Nice-Matin (Cannes)

« Les petits secrets » d’un agresseur sexuel niçois

- C. C. CH. P.

Désormais, ils ne font qu’un. « Profession­nels du littoral et volontaire­s du haut pays», tous oeuvrent au sein du groupement territoria­l NiceMontag­ne. Dorénavant, ces 2028 sapeurs-pompiers sont placés sous le commandeme­nt d’un homme : le lieutenant-colonel Olivier Riquier. Ce Niçois de 47 ans, émérite chef d’orchestre des secours dans la tourmente du 14-Juillet - un tour de force qui lui a valu la Légion d’Honneur -, prend les rênes d’un groupement digne de bien des SDIS (services départemen­taux d’incendie et de secours). Issu de la fusion des GT Sud, Est et Nord, ce groupement territoria­l couvre l’arrondisse­ment de Nice, soit 520 000 habitants et 3 067 km2. Le groupement Ouest est, pour sa part, confié au lieutenant­colonel Frédéric Gosse.

«Soldats et citoyens»

But de la manoeuvre : « Réaliser l’unité de tous ces hommes issus de territoire­s très différents. Et harmoniser les procédures opérationn­elles pour être le plus efficace possible », résume Olivier Riquier. Sa cérémonie de prise de commandeme­nt aura été à la hauteur de l’enjeu. Pour l’occasion, pas moins de 500 sapeurs-pompiers et des dizaines de fourgons ont convergé, samedi matin, vers le grand pré de Levens. «Vous constituez une phalange métallique remarquabl­e, signe de notre unité. Je suis très fier de vous et de ce que nous avons accompli le 14-Juillet», lance à ses troupes le patron du GT NiceMontag­ne. Olivier Riquier salue tour à tour le commandant David Clarès, son fidèle adjoint sur le départ, les personnels techniques spécialisé­s, les ex-sapeurs-pompiers, mais aussi la mémoire des anciens « morts au feu », à l’image de David Anguille. Et de citer le règlement intérieur de 1933 : « Les sapeurspom­piers doivent avoir à la fois toutes les valeurs du soldat et celles des citoyens. » Le lieutenant-colonel Riquier a été investi dans ses nouvelles fonctions par le colonel Alain Jardinet, directeur du SDIS 06, et par son président Eric Ciotti. Pour ce dernier, « cette prise d’armes est le véritable acte fondateur du groupement Nice-Montagne. C’est à la fois un symbole de renouveau et de la nécessaire adaptation de l’organisati­on opérationn­elle aux réalités du terrain.» Une refonte bien loin des polémiques passées entre le SDIS 06 et le représenta­nt de l’État. FrançoisXa­vier Lauch, directeur de cabinet du préfet, a salué toute l’expérience des sapeurs-pompiers azuréens. Thomas avait 13 ans quand il a subi l’agression sexuelle d’un adulte. Lors d’un procès à Nice qu’il a souhaité public, il se remémore cette nuit d’août 2008 avec d’infinis détails. « Il a gâché sept ans de ma vie », résume ce jeune homme de 22 ans, lundi, devant le tribunal correction­nel. L’adolescent vivait avec sa mère et son beau-père sur un bateau amarré au port de Nice. Alain M, 63 ans, instructeu­r de navigation réputé, s’est lié d’amitié avec le couple. Jusqu’au jour où le sympathiqu­e sexagénair­e héberge Thomas à son domicile. La soirée se révèle être un piège pour l’adolescent encore candide. « Alain est sorti nu de la douche, raconte la victime. Quand ce fut mon tour, il me regardait avec insistance. Lors du repas, il me posait des questions à caractère sexuel. Ça commençait à me paraître bizarre… » Sur le lit, devant la télévision, l’adulte se livre ensuite à des caresses.

Précédente condamnati­on

Cheveux blancs, teint rubicond, le prévenu subit le feu roulant des questions de la présidente Laurie Duca. Il nie tout bafouillan­t : « Thomas ne ment pas mais il brode. » Rongé par l’agression, Thomas traînait son mal-être comme un boulet jusqu’à ce que la dépression le pousse à déposer plainte. Devant les dénégation­s du prévenu, la présidente lit in extenso une conversati­on téléphoniq­ue enregistré­e par la victime. « Je ne dis pas que tu m’as violé mais tu t’es masturbé », lui reproche le jeune homme. « Après la douche, on a été réglo », répond l’adulte, qui laisse supposer un consenteme­nt. « C’est notre petit secret », aurait confié Alain M le lendemain matin de l’agression, ce qu’il conteste lors des débats. « En 2013, c’est déjà ce qu’il avait dit à une autre victime », note Me Anaïs Delanchy, avocat de la partie civile. Parce qu’Alain M. a déjà eu maille à partir avec la justice, condamné pour agression sexuelle sur mineur à 8 mois de prison avec sursis et deux ans de mise à l’épreuve. Fort de l’enregistre­ment téléphoniq­ue, Le procureur Brigitte Funel n’a aucun doute sur la véracité des faits. « Thomas n’a jamais varié d’un iota dans ses déclaratio­ns. Alain M. a trahi la confiance des parents de Thomas », souligne le magistrat qui requiert 18 mois dont un an ferme. Me Delphine Geay, avocat de la défense, évoque « un problème d’interpréta­tion des faits »:« Alain sait qu’il n’a pas eu un comporteme­nt adéquat mais il pense que ses gestes ont été mal interprété­s. » Le tribunal correction­nel a condamné hier aprèsmidi l’instructeu­r à un an de prison dont six mois avec sursis et trois ans de mise à l’épreuve. Une peine aménageabl­e qui comporte l’obligation de se soigner et d’indemniser sa victime.

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(DR) Le nouveau patron du groupement territoria­l Nice-Montagne (au centre) passe ses troupes en revue, aux côtés du colonel Jardinet, directeur du SDIS . (Photo Bernard Orjas) L’impression­nante vue de la cérémonie captée par un drone.
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