparation et l’exécution. L’alliance des ingrédients forme une saveur nouvelle qui doit rechercher la réussite. Dans l’Arlésienne qui exalte tout le talent théâtral et évocateur de Bizet l’orchestration mêle le saxophone aux cordes, le piano au tambourin provençal. C’est ce qui en fait la richesse et la couleur ».
Une dernière confidence ?
Maryan : « Pour exercer nos métiers, il faut que nous soyons des passionnés. Et nous le sommes ! » Benjamin: «Ce sera une soirée en deux mouvements : concert puis dîner. Et je pense que pour nos spectateurs il vaut mieux que je sois à la baguette et pas à la cuisine ! » patrol, Chatanooga Choo Choo ou Over the rainbow, ce fut un plaisir toujours renouvelé que d’entendre tous ces tubes. Le clou de la soirée fut l’exécution par Jean-Christophe Di Costanzo de l’une de ses compositions Trois heures à NewYork qui a déchaîné la salle et qui a été bissée. Une partition alliant swing, dynamisme et technicité, mais aussi émotion qu’il a interprétée de main de maître au saxophone soprano en sensible virtuose qu’il est, et qui résuma en quelques minutes tout le bonheur éprouvé par les musiciens et le public.