L’A d’Emirates débarque à Nice
À compter du 1er juillet prochain, Fly Emirates assurera sa liaison quotidienne Nice-Dubaï avec un A380. Longtemps attendu sur la Côte d’Azur, ce très gros porteur ne desservait que Paris
Cette fois, il débarque pour de bon. Après Paris, c’est à Nice que l’A380 fait son entrée en France. Près de dix ans après son lancement et ses premiers essais sur le tarmac azuréen, le plus gros avion de ligne au monde va desservir l’aéroport Nice Côte d’Azur. À compter du 1er juillet, l’A380 assurera la liaison quotidienne NiceDubaï de Fly Emirates, jusqu’alors opérée par un Boeing 777. Un signal fort envoyé hier matin à Nice par Thierry De Bailleul, directeur général de la compagnie. Et « un événement important» pour l’aéroport niçois, selon le président de son directoire, Dominique Thillaud.
Offre de haut vol
Mensurations : 79,8 m d’envergure, 72,7 m de longueur, 24,1 m de hauteur. L’A380 ne passe pas inaperçu. Disposé sur deux ponts, cet «avion extraordinaire », dixit Thierry De Bailleul, abrite 519 sièges dans sa configuration Emirates, répartis entre classe éco (429), classe affaires (79) et première classe (14). Soit 3 633 sièges par semaine. À la faveur de ce très gros porteur, la capacité de la ligne Nice-Dubaï va bondir de 44 %. Et le niveau de prestation avec (lire ci-dessous). Le vol Dubai-Nice décollera à 8 h 20 heure locale, pour atterrir à 12 h 35. Il repartira de Nice à 14 h 30 pour atterrir à Dubaï à 23 h 45. Une fois dans le méga-hub des Emirats arabes unis, le voyageur peut prolonger son voyage vers 154 destinations aussi affriolantes que Sydney, Shanghaï, Bangkok, Tokyo, Hong Kong, Séoul, Johannesbourg ou l’île Maurice. Compter 5 h 45 de vol pour le trajet Nice-Dubaï.
Prouesse technique
Quelques petits tours de piste… et puis s’en va. Il faut remonter à 2008 et 2009 pour les premiers tests XXL de l’A380 à Nice. Son dernier passage date de 2011, pour l’inauguration de la passerelle très gros porteur. Fly Emirates est donc la première compagnie à amener l’A380 à Nice, où elle est présente depuis vingt-trois ans. Et l’affaire n’avait rien d’évident. «Quel que soit l’aéroport, poser un aussi gros avion est un challenge technique, insiste Thierry De Bailleul. Notre priorité, c’est la sécurité et la sûreté. C’est atypique avec l’A380, techniquement au-dessus de la moyenne. » Pourquoi ce gros oiseau s’est-il tant fait désirer ? La réponse de Dominique Thillaud est simple: «On attendait qu’un client prenne le risque de faire arriver l’A380 à Nice. » Risque industriel, s’entend. Côté technique, le terrain a été balisé. Bretelles élargies, virages réaménagés… « Les équipes de l’aéroport ont fourni un travail considérable depuis deux ans », précise Dominique Thillaud. L’A380 prendra ses quartiers niçois au poste 54, entre la coupole du Terminal 2 et le fleuve Var. Avec un taux moyen de remplissage supérieur à 80 %, le B777 et ses 360 places ne suffisait plus à satisfaire la demande sur Nice-Dubaï. Pour Thierry De Bailleul, l’A380 représente « une opportunité pour les Niçois qui veulent partir en voyage loisirs et les hommes d’affaires de la région, mais aussi un argument supplémentaire pour favoriser le tourisme à l’import, dans cette région si attractive. » David Lisnard, président du Comité régional du tourisme, applaudit ce renforcement des liens avec Dubaï, « formidable potentiel de développement pour la destination Côte d’Azur France. » L’annonce d’Emirates n’est pas une surprise. En juillet dernier, son p.d. g. Tim Clark avait annoncé que Nice serait la prochaine destination du joyau d’Airbus. Emirates représente à elle seule plus de 40 % du carnet de commande de l’A380, dont elle détient 93 exemplaires. « Sans nous, ce programme ne serait pas rentable ! Et il permet de sécuriser 14 500 emplois en France », insiste Thierry De Bailleul.
Bataille des airs
L’atterrissage de l’A380 coïncidera avec le retour de Qatar Airways à Nice. Emirates a-t-elle dégainé son arme secrète pour contrer l’autre grande compagnie du Golfe ? «On ne se définit pas par rapport à nos concurrents. Au contraire, la concurrence est saine», jure Thierry De Bailleul. Sûre de sa force et de sa qualité de service, Emirates admet avoir révisé ses tarifs à la hausse, « pour revenir à un prix plus raisonnable. Ils étaient descendus très bas, dans un domaine aérien où les marges sont de 2 %». Au final, l’A380 permet à Emirates de poursuivre son envol à Nice sans avoir à réclamer le feu vert de la direction générale de l’aviation civile (DGAC). A ce jour, la compagnie est limitée à 32 vols entre la France et les Emirats, dont 7 à Nice. Thierry De Bailleul résume: «Comme on ne peut pas effectuer deux vols par jour, on met un A380 ».